LÉO FERRÉÉtudes et propos par Jacques Layani2023-07-19T12:20:44+02:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://leoferre.hautetfort.com/Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlFermeturetag:leoferre.hautetfort.com,2009-01-16:19996242009-03-12T20:04:04+01:002009-03-12T20:04:04+01:00 Le 10 novembre 2006, j’ai créé ce lieu pour tenter de parler sérieusement...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le 10 novembre 2006, j’ai créé ce lieu pour tenter de parler sérieusement de Léo Ferré sur la Toile. Quelques « invités du taulier », que je remercie encore, m’ont aidé à le faire vivre, mais je n’ai pu obtenir de textes de différentes personnes, sollicitées à plusieurs reprises afin de renouveler les plumes et les points de vue. Aujourd’hui, cela prend fin. Je ne peux continuer seul la tenue d’un blog à la fois spécialisé et encyclopédique qui, certaines conversations l</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">’</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">ont montré, ne satisfait réellement personne.</span> <span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">J’aurai au moins essayé.</span> <span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il se trouve que, paradoxalement, mon activité sur la Toile attire encore moins de lecteurs que mes publications en librairie, lesquelles n</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">’</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">en retiennent pourtant pas beaucoup. La moyenne des visites journalières n</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">’a</span> <span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">jamais atteint la centaine. Il est donc indiqué de fermer la porte : ce petit cabaret aura vécu le temps d’imaginer qu’il pouvait vivre et de me forcer à y croire. Il y aura certainement de nouvelles aventures sur internet, elles seront vécues par d’autres.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Je me suis efforcé d’écrire les articles dans une langue accessible, simple, et cependant rédigée le moins mal possible. Cela n’a</span></span> <span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">certes pas été toujours réussi. Je suis venu lire les commentaires et y répondre, chaque jour, au moins cinquante fois, certainement davantage, parfois. J’ai en effet toujours imaginé que c’était mon rôle, afin que ce soit un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">lieu</i> et non un simple blog. C’est pourquoi j’ai créé cette imagerie devenue, je pense, familière aux lecteurs, de « taulier », d’« invités du taulier », de « prix des consommations », de « cabaret ». Afin qu’un petit univers se dessine, non pour le folklore mais pour aboutir à un contexte un brin original qui, naturellement, n’efface pas le propos initial. J’espère n’avoir pas été trop indigne.</span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Je laisse en ligne, je n’ose pas écrire un corpus, ce serait prétentieux – disons une petite « bibliothèque » de deux-cents notes, parfois suivies de discussions</span><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">. Bien entendu, l’arrêt du blog suppose pour la première fois – mais autrement, cela n’aurait aucun sens car tout continuerait – la fermeture des commentaires, ce qui est fait désormais.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Amicalement.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlUn point non éclaircitag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-11:20917982009-03-11T20:39:24+01:002009-03-11T20:37:00+01:00 En dépit des nombreux ouvrages publiés qui nous disent Ferré et son œuvre,...
<p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoBlockText"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;">En dépit des nombreux ouvrages publiés qui nous disent Ferré et son œuvre, il demeure encore un point obscur à l’endroit où la biographie rejoint l’œuvre, plus exactement : où les circonstances rejoignent le littéraire.</span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Ainsi, on ne sait pas comment il a été amené à rédiger sa préface aux <i>Poèmes saturniens</i> de Verlaine pour Le Livre de Poche [1]. Était-ce une commande ? Vraisemblablement, mais en quelle occasion la Librairie générale française (Hachette) lui confia-t-elle ce travail ? Ses enregistrements de Verlaine et Rimbaud seront réalisés trois ans plus tard. Les quelques traces de mise en musique de Verlaine, antérieures à cette date, ne devaient pas avoir eu un immense écho. Alors ? Parce que 1961 fut sa grande année ? Ou autre chose ?</span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">L’époque était à la critique « au sentiment », fortement empreinte de sensibilité subjective. De nombreuses introductions, dans le catalogue du Livre de Poche d’alors, doivent pouvoir en témoigner. Cette critique moins érudite qu’émotionnelle, qui autorise à conclure sur une phrase comme « … où l’anneau des fiançailles tourne la tête à Saturne », qui permet au préfacier de trahir avec talent, avec style, le poète présenté, en disant justement le préfacier plus que l’auteur lui-même – Léo Ferré ira plus loin encore avec son introduction à Caussimon chez Seghers – cette critique dans l’air du temps d’avant 1968, dans la manière de « la vieille Sorbonne », cette critique, enfin, n’était pas l’apanage de Léo Ferré. Elle est celle, par exemple, de Marie-Jeanne Durry présentant Laforgue ou, pour se cantonner au Livre de Poche et à Verlaine, de Blondin présentant <em>La Bonne chanson</em> suivi de <i>Romances sans paroles</i> et de <em>Sagesse</em>, quand il nous parle de « ces emmurés dans leur colère ou leur jubilation béate [qui] sont peut-être pleins de chansons qui n’ont pas fui ».</span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">_________________________</span></p> <p style="margin: 0cm 3.95pt 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: black; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">[1]. Paul Verlaine, <em>Poèmes saturniens</em> suivi de <em>Fêtes galantes</em>, Le Livre de Poche classique, n° 747, 1961.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlDu public et de l’âgetag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-10:20893032009-03-10T15:08:51+01:002009-03-10T14:58:00+01:00 Depuis ses débuts, Léo Ferré a pu compter – dans la mesure où l’on a pu...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Depuis ses débuts, Léo Ferré a pu compter – dans la mesure où l’on a pu s’intéresser sérieusement à cet aspect des choses – sur le public lettré, les « intellectuels » comme on dit, dont un bon nombre de bourgeois, petits ou grands, pas mal de professeurs et des artistes. Cette audience fut la sienne, avec une tranche d’âge s’étendant du lycéen de second cycle à la personne « encore jeune » – comprendre : un peu âgée – en passant par l’étudiant. La carrière de l’artiste s’étendant sur près d’un demi-siècle, il est bien évident que le lycéen de second cycle et l’étudiant du départ eurent tout loisir de devenir des personnes « encore jeunes ».</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">L’afflux de la population estudiantine qu’on n’a pu manquer de remarquer en 1968 et dans les années qui suivirent ne constituait pas une nouveauté, ce public ayant toujours été là. On a beaucoup glosé là-dessus, mais ce fut l’augmentation considérable du nombre d’étudiants dans les salles où se produisait Ferré qui donna l’impression d’un nouveau public, alors que ce public était ancien et ne remplaçait pas le précédent. Il le masquait par le nombre, uniquement. La preuve en est que, dans les tout-derniers spectacles de 1990, 1991 et 1992, hommes et femmes plus vraiment jeunes étaient encore là, en même temps que ceux qui auraient pu être leurs enfants, voire leurs petits-enfants. En 1990, au TLP-Déjazet, j’ai trente-huit ans, il y a autour de moi des sexagénaires qui pourraient être mes parents, il y a près de moi mes filles, alors âgées de neuf et six ans (l’aînée assistait déjà au spectacle d’inauguration, en février 1986). Il y a évidemment de nombreux spectateurs se situant entre vingt et trente ans. On peut déduire de ces considérations que, dans l’ensemble, le public du début était encore là à la fin, renouvelé deux fois au moins, dans l’intervalle, mais toujours présent.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Si l’âge du public connut ainsi une forme de permanence, son origine sociologique varia tout aussi peu : spectateurs cultivés, « intellos », bourgeois. La part de population ouvrière ou d’employés est toujours restée relativement faible, mais il est plus difficile de savoir pourquoi. Le prix des places, modéré par rapport à ceux pratiqués par d’autres chanteurs, ne doit pas, je pense, être en cause : le facteur économique n’explique pas toujours tout. S’agissant des étudiants, je me demande si, réellement, les littéraires au sens très large (littérature <i style="mso-bidi-font-style: normal;">stricto sensu</i>, philosophie, linguistique, histoire, droit, sociologie…) étaient plus nombreux que les scientifiques (mathématiques, physique, chimie, odontologie, pharmacie, médecine…) Je n’en suis pas certain mais ne dispose naturellement d’aucune donnée statistique.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Si j’insiste aujourd’hui sur ce point qui ne me paraît pas secondaire, c’est parce que cette compréhension de facteurs socioculturels peut permettre d’aider à répondre à la question que, régulièrement, je pose, y compris ici-même : <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2006/12/14/ferre-qu%E2%80%99est-ce-que-c%E2%80%99est.html"><em>Ferré, qu’est-ce que c’est ?</em></a>, avant de me risquer à dire : <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2007/01/10/un-ovni-artistique.html"><em>un OVNI artistique</em></a>. Il n’y a pas d’artiste sans audience, ou bien si : c’est alors un auteur qui range sa production dans un tiroir, c’est tout. Comme ses pairs, Léo Ferré a un public. Il a mis longtemps à le constituer mais l’a conservé. Il n’est pas inutile de s’y intéresser.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlDans la nuit de Bobignytag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-06:20820532009-03-06T11:02:40+01:002009-03-06T11:02:40+01:00 Il faut bien, avant de clore, raconter tout de même comment le jeune homme...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il faut bien, avant de clore, raconter tout de même comment le jeune homme dont, de loin en loin, nous avons ici suivi quelques aventures, a fini par rencontrer, oh, fort brièvement, Léo Ferré.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le jeune homme a fini par grandir et même commencer à vieillir, il a deux jeunes enfants. Et voilà qu’à trente-deux ans, un jour de 1984, lui prend l’envie – le désir, l’insolence, la folie, l’illusion, le délire, l’extravagance – d’écrire un livre consacré à Léo Ferré. Lui qui se pique de savoir aligner deux ou trois mots de temps en temps mais n’a jamais rien publié, conçoit, avec toute la candeur du monde, un livre dont il a instantanément le projet en tête, qu’il intitulera tout bonnement <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Léo Ferré, la mémoire et le temps</i> (rien que ça), auquel il envisage d’adjoindre un catalogue raisonné de l’œuvre de l’artiste, en deuxième partie. Après un an de travail, il abandonnera l’idée de ce second volet, effrayé par son aspect tentaculaire, et se cantonnera au texte lui-même, longtemps encore.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il commence à écrire quelques fragments, à fondre des notes. Il y a des choses qu’il trouve tout de suite, d’autres dont la formulation est plus capricieuse à naître. Un jour, butant sur une question de documentation qu’il ne possède pas, il écrit à telle personne qui a déjà commis un ouvrage sur le sujet. Ignorant son adresse, il lui adresse sa demande aux bons soins de la revue <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Rue</i>, à laquelle elle a participé encore récemment. L’adresse de la revue <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Rue</i>, c’est, on, s’en doute, celle de l’un des responsables. Quelque temps après, il reçoit les photocopies demandées. C’est un temps sans internet. La lettre avait réussi à atteindre la personne en question, alors que l’adresse utilisée n’était plus bonne, mais le courrier avait heureusement suivi et été retransmis. Un peu plus tard, il envoie une deuxième lettre dans laquelle il raconte son projet et reçoit en retour un appel téléphonique. L’histoire est amusante : sa lettre manuscrite a suffisamment convaincu la personne destinataire (graphisme qu’elle jugea élégant, aucune faute d’orthographe) pour la décider à téléphoner et là, la voix du jeune homme grandi fut encore suffisamment convaincante pour aboutir à un rendez-vous. Les choses sont parfois curieuses.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">De fil en aiguille, la personne lui dit qu’elle va lui faire rencontrer Léo Ferré qui, justement, doit venir chanter bientôt en région parisienne. Le temps passe et voici que l’artiste est annoncé à Bobigny, où il chantera sous chapiteau le 9 mai 1986. À cette seule idée, le jeune homme grandi est aussi à l’aise qu’un pianiste dont un bourreau menacerait d’écraser les doigts. Las, la faucheuse ayant cru bon d’emporter une connaissance de la personne devant servir d’intermédiaire, celle-ci doit partir pour Lyon justement à ce moment-là ; voilà qu’il est maintenant seul à devoir aller trouver le poète pour lui parler d’un ouvrage qu’il entend signer à son propos, rien que ça. Il est trop tard pour reculer.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le soir venu, ayant laissé son épouse d’alors et ses deux fillettes à la maison, il arrive à Bobigny déjà anxieux, finit par trouver le chapiteau, gare sa Peugeot non loin et assiste au spectacle. C’est le plus facile de l’histoire et pourtant, de l’instant où Ferré entre en scène avec <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ta parole</i> jusqu’à la fin du récital, il n’entend pratiquement rien et, pourquoi ne pas le dire, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">crève littéralement de trouille</i>.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Et voilà, le spectacle est terminé. Et maintenant ? Il prend sur lui, s’approche de ce qui tient lieu de coulisses : un cordon barrant l’accès à l’extérieur du chapiteau. Avec l’assurance d’un parachutiste ayant oublié son parachute, il demande qu’on remette sa carte à Marie Ferré, une carte sur laquelle il a écrit deux lignes où il se recommande de l’intermédiaire absent. On lui demande d’attendre, puis on revient mais comme il y a du monde, on est occupé, on se souvient mal de qui a remis une carte et l’on cherche… une dame. Il doit alors assurer (et convaincre) que la dame, c’est lui, ce qui est difficile mais il y parvient. Il passe donc en « coulisses » et se dirige vers Mme Ferré.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">C’est ainsi que le jeune homme grandi se retrouve pour la première fois, dans la nuit, en plein air, derrière un chapiteau, à parler à Marie qui, il le sait aujourd’hui, est d’un abord facile et plein de compréhension et de gentillesse, mais enfin, il est ce soir-là aussi détendu qu’un pilote de voiture de course dont trois pneus sur quatre ont crevé juste avant un grand virage.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le moment plaisant ne fait que commencer. L’artiste est dans sa loge – laquelle, puisqu’il ne s’agit pas d’un théâtre, est constituée d’une baraque de chantier un peu améliorée – et reçoit son public. Eh bien, il n’y a plus qu’à aller le voir et lui parler, c’est tout. La belle affaire ! Le jeune homme grandi est annoncé, il n’a rien à craindre, la personne intermédiaire a bien pris soin de prévenir Marie et Léo Ferré. Marie lui a dit : « Allez-y ». Tout est si simple.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Alors commence l’enfer. D’abord, l’angoisse n’a cessé de grandir depuis le début de la soirée. Ensuite, l’énervement, souvent, donne envie de faire pipi (eh oui, pourquoi le cacher ?), ce qui ne serait rien s’il y avait des toilettes ; seulement, il n’y en a pas. Enfin, le jeune homme grandi, à ce moment-là, n’a pas encore arrêté de fumer et, bien évidemment, il ne lui restait en tout et pour tout qu’une cigarette immédiatement fumée ; à présent, il n’a plus rien qu’une envie de… et une peur monumentale.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Alors, il attend. Il ne sait pas quoi. Il voudrait partir, se sauver au bout du monde mais ce n’est pas possible, il ne peut plus. Il attend que les admirateurs soient passés, les uns après les autres, il attend que le temps s’arrête, il attend de se dissoudre immédiatement, de rentrer sous terre, d’aller se cacher au fond de son lit pour ne plus voir l’étendue de sa folie et du désastre qu’il est en train de vivre. Il attend.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Soudain, quelqu’un, un régisseur sans doute, paraît à la porte de la loge de fortune. Le jeune homme grandi entend : « Il n’y a plus personne ? » L’homme a déjà la main sur la porte qu’il s’apprête à fermer. Il faut y aller. « Si, moi ». Il fonce, la mort dans l’âme, monte les deux ou trois degrés du marchepied, entre. L’artiste est là. Mon Dieu, ne plus rien dire, mourir sur place. Mais ce n’est pas possible. Il parvient à parler : « Bonsoir. Vous ne me connaissez pas. Je m’appelle Jacques Layani et je viens vous voir de la part de… »</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le jeune homme grandi est bien incapable de dire aujourd’hui quels mots ont suivi. C’est la première fois qu’il reçoit, face à face, le regard de Léo Ferré. Le croira qui voudra, ce regard châtain clair est quasi insoutenable d’intelligence. Il a l’impression d’être fouillé par une tête chercheuse et il n’y a là, même longtemps après, aucune exagération. L’entretien durera deux ou trois minutes – dix siècles – et aucun de ceux qui suivront, durant quelques années, ne durera beaucoup plus. Au total, les rencontres du jeune homme grandi avec l’artiste représenteront moins de deux heures. Certes, elles seront inoubliables.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlÉvocation ou Une histoire avec des sitag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-05:20808392009-03-05T15:54:18+01:002009-03-05T15:54:18+01:00 Je me suis toujours demandé et j’y pense encore, si, nous qui aimons...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Je me suis toujours demandé et j’y pense encore, si, nous qui aimons aujourd’hui l’œuvre de Léo Ferré, nous aurions su reconnaître ce monsieur au piano, si nous avions été ce public de cabaret de la fin des années 40. C’est une question que j’avais déjà posée dans mon premier livre dont j’avais entamé la rédaction en 1984 et qui parut en 1987. Je continue de me la poser. Je ne parle pas du monsieur déjà un peu connu en 1953 lorsque Catherine Sauvage fait triompher <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Paris-Canaille</i>, ni de celui qui obtient un engagement en vedette à l’Olympia en 1955. Non, j’évoque vraiment l’homme seul au piano en 1946 et après, qui chante de la boîte à champagne qu’est le Bœuf sur le toit au sous-sol de l’hôtel Saint-Thomas d’Aquin, rue du Pré-aux-Clercs, puis traverse la rue Jacob pour aller, à vingt mètres de là, s’asseoir au piano des Assassins. Cet homme seul, sans agent artistique, sans maison de disques, sans épouse. Je demande : aurions-nous su le reconnaître si, dans la nuit parisienne, nos pas nous avaient portés vers tel ou tel cabaret, dans les premières années de l’après-guerre, avec, à notre bras, une dame à qui nous aurions peut-être imaginé faire un des enfants de ce qui allait s’appeler le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">baby-boom</i> ? Vraiment, aurions-nous su ? Aurions-nous seulement écouté attentivement ce qu’il chantait ou bien nous serions-nous contentés de complimenter Mme Jordan sur l’excellence de sa cuisine ?</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Honnêtement, je me garderai bien de répondre. Et plus le temps passe, plus je me dis que, si Léo Ferré a mis quinze ans avant de triompher en 1961 qui fut pour lui une de ses années de gloire avec trois récitals parisiens (janvier, mars et novembre) dont le dernier le consacra définitivement, ce n’est pas forcément inexplicable. Son succès n’avait vraiment rien d’évident et je m’abstiens de jeter la pierre au public du moment. Je pense qu’on ne pouvait pas, socio-culturellement et artistiquement, le <i style="mso-bidi-font-style: normal;">recevoir</i> immédiatement. Il me semble bien que ce n’était pas possible.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlInformationtag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-04:20793202009-03-04T17:04:15+01:002009-03-04T17:03:00+01:00 Dans quelque temps, je fermerai ce lieu. La date n’est pas encore fixée,...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Dans quelque temps, je fermerai ce lieu. La date n’est pas encore fixée, mais l’échéance est définie : la deux-centième note s’intitulera <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Fermeture</i>. Elle est d’ailleurs écrite depuis plusieurs semaines. Je dis cela aujourd’hui pour ne pas prendre les lecteurs par surprise car fermer le blog signifie qu’il ne sera plus possible d’écrire des commentaires (sans quoi, évidemment, fermer n’aurait plus de sens). Je pense que cet arrêt est rendu nécessaire par mon essoufflement et l’impossibilité dans laquelle je me trouve d’être davantage épaulé. Il faut être lucide : mes derniers articles ne sont pas très bons, il n’est donc pas indispensable de continuer. Poursuivre une activité quand elle ne satisfait plus grand-monde relève de l’idéologie jusqu’au-boutiste ou du journalisme pur et simple (je dois écrire un billet aujourd’hui, qu’est-ce que je vais pouvoir dire ?), dans lesquels je ne veux pas tomber. Ce carnet aura été tenu durant deux ans et demi environ. Pour le moment, je continue.</span></span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlL’homosexualité sous le regard de Ferrétag:leoferre.hautetfort.com,2009-03-02:20760242009-03-02T19:05:24+01:002009-03-02T19:05:24+01:00 On connaît La Tante , texte publié dans Poète… vos papiers ! Il...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">On connaît <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Tante</i>, texte publié dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poète… vos papiers !</i> Il n’est pas indispensable d’en citer des extraits car on regrette ce poème, si révélateur de ce qui se disait de l’homosexualité dans les années 50. On le regrette parce qu’il ne témoigne pas d’une attitude très originale ni très ouverte. On aurait pu s’attendre à davantage de compréhension de la part d’un homme plutôt peu conformiste. L’air du temps, toujours, et l’éducation, certainement, ainsi qu’une question, sans doute, de génération. En résumé, un mélange socioculturel qui désapprouve et moque férocement l’homosexualité. Il paraîtrait que, dans les premières années 70, au moment où il travaille beaucoup, publie de nombreux disques, fait paraître <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Benoît Misère</i> et réédite <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poète… vos papiers !</i>, Léo Ferré ait eu des velléités de mise en musique de cette pièce. Frot l’en aurait dissuadé et Paul Castanier aurait plaisanté : « Quand est-ce que tu fais une chanson contre les aveugles ? »</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">J’ignore si cette information est rigoureusement exacte. J’observe qu’au contraire, le sentiment de Léo Ferré sur la question a, au même moment, évolué radicalement. Il a pris conscience qu’il existe plusieurs formes de sexualité au monde et cesse de se moquer des homosexuels, n’utilise plus de terme péjoratif et les considère plus sereinement.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">C’est en tout cas ce qui ressort de cet entretien qu’il eut avec Sergio Laguna pour les besoins de son livre, publié en 1974 [1]. Je précise qu’évidemment, les propos de l’artiste furent tenus en français, traduits ensuite en espagnol par Laguna en vue d’une publication dans son pays, et retraduits en langue française par mes soins (en 1987, j’avais lu ce livre et, afin de mieux comprendre son contenu, fait pour mon usage personnel une traduction de premier jet, manuscrite). Naturellement, cela est périlleux et l’on risque de tomber dans tous les pièges de la double traduction mais il n’existe pas, à ma connaissance, d’autre déclaration de Ferré sur ce sujet – en tout cas, entre ces deux dates – et il serait dommage de ne pas prendre en compte ce changement d’attitude.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Laguna propose, dans son ouvrage, une présentation de Ferré pour le public espagnol, quelques traductions très littérales qui ne pourraient pas être chantées sur la musique initiale, et un entretien d’où j’extrais ce qui suit. Les deux hommes parlent des femmes et Laguna écrit : « Ferré a continué un bon moment. Puis, insensiblement, la conversation a glissé vers le thème de l’homosexualité ». Ferré déclare :</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">« C’est un problème intéressant et, de plus, actuel, qui fait rire stupidement les imbéciles. Je pense qu’il y a diverses sortes d’homosexuels, mais je parle des vrais comme, par exemple, les gamins qui se sentent davantage femmes, plutôt qu’hommes. Moi, j’ai pour cela un très grand respect, bien que je ne connaisse pas leurs réactions, puisqu’il s’agit d’un monde qui n’est pas le mien, vous comprenez ? C’est un problème grave que personne ne peut comprendre, sinon eux-mêmes. En tout cas, la répression est absolument injuste. Heureusement, il me semble qu’il y a une espèce de progrès en matière de répression, au moins dans quelques pays ».</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">Laguna ne demande pas à Léo Ferré de poursuivre (il ne le fait pas davantage pour les autres sujets abordés) et l’on n’en saura pas plus. On voit que l’artiste, s’il se cantonne à quelques généralités généreuses – mais en 1974, seuls les intéressés allaient plus loin, comme, dans ces années, lors de la création du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) – a bien modifié son discours. Il est tout de même assez remarquable de constater cette nouvelle position, ce revirement plutôt heureux. Sont-ils le fruit d’une discussion ayant suivi la fameuse mise au point faite par Frot et Castanier ou bien s’agit-il d’une évolution personnelle, due au fait qu’il aurait accepté de réfléchir plutôt que de railler ?</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">________________________________</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-bidi-font-size: 12.0pt;">[1]. Sergio Laguna, <i>Léo Ferré</i>, collection « Los juglares », n° 10, Madrid, éditions Jucar, 1974.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlPendant la Seconde Guerre mondialetag:leoferre.hautetfort.com,2009-02-26:20695652009-02-26T17:09:41+01:002009-02-26T17:07:00+01:00 1939 Fin de l’année scolaire Ferré obtient le...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1939</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Fin de l’année scolaire</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Ferré obtient le diplôme de l’École libre des sciences politiques. Son père le fait entrer chez un avocat, qu’il connaît par personne interposée. Ferré l’assiste et gagne un peu d’argent.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Septembre</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Son sursis terminé, il est mobilisé avec Maurice Angeli à Montpellier. Angeli est versé dans l’infanterie, lui, dans l’artillerie. Il demande à être lui-même affecté dans l’infanterie, pour rester avec son camarade. Pour l’officier, cette demande est remarquable car l’infanterie est une arme très dure, à cause des marches et du sac de dix-huit kilos. Il rentre chez lui le vendredi soir par le train, et revient le dimanche. Il est ensuite transféré à Sète, caserne Vauban.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1940</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">De janvier à mai</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il est nommé à l’école d’officiers de réserve (EOR) de Saint-Maixent-l’École.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mai</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le lundi 20, il en sort aspirant. Un regroupement a lieu ensuite à Saintes, puis un transfert au fort de Sainte-Foy-lès-Lyon.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Juin</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le samedi 8, nommé à la tête d’une section de tirailleurs algériens, il part pour l’exode vers le Sud, à la tête de quarante hommes et de huit chevaux, qu’il doit conduire à Albi. Chargé de contrôler le passage sur la route, il arrête une voiture transportant l’amiral Darlan, à qui il demande ses papiers. L’armistice est prononcé et il doit se replier.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Juillet</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il est démobilisé à Albi et touche une prime de huit cents anciens francs.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Août</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Ce mois-là, il rencontre <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2007/02/21/odette-schunck-epouse-ferre.html">Odette, Hélène, Germaine, Louise Schunck</a>, née à Paris le lundi 1<sup>er</sup> mars 1920, en fuite avec ses parents, Jo et Fernande, à Castres. Le père d’Odette est l’administrateur du théâtre parisien de l’Étoile. De Monaco où il est rentré lors de sa démobilisation, il gagne Castres à bicyclette, pour revoir Odette. À Montpellier, Trenet chante. À la fin du spectacle, il lui présente quelques unes de ses créations. Trenet apprécie les chansons, mais pas son interprétation et le dissuade de chanter lui-même.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Octobre</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le mardi 29, la sœur de Léo Ferré, <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2008/02/13/lucienne-ferre-epouse-bergeron.html">Lucienne</a>, dentiste, épouse Joseph Bergeron, pharmacien. L’abbé Trouguet les marie à 11 h, puis une messe est dite par le révérend-père Laurens. Ils vont s’installer à Varennes-sur-Allier. Ils auront trois enfants : Michel, Jacques et Marie-José. Léo Ferré compose pour le mariage un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ave Maria</i> pour orgue et violoncelle, joué à l’église Saint-Charles de Monaco, chanté par Mme Orsoni. Il est aussi le compositeur de deux autres œuvres religieuses, dont un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Agnus Dei</i> qu’on ne découvrira qu’en 2000 et un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Benedictus</i> qu’on ne découvrira qu’en 2004. