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vendredi, 03 octobre 2008

Monsieur Tout-Chant

Je continue à espérer d’un musicologue qu’il s’attache à étudier l’influence de la musique sacrée chez Léo Ferré, ainsi que les aspects de son chant qui se rapprochent de la cantillation, la psalmodie, la prédication… Évidemment, Céline Chabot-Canet pose cette question de loin en loin, mais ne la développe pas, en tout cas pas suffisamment du tout. Il y a longtemps que ce sujet m’intéresse, mais je ne suis pas compétent pour le traiter. Pourtant, il faut être sourd pour n’entendre pas, dans sa musique, son phrasé, sa diction parfois incantatoire, ce registre si reconnaissable, tellement identifiable, mais pour en traiter, il faut des connaissances spécialisées, un vocabulaire, que je ne possède pas.

16:28 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (48)

Commentaires

Il faut rappeler, on l'oublie souvent, que Ferré, à l'âge de sept
ans est entré à la maîtrise de la cathédrale de Monaco,(Soprano
garçon) et a appris donc très tôt le solfège,et s'est familiarisé
avec la musique religieuse (Da Vittoria,Palestrina)..Pas besoin d'être musicien pour déceler dans toute son oeuvre et dans sa manière de chanter cette influence lointaine..
Quant à l'expliquer en termes techniques, c'est une autre
question.Nous avons là besoin de "spécialistes"...même si
Ferré (et Caussimon) ne les aimaient guère,ils sont parfois
indispensables.

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 03 octobre 2008

La déceler, oui, c'est facile, sauf à avoir des oreilles de lavabo. Mais la commenter, je n'en suis pas capable. Or, il y a des choses à dire là-dessus.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 03 octobre 2008

Mériterait d'être étudié, même si c'est tabou, l'emploi des expressions religieuses dans les textes, et leur détournement païen. Je pense à "Miserere Seigneur du fond de...", "de toute éternité", "Le fils de l'Homme avait du spleen dans sa musette", "Le Verbe s'est fait chair dans le ventre rusé", "Je crois en toi Seigneur et...", "Pour le prêtre qui s'exaspère / A retrouver le doux agneau", etc.

Et encore, les allusions bibliques : Lazare, par exemple, dans Ecoute-moi. Ou bien : "comme un Christ de Véronique" (Dans les nights). Ou tout simplement, le titre Psaume 151, puisque David en avait fait cent cinquante. Allusions persistant dans le choix des poèmes mis en musique : Abel et Caïn (qui, par parenthèse, est une imprécation... en apparence).

Et les "prières inversées" que sont Merci mon Dieu, Thank you Satan, Notre-Dame-de-la-Mouise...

Il y a de nombreux exemples. Léo Ferré s'est certes dégagé de son éducation religieuse, mais sa musique et ses écrits en portent toujours la marque. Il ne servirait à rien de l'ignorer, pis : de le nier. Sans aller jusqu'à le "récupérer" comme le fit en 1961 l'abbé Henry Bertrand, il y a sur ces sujets une étude à faire.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 06 octobre 2008

Votre note avait déclenché chez moi des remarques assez voisines...A côté du chant "religieux",j'ai pensé aux champs lexicaux et sémantique du religieux chez Ferré,assez peu étudiés
mais très présents...
On pourrait étendre la liste des allusions, que l'on trouve très tôt dès les premières chansons,même si le propos est "antireligieux".Dès "l'opéra du ciel", "le temps des roses rouges"
ou "Paris...("des christs en képis") etc..en passant par l'allusion au plain-chant de "Dieu est nègre", ou l'appel au "crucifié" de "y'en a marre"...Ferré , à travers ses textes ,donne plus l'impression d'avoir été agnostique qu'athée..
en dépit de Bakounine.

Je ne pense pas que Ferré soit "récupérable"...par le christianisme, quelle que soit sa forme.

Il nous faudrait faire une longue étude de vocabulaire!

Quant au "psaume 151",on évoque souvent F.David qui
a mis 150 psaumes en musique...Mais "le livre des psaumes"
de la Bible n'en compte que 150...!
David a fait une "intégrale".....
Il doit y avoir certainