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mercredi, 11 mars 2009

Un point non éclairci

En dépit des nombreux ouvrages publiés qui nous disent Ferré et son œuvre, il demeure encore un point obscur à l’endroit où la biographie rejoint l’œuvre, plus exactement : où les circonstances rejoignent le littéraire.

 

Ainsi, on ne sait pas comment il a été amené à rédiger sa préface aux Poèmes saturniens de Verlaine pour Le Livre de Poche [1]. Était-ce une commande ? Vraisemblablement, mais en quelle occasion la Librairie générale française (Hachette) lui confia-t-elle ce travail ? Ses enregistrements de Verlaine et Rimbaud seront réalisés trois ans plus tard. Les quelques traces de mise en musique de Verlaine, antérieures à cette date, ne devaient pas avoir eu un immense écho. Alors ? Parce que 1961 fut sa grande année ? Ou autre chose ?

 

L’époque était à la critique « au sentiment », fortement empreinte de sensibilité subjective. De nombreuses introductions, dans le catalogue du Livre de Poche d’alors, doivent pouvoir en témoigner. Cette critique moins érudite qu’émotionnelle, qui autorise à conclure sur une phrase comme « … où l’anneau des fiançailles tourne la tête à Saturne », qui permet au préfacier de trahir avec talent, avec style, le poète présenté, en disant justement le préfacier plus que l’auteur lui-même – Léo Ferré ira plus loin encore avec son introduction à Caussimon chez Seghers – cette critique dans l’air du temps d’avant 1968, dans la manière de « la vieille Sorbonne », cette critique, enfin, n’était pas l’apanage de Léo Ferré. Elle est celle, par exemple, de Marie-Jeanne Durry présentant Laforgue ou, pour se cantonner au Livre de Poche et à Verlaine, de Blondin présentant La Bonne chanson suivi de Romances sans paroles et de Sagesse, quand il nous parle de « ces emmurés dans leur colère ou leur jubilation béate [qui] sont peut-être pleins de chansons qui n’ont pas fui ».

 

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[1]. Paul Verlaine, Poèmes saturniens suivi de Fêtes galantes, Le Livre de Poche classique, n° 747, 1961.

20:37 Publié dans Jalons | Lien permanent | Commentaires (8)

Commentaires

Cette préface de commande (c'est le plus vraisemblable) a été
diversement accueillie..Je me souviens de la réaction du père
d'un copain de Lycée, admirateur de Brassens, qui m'a dit:"La
prochaine fois, ils demanderont à Fernand Raynaud".ça ne s'oublie pas...
Le livre de poche était en pleine mutation, il élargissait son fonds...Ces préfaces des "livres de poche classiques" étaient
demandés aux auteurs les plus divers.
Ferré était dans une période faste, de succès..Il avait publié
PVP..et mis déjà en musique Baudelaire et Apollinaire...
Cela a dû compter dans le choix du préfacier.Et cette préface
sans être savante, est très habile et Ferré fait bien les critiques "subjectives", où il injecte ses propres métaphores.
La préface du "Roi des rats" est un texte très solide, qui tient
encore bien la route...mieux que le roman lui-même...

Ferré fait bien ce genre de textes!

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 12 mars 2009

Oui, il les fait bien mais cela ne serait plus accepté aujourd'hui. D'ailleurs, cette préface a été remplacée depuis longtemps, au Livre de Poche, par une édition plus savante. En attendant, on "tient" un texte de Léo Ferré pur et simple.

Cette réflexion du père de votre camarade, toutefois, est remarquable.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 12 mars 2009

Tout de même, j'aimerais savoir dans quelles circonstances cette commande a été faite. Cela ne me paraît pas inutile car cela atteste aussi la réception de Léo Ferré dans le milieu éditorial, lequel, par définition, tient compte des réactions du public et de ses attentes.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 12 mars 2009

Pour nos plus jeunes participants de ce blog,je signale qu'on
peut encore trouver d'occasion le "Verlaine" avec la préface
de Ferré ( 3 ex sur Amazon..pub non payée ), pour presque rien, et 1 ex bon marché du "Roi des rats"...
Il semblerait que maurice Frot ait un homonyme,ou un parent, qui , chansonnier, publia quelques livres pendant le guerre (1942)....qu'on trouve sur le même site....

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 12 mars 2009

Pour les plus jeunes participants du blog, je signale que
l'on peut encore trouver le "Verlaine" préfacé par Ferré à
tout petit prix sur un site très connu...( 3 ex disponibles),et
aussi un ex de " Le roi des rats".
En faisant la recherche,dans cette jungle des livres, j'ai découvert un "maurice Frot" chansonnier qui publia quelques livres en 42..Homonyme ou parent ?

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 12 mars 2009

Oh, un homonyme, certainement.

Oui, tout se trouve très facilement sur internet, surtout les livres de poche.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 12 mars 2009

le commentaire n'est pas passé...je l'ai remis un peu modifié..
Pas passé non plus..et puis au bout de 10 mn..nous voilà
avec un doublon..

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 12 mars 2009

Je rappelle que la préface de 1961 pour Verlaine a été reprise dans l'édition préparée par Stéphane Oron pour la Mémoire et la mer : poèmes de Verlaine et Rimbaud mis en musique par Léo Ferré et textes qu'il écrivit à propos des deux poètes. Le volume s'intitule Poèmes en chansons et a paru en 2004.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 12 mars 2009

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