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Éclaireur de Nice</i> consacre un article au mariage dans son édition du mercredi 30 et félicite le compositeur. Ferré s’inscrit à Nice en troisième année de droit. Il ne parvient pas à obtenir son troisième certificat. Il n’aura jamais de licence complète.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Dans l’année</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">À l’Hôtel de Russie, près le Casino, Ferré chante, sur sa musique, les textes de la fille du propriétaire, Germaine Neumann (ou Médecin, selon les sources), dite Claude Henry (née en 1902).</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1941</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Février</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le mercredi 26, il se produit en public, en soirée, dans un spectacle de variétés comprenant douze numéros, spectacle présenté par le studio de Monaco au théâtre des Beaux-Arts. Il chante en dixième position, sous le nom de Forlane, des textes de Claude Henry qu’il cosigne parfois, sur des musiques de sa composition. On ne dispose, pour ces chansons, que des bulletins de déclaration à la Sacem. Les titres sont : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Un chant d’amour, Jouez-moi du Bach, Le Vieux cahier, Le Temps des valses, Je fais parfois un rêve fou, Près de toi, Prétexte, Souvenir</i>. Au même programme, un ensemble de jazz dans lequel joue le guitariste Barthélémy (dit Emmy, dit Mimi) Rosso, qui devient son ami. Pendant l’Occupation, secrétaire général du comité de l’hôtellerie, il distribue des bons d’approvisionnement aux hôteliers et restaurateurs de Monaco, travail de bureau trouvé pour lui par son père.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1942</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Toujours durant l’Occupation, il cache parfois des juifs, ce qu’on apprendra par Maurice Angeli, longtemps plus tard, en 2003. Il découvre l’œuvre de Sartre.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1943</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mars</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le samedi 27, il écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Rengaine</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">d’amour</i>.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Octobre</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le samedi 2 à 10 h 30, Léo Ferré épouse Odette Schunck à la mairie d’Issy-les-Moulineaux où elle habite chez ses parents, 15, avenue Jean-Jaurès. <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Petit Niçois</i> consacre un écho à ce mariage. Ils vont vivre à Beausoleil, au lieu-dit Grima, dans une ferme, avec quarante-cinq oliviers et des bêtes : une mule, un mouton et trois vaches. Il a son premier chien, un berger allemand nommé Arkel. Il mène une vie de fermier, vend le lait de ses vaches. Puis Ferré est engagé à Radio Monte-Carlo où il est speaker, aide-régisseur, bruiteur, pianiste… Il annonce quelquefois la météo marine. À Nice, il prend des leçons de composition auprès de <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2006/12/17/%C5%92uvres-de-leonid-sabaniev-1881-1968-par-jacques-miquel.html">Leonid Sabaniev</a> (1881-1968), ancien élève de Scriabine. Il écrit ses premières chansons : sur des paroles de <a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2007/02/19/rene-baer-par-jacques-miquel.html">René Baer</a>, juif réfugié à Monaco (né en 1887), il compose <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Banco du diable, La Mauvaise étoile</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Oubli</i>. Il ne les enregistrera pas. Sur ses propres textes, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Histoire de l’amour, Petite vertu</i>… Il ne les enregistrera pas.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Dans l’année</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Au théâtre, il voit Jean-Roger Caussimon jouer <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Volpone</i>, avec Dullin.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1944</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">C’est entre 1944 et 1947 qu’il faut situer, sans autre précision actuellement possible, les enregistrements sur disques « pyral » de trois chansons, Suzon, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ils broyaient du noir</i> et <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Opéra du ciel</i>, qu’on ne découvrira, chantées, qu’en 1998. Encore connaissait-on le texte de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Opéra du ciel</i>. Les deux autres chansons étaient totalement inconnues.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Toussaint</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il remonte avec Odette vers Paris. En chemin, ils s’arrêtent quelques jours à Lyon, où Ferré compose <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Amants de Lyon</i>, qui deviendront plus tard <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Amants de Paris</i>.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1945</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Avril</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">À compter du dimanche 1<sup>er</sup>, Joseph Ferré est nommé directeur du personnel.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Juillet</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le vendredi 13, Ferré écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Temps des roses rouges</i>.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Août</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le vendredi 3, il écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Relève</i>, qui deviendra <i style="mso-bidi-font-style: normal;">On change à la Bastille<span style="font-style: normal;">.</span> <span style="font-style: normal;">Le</span> <span style="font-style: normal;">jeudi 23, il écrit</span> L’Inconnue de Londres</i>. Le jeudi 30, il écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Vénus</i> <i style="mso-bidi-font-style: normal;">du carrefour.</i></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Septembre</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mardi 4, il écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Carrousel du temps perdu</i>.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">À la fin de l’année</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-indent: 0cm; text-align: justify; mso-list: none; tab-stops: 35.4pt;" class="MsoListBullet"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il chante <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Esprit de famille</i> à Francis Claude (né en 1905) à Monaco. Il l’a connu à la radio. Il rencontre Édith Piaf, venue chanter dans la Principauté et lui fait entendre des chansons. Elle lui conseille de se rendre à Paris. Il rend compte du tour de chant de Piaf dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Éclaireur de Nice</i>.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlReconstitutiontag:leoferre.hautetfort.com,2009-02-24:20654192009-02-24T11:12:01+01:002009-02-24T11:12:01+01:00 1887 Décembre Le samedi 10, a lieu la naissance de...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1887</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Décembre</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le samedi 10, a lieu la naissance de Joseph, Bénézel, Marius Ferré, à Nice. Il est le fils de Charles, Joseph Ferré, lui-même né à Nice en 1853, cocher de fiacre et maréchal-ferrant à Nice, marié à Apollonie, Irma Poucel (ou Poussel, selon les sources), vendéenne, née le vendredi 20 mars 1857 en Provence, à Charleval, coiffeuse.