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vendredi, 30 mars 2007

Imprimatur, III

medium_Marie_et_Frot.jpgAu printemps 1968, Léo Ferré s’installe avec Marie en Lozère, durant deux mois, à mille deux-cents mètres d’altitude – mais ils dorment à l’hôtel à Aumont-Aubrac – puis en Ardèche, à Cubagnac, près de Sanilhac et de Largentière, dans une maison trouvée par l’intermédiaire de Jean-Pierre Chabrol.

medium_Mon_programme.3.jpgIl est remarquable que, dans une période nouvelle, difficile, attentif à une vie neuve qui s’ouvre pour lui avec, à ses côtés, une jeune femme de vingt-et-un ans, à l’orée – mais il ne le sait pas encore – d’une période d’une grande fécondité artistique, Ferré se tourne de nouveau vers l’imprimerie. Au cours du quatrième trimestre, il imprime un recueil de textes et d’illustrations de quarante-six pages intitulé Mon programme (daté 1969 sur la couverture). Il vit en Ardèche, mais il indique l’adresse familiale de Monaco comme étant celle de l’auteur. Le format est 21 x 31. L’ouvrage n’est pas folioté dans son ensemble, cependant, les pages 7 à 12 sont, elles, numérotées 1 à 6. Les pages 19 et 20 portent les numéros 13 et 14. La page 25 est dite 17. Sans doute ces feuillets avaient-ils été prévus pour une autre réalisation. On observe encore qu’une reproduction de Steinlen est en bichromie (rouge et bleu), un dessin de Pépée par Dimey en trichromie (noir, bleu et jaune). La couverture est aussi en trichromie (noir, bleu et jaune) puisque le personnage dessiné par Dimey a les yeux verts. On peut donc déduire de ces remarques qu’il n’y eut jamais quatre passages mais trois au maximum, alors que les quatre couleurs sont bien présentes dans la plaquette, mais jamais ensemble.

medium_Plaquette_1.jpgDans l’année, il imprime aussi une plaquette sans titre et sans date de seize pages, toujours au format 21 x 31, comprenant son texte Bonsoir et un autre de Frot, Léo, forgeron de l’enfer. L’exemplaire que j’ai pu acheter au marché aux livres de la rue Brancion à Paris, il y a peu d’années, porte cette curieuse dédicace au stylo à bille bleu : "Pour Galli le musicien. Ferré, l’autre... musicien de hasard ! Léo Ferré, 12 décembre 1968". J’indique cette suscription manuscrite uniquement parce qu’elle atteste que la plaquette a bien été éditée au plus tard cette année-là.

medium_Plaquette_2.2.jpgIl imprime encore une plaquette sans date d’une douzaine de pages, comprenant uniquement ce dernier texte. Le titre est dessiné par Frot.

 

 

 

 

Ces publications hors-commerce, vendues lors de ses spectacles, sont de simples feuillets dactylographiés sur une machine électrique IBM à boule, tirés sur une petite machine offset et reliés par un dos thermocollé fragile. En dépit de cette simplicité technique, il y a toujours des illustrations et, on l’a vu, des essais de couleur.

medium_Lettre_au_syndicat_des_artistes.jpgL’année suivante, il fait paraître une autre plaquette encore, comprenant la lettre que vient de lui faire parvenir par pneumatique, le 13 janvier, le syndicat des artistes-musiciens de Paris et de la région parisienne à propos de son utilisation de bandes enregistrées dans son spectacle de Bobino, et la réponse qu’il lui adresse le 14, avec copie aux musiciens des séances d’orchestre de Jean-Michel Defaye. Il s’agit d’une simple pochette contenant le fac-similé de cette correspondance. La couverture est en bichromie (bleu et jaune).

On voit donc que, ne disposant plus, pour le moment, du matériel de professionnel qu’il a acquis quelques années plus tôt, Léo Ferré, qui n’a plus de maison à lui (il ne s’installera en Italie qu’au cours de l’été 1969 dans une villa de San Casciano, puis en janvier 1971 à Castellina-in-Chianti), ne renonce jamais à sa passion de la chose imprimée et continue, avec les moyens du bord, à s’auto-produire.

 

Marie-Christine Diaz et Maurice Frot en 1969 (photo X)

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (5)

Commentaires

A propos de "mon programme",sevez-vous de qie est la gravure "la courtisane chevauchant le philosophe",reprise d"'Aristote sous Phyllis",d'Hans baldung grien,et thème fréquent de la peinture?
je n'ai ja mais pu identifier l'auteur

Écrit par : francis delval | samedi, 31 mars 2007

J'ai dû taper 3 fois le message qui ne passait pas:lire "savez-vous de qui...etc"
notons quand même que "la courtisane et le philosophe(Aristote)" a été rebaptisé par Ferré "toutes des salopes",ce qui en dit long sur son état d'esprit à ce moment!

Écrit par : francis delval | samedi, 31 mars 2007

Non, je ne sais pas de qui est cette belle gravure.

Oh, la légende, vous savez... Il aimait bien donner des légendes à des gravures anciennes. Dans plusieurs choses imprimées par lui, on retrouve cette façon de faire.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 31 mars 2007

Bonsoir. pour ma part j'ignore le nom de l'auteur de cette gravure, mais je pense que Léo Ferré l'a puisée dans L’histoire, la vie, les moeurs et la curiosité (1450-1900) par l’image, le pamphlet et le documents de John Grand-Carteret Librairie de la curiosité et des beaux arts (1927).

Écrit par : Jacques Miquel | samedi, 31 mars 2007

Je vous crois sur parole ! Je n'ai vraiment aucune lumière sur la question. Je suis bien content, en tout cas, que les commentaires emmènent le sujet initial dans d'autres domaines culturels.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 01 avril 2007

Les commentaires sont fermés.