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1889</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Octobre</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Naissance, le jeudi 24, de Marie, Charlotte Scotto, à Monaco. Elle est la fille de Mathieu Scotto et d’Antoinette. Ils ont aussi un fils (qui deviendra Stradi dans le roman <i style="mso-bidi-font-style: normal;"><a href="http://leoferre.hautetfort.com/archive/2007/01/30/benoit-misere-histoire-d%E2%80%99un-livre.html">Benoît Misère</a></i>, publié en 1970).</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1900</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Novembre</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">À un peu moins de treize ans, Joseph Ferré perd son père, mort jeune, le vendredi 23.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1908</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mai</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le vendredi 1<sup>er</sup>, Joseph Ferré entre au casino de Monte-Carlo. Il commence sa carrière comme conducteur des travaux au service de l’architecture, à raison de cent soixante-quinze francs par mois. C’est un homme très pieux, qui préside la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1912</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Janvier</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Joseph Ferré est détaché au secrétariat général des services extérieurs, puis secrétaire au même endroit.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Juin</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Joseph et Marie se marient le samedi 8. Charlotte Ferré est couturière. Elle fabrique des robes à partir de patrons que lui donne une amie, première main chez Patou.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1913</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mai</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le jeudi 1<sup>er</sup>, Joseph Ferré est augmenté : deux cents francs par mois.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Décembre</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Leur fille, Lucienne Ferré, naît.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1914</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mai</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le vendredi 1<sup>er</sup>, Joseph Ferré est augmenté : deux cent cinquante francs par mois.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">1915</span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">A la fin de l’année, Mme Ferré est enceinte.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Chronologie vérifiée d’après de récentes recherches de Patrick Dalmasso.</span></i></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlQuestion d’oreilletag:leoferre.hautetfort.com,2009-02-19:20575852009-02-19T11:49:34+01:002009-02-19T11:44:00+01:00 Il arrive – du moins il arrivait, lorsque les électrophones, même...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il arrive – du moins il arrivait, lorsque les électrophones, même stéréophoniques, n’avaient pas encore été remplacés par les chaînes haute-fidélité – qu’on entende autre chose que ce qui était enregistré dans un disque. Il faut aussi prendre en compte, naturellement, la qualité de la prise de son, du pressage. Et bien sûr, la forme générale de l’interprète le jour de l’enregistrement, sa voix du moment.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Je prendrai comme exemple la chanson <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Quand je fumerai autre chose que des celtiques</i>, entendue en scène longtemps avant l’enregistrement, puisqu’une première version désignait sans équivoque Popaul : « Avec <em>à son piano</em> mon hibou sérénade / Qui n’y voit que la nuit pour mieux m’accompagner », final qui sera modifié, « à son piano » devenant « dans mes paquets » et « Qui n’y voit que la nuit pour mieux m’accompagner » perdant de fait toute son évidence (la cécité et l’accompagnement musical). D’ailleurs, en scène, Léo Ferré montrait Popaul de la main. Le vers de clausule disait : « Alors nous fumerons nos dernières celtiques » ; il est devenu : « Alors nous tirerons nos dernières cartouches », avec un jeu de mots à propos de « cartouches », évidemment.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Mais le sujet de cet article est plus précisément ce qu’on peut entendre la première fois qu’on écoute un disque, et qui restera toujours dans notre esprit. On a beau avoir appris, dans l’intervalle, que c’était autre chose, l’accoutumance auditive et l’empreinte des premières fois demeurent. Il faut alors se défendre d’entendre ce qu’on entendait, c’est souvent impossible.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Ainsi, « Et marchait seul devant le poing dans l’utopique » est un vers que j’ai, au début, entendu ainsi : « Et marchait seul <i style="mso-bidi-font-style: normal;">levant</i> le poing dans l’utopique », ce qui avait aussi un sens parfaitement compréhensible. De même, « Moi je suis con ma foi mes fleurs noires à la face » pouvait s’entendre « Moi je suis con ma foi <i style="mso-bidi-font-style: normal;">mais</i> fleurs noires à la face », qui se comprenait aussi très bien.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Autre exemple, celui d’<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Il n’y a plus rien</i>, où l’on entend : « Lâche ces notions, si ce sont des notions ». J’entendais – je n’étais pas le seul, mes camarades aussi, nous en avions parlé au temps du lycée : « Lâche ces notions, ce sont des notions », ce qui n’est certainement pas la même chose.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Enfin, dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Tu ne dis jamais rien</i>, au lieu de : « Ma machine à écrire a un complet tout neuf », j’entendais : « Ma machine à écrire a un <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pourpoint</i> tout neuf », ce qui ne changeait rien au sens, cette fois.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">En ce qui concerne <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La the nana</i>, toutefois, j’ai toujours entendu correctement : « Tu joues complet dans ton cinoche », quand un autre soutenait que la chanson disait : « Tu joues complet <i style="mso-bidi-font-style: normal;">pour</i> ton cinoche ». J’étais ennuyé car je ne parvenais pas à le convaincre que le sens, dans son hypothèse, n’était pas évident et qu’en l’occurrence, il n’y avait pas de difficulté d’audition particulière, moins encore d’interprétation.</span></p>
Jacques LAYANIhttp://leoferre.hautetfort.com/about.htmlLe vocabulaire religieuxtag:leoferre.hautetfort.com,2009-02-16:20528792009-02-16T16:19:35+01:002009-02-16T15:51:00+01:00 L’objet de cette note n’est évidemment pas de tirer Léo Ferré vers...
<p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">L’objet de cette note n’est évidemment pas de tirer Léo Ferré vers l’Église ni d’en faire un croyant malgré lui, ainsi que le fit l’abbé Henry Bertrand en 1961, dans le premier livre (un opuscule, plutôt) qui fut consacré à l’artiste. Le sous-titre de son <i>Léo Ferré</i> était « Le cœur mangé par la cervelle », jésuitisme classique qui consiste (c’est une spécialité de notre civilisation judéo-chrétienne) à opposer ce qui est en réalité parfaitement complémentaire. Comme s’il était impossible d’être touché, ému, généreux, et de se servir de son cerveau en même temps. L’opposition crée <i style="mso-bidi-font-style: normal;">ipso facto</i> des interdits.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il s’agit ici, bien plutôt, de tenter de montrer combien l’éducation chrétienne, fort stricte, qui fut celle des enfants Ferré, Lucienne et Léo, sous l’égide d’un père très pieux et autoritaire, a pu demeurer en l’homme mûr et se retrouver, de différentes manières, dans l’œuvre. Il n’est donc évidemment pas question de chercher des poux dans quelque tête que ce soit, mais d’examiner des textes que leur auteur lui-même a voulu rendre publics et qui, à ce titre, peuvent être commentés.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">La messe est alors dite en latin par un prêtre qui officie tourné vers l’autel, dos à l’assemblée. On se tient, selon les temps de la célébration, debout, assis ou à genoux. Bien entendu, les fidèles ne prennent pas part aux lectures (célébration de la parole) et ne distribuent évidemment pas la communion (célébration eucharistique), ainsi qu’il est d’usage depuis Vatican II, concile que Ferré moqua d’ailleurs dans la seconde version des <i>Temps difficiles</i>. Léo Ferré passe, on le sait, huit années en internat dans un collège de Bordighera, tenu par les Frères des écoles chrétiennes. Il sait son catéchisme, est même primé pour cela. Pour le mariage de sa sœur, il compose une messe. Ses premiers contacts avec la musique se font dans le domaine du sacré.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Quand, ainsi que le font tous les jeunes qui quittent le foyer paternel, il rejettera l’ensemble de cette éducation et s’appliquera à devenir un homme libre, il aura beau faire, il ne se départira pas totalement de l’empreinte religieuse.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><i><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Les « prières inversées »</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><b><i><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></i></b></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoBodyText"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Les « prières inversées » annoncées dans <i>Le Chien</i> en 1969 avaient déjà été dites, notamment avec <i>Thank you Satan</i> (1961), chant de louange à proprement parler « inversé », dans lequel il s’agissait de remercier le diable pour tout ce qu’il permettait dans le domaine de l’« anti » et du non-conformisme, de la transgression libératrice des interdits. Il faut rappeler que cette chanson avait choqué en 1961. Son titre, déjà : cela ne se faisait pas. Son contenu, lui, choquait certains et enthousiasmait d’autres mais, quoi qu’il en soit, la chanson n’existait que par rapport à Dieu. S’opposer à Dieu n’est certes pas le nier, bien au contraire.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Quelques années auparavant, Léo Ferré chantait <i>Merci mon Dieu</i>, dont <i>Thank you Satan</i> est l’exact pendant, avec une inquiétude désolée qui était à tout le moins agnostique. Le refrain « Nous te disons merci mon Dieu », pour ironique qu’il fut, était surtout attristé, plein d’incompréhension. Cette incompréhension est manifeste au dernier refrain, devenu : « Nous te disons pourquoi mon Dieu ». Cette chanson fut peu interprétée, je crois, par son auteur qui, pourtant, en avait écrit et chanté d’autres, à commencer par, bien plus avant, <i>Monsieur Tout-Blanc</i>. Mais une chose est de s’en prendre au pape Pie XII qui est un homme, un individu – de Franco à de Gaulle en passant par bien d’autres, Ferré n’a jamais craint de dire leur fait aux puissants du moment – autre chose est de nier Dieu.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Un vocabulaire religieux laïcisé</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Le mot amour est sans conteste le plus présent dans l’œuvre de Léo Ferré. Cet amour qu’il prônait comme seule et unique solution aux problèmes humains et aux relations entre les hommes… Cela m’avait conduit à titrer « Un programme d’amour » le premier chapitre d’un ouvrage ancien. Cet amour est aussi présenté comme la seule solution dans tous les textes chrétiens, en premier lieu dans l’Évangile. Que dit Léo Ferré ? La même chose, dont il retranche le Christ, son enseignement et son culte. C’est dire qu’il revendique l’amour d’une manière païenne, parce qu’il n’entend pas laisser aux prêtres ce qu’il tient pour seule échappatoire possible.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Cela étant – tandis qu’il s’amuse, avec un brin de provocation, à déclarer : « Mon père s’appelait Joseph, ma mère Marie, la ressemblance s’arrête là », tandis que, dans la quasi bagarre déclenchée un soir dans une salle où il se produit, il entre en scène, s’il faut en croire Frot, les bras en croix – on ne peut pas ne pas relever dans ses textes les expressions et allusions bibliques ou d’ordre religieux : « de toute éternité » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Lettre</i>, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Chien</i>) ; « comme un Christ de Véronique » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Faites l’amour</i>) ; « Pour le prêtre qui s’exaspère / À retrouver le doux agneau / Pour le pinard élémentaire / Qu’il prend pour du château-margaux (…) Pour le péché que tu fais naître » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Thank you Satan</i>) ; « catéchisme, ciboire, anges gardiens » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Morts qui vivent</i>) ; « Le sourire de Dieu qu’on touchait de la tête (…) Et que Dieu voyant ça signe la fin du monde » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Rappelle-toi</i>) ; « Comme un rictus d’encens quand s’ébroue l’encensoir » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Écoute-moi</i>) ; « C’est le chemin de croix dans une discothèque / C’est la flagellation qui descend de sa croix » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Vendetta</i>)… La liste pourrait continuer longtemps et devenir une litanie. Elle vaut ici à titre d’exemple.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: red; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il est préoccupé par l’idée de la trahison, du reniement. Celui de Saint-Pierre est présent : « Le chant du coq et le silence de Saint-Pierre » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">À toi</i>) et se retrouve dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Opéra du pauvre</i> où il est demandé trois fois : « Vous connaissez cet homme ? », puis le coq chante, avec, ensuite, cette indignation : « Il l’a renié. Et il venait de bouffer avec lui ». Quand il traduit avec tristesse la « trahison » de Francis Claude qui a donné à Michèle Arnaud la place qui était la sienne sur l’affiche du cabaret, il écrit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Judas</i>, purement et simplement. Et tout y est : Judas Iscariote, les trente deniers, le baiser. Mais il transgresse en laïcisant cet épisode de l’Évangile et cela donne une chute très païenne : « J’valais beaucoup plus cher que ça ». Cela n’est pas seulement un mot, il me semble. Sans doute pensait-il qu’effectivement, le Christ valait davantage – et je sors ici de l’anecdote qui fait naître la chanson, afin de ne pas sombrer dans le biographisme. D’ailleurs, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Y en a marre</i> possède une chute qui évoque Jésus ; elle est écrite d’une façon un peu rude, un peu bourrue, mais une forme de regret y est présente.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; color: red; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Psaume 151</span></i><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> est une belle illustration de ce propos. A la suite des cent cinquante psaumes de David, Ferré écrit le cent cinquante et unième, qui traduit une vision du monde moderne dans un style et un phrasé religieux, avec un refrain en <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Miserere</i> qui introduit toutefois des éléments bien contemporains. On note cependant que l’alternance de propos doux et violents est précisément celle qu’on trouve dans les psaumes de David, dont certains décrivent des batailles, des exterminations, des massacres, des horreurs. Le langage guerrier n’est pas absent des psaumes et celui millésimé <i style="mso-bidi-font-style: normal;">151</i>, en cela, s’inscrit dans leur tradition stylistique. Évidemment, si Dieu est présent dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Psaume 151</i>, c’est au travers non d’une soumission, non d’une déférence, mais au contraire d’une interpellation : « Les condamnés jouent au poker leur appétit / Et vous laissent Seigneur leur part de solitude / Le service est compris nous avons l’habitude / Descendez donc Seigneur dans notre connerie ». En cela, se tient la laïcisation du propos, mais la forme demeure invocatoire. Encore faut-il noter que la première version de ce texte, telle qu’elle parut en 1956 dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Poète… vos papiers !</i>, ne comprend pas cet ultime quatrain, ajouté lors de la mise en musique, en 1970.</span> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"> </p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">La dénégation des choses sacrées, bien sûr, ne perd pas ses droits, et s’exprime avec ironie : « La prièr’ ça monte tout droit / Comm’ la fumée des hauts-fourneaux / À moins qu’y ait l’vent qui pass’ par là / Alors t’as prié pour la peau (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Grève</i>); « Et puis l’curé qui fait la manche / Avec son pot’ <i>dies illa</i> <span style="mso-bidi-font-style: italic;">/</span> Y a pas qu’au guignol qu’y a des planches / Y en a aussi dans ces coins-là « (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Retraités</i>). Toutefois, la dénégation conforte l’existence : on ne peut nier, dénier, renier ce qui n’est pas. Dans ces textes, la prière, le curé, existent. Léo Ferré pourrait les ignorer : on peut fort bien ignorer ce qui est. Il ne le fait pas. Même dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Chien</i> où il s’en prend à Dieu avec la plus grande virulence en citant dans son texte le mot de Bakounine, Léo Ferré suppose Dieu, quitte à « s’en débarrasser ». Encore une fois, je ne tire pas de conclusion et ne fais pas de lui un croyant contre son gré. Je dis qu’il choisit de ne pas ignorer, purement et simplement, ces choses.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <h1 style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana; mso-fareast-font-family: 'Times New Roman'; mso-bidi-font-family: 'Times New Roman'; mso-ansi-language: FR; mso-fareast-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA;"><em>Un vocabulaire religieux érotisé</em></span></span></h1> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">La transgression, le péché s’expriment dans le cadre de l’amour charnel : « Tout ce qui est mal, c’est bon ; tout ce qui est bon, c’est mal ; alors, damne-toi » est le prologue donné à <i style="mso-bidi-font-style: normal;">La Damnation</i><i style="mso-bidi-font-style: normal;"> </i>; dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">L’Amour fou</i>, on entend : « Lorsque vous me mettrez en croix / Dans votre forêt bien apprise » ; la chanson <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Écoute-moi</i> laisse entendre : « Qui dira la passion du corton à la messe / Cette rouge chanson plus rouge que le sang / Qui dira la virginité de nos caresses / Quand il y passerait Jésus entre nos dents » où l’on va du vin de messe (à supposer que ce soit du bourgogne) contenu dans la <i style="mso-bidi-font-style: normal;">coupo santo</i>, comme on dit en provençal, aux caresses <i style="mso-bidi-font-style: normal;">sanctifiant</i> l’amour charnel ; dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Je t’aime</i>, s’entendent les mots « (…) et que je te maudis / D’être à la fois ma sœur mon ange et ma lumière » ; dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Amria</i>, il va jusqu’à écrire : « La Bible dans le fond du lit baille un chouya », ce qui est tout de même assez culotté ; mais la transgression n’est pas finie : « Quand mon ange gardien revient te faire luire » (<i style="mso-bidi-font-style: normal;">En faisant l’amour</i>) où l’on comprend sans peine de quel ange il s’agit ; et tout culmine dans <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Le Mal</i> (« Dans tes yeux le mal qui se traîne / Comme une idée de crucifix »), chanson dans laquelle, de strophe en strophe, le Bien cherche sa voie (« Et puis dans l’ombre le bien qui coule / Dans la rivière de la nuit (…) Et puis dans l’ombre le bien qui écume / Comme des chevaux démarrés ») avant d’être vainqueur <i style="mso-bidi-font-style: normal;">in fine</i> : « Lorsque dans l’ombre le bien se lève / Comme le jour après la nuit » – c’est-à-dire à l’achèvement de l’acte d’amour qui était le Mal mais, bien évidemment, un mal voulu, cherché, revendiqué, « succulé », pour reprendre un terme cher à l’auteur. On se damne, on pèche. Le plaisir vient de Satan. Satan qu’on remercie peut-être, mais le plaisir n’est pas libre, demeure contraint par une éducation traditionnelle, une profonde marque.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Il existe un autre texte où éclatent la transgression, la recherche blasphématoire. Il s’agit de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Messe</i>, publié dans le n° 11 (automne-hiver 2006-2007) des <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Copains d’la neuille</i>. On peut y lire : « Donne-moi de l’alcool / Pour mes mains pour ma voix / Donne-moi de la <i>marijuana</i> / Ô Marie Marie / Donne-moi de la vie / Au bord de ta salive / Et couds-moi dedans toi / Couds-moi pour que je crois / <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kyrie</i> / Sainte Marie / Marie des rues Marie des joies perdues / Marie Jésus ta croix dorée / Marie tu dors Marie tu crois (…) <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kyrie eleison</i> / Je suis femme et j’ai des problèmes de cul ». Curieuse messe païenne où le physique (« Et couds-moi dedans toi ») rejoint le divin (« Couds-moi pour que je crois »), où la Vierge (« Sainte Marie ») rejoint la prostituée (« Marie des rues Marie des joies perdues »), où le refrain est la demande liturgique de prise en pitié – pour ceux qui l’ignoreraient, <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Kyrie eleison</i> est ce que psalmodient les fidèles après que le prêtre a dit : « Préparons-nous à célébrer cette eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs » – qui se poursuit plus loin par <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Christe eleison</i>, ainsi qu’il est d’usage.</span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Pour ne pas conclure</span></i></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;"> </span></p> <p style="margin: 0cm 0cm 0pt; text-align: justify;" class="MsoNormal"><span style="font-size: 8pt; font-family: Verdana;">Je n’ai pas voulu citer de textes encore plus nombreux. Chacun peut les lire ou les entendre. L’important, je crois, est de dire qu’il existe, dans l’œuvre de Léo Ferré, un vocabulaire religieux remis en forme par l’auteur selon son éthique, son esthétique ou sa morale – on pourra employer le mot qui plaira – et ce loin des tabous supposant que l’auteur de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Ni Dieu ni maître</i> ne saurait être taxé de mysticisme ni même parler de ces choses. Indéniablement, il en parle, les cite ou les détourne. S’il existe une empreinte religieuse, fût-elle niée, dans l’œuvre, ce n’est pas le commentateur qui l’a laissée. Le commentaire se fonde sur l’état existant du corpus. En tout état de cause, il ne s’agit pas de choses cachées ou retrouvées dans un tiroir mais, dans l’ensemble, d’œuvres que l’artiste a lui-même rendues publiques (à l’exception de <i style="mso-bidi-font-style: normal;">Messe</i> qui l’aurait peut-être été un jour).</span></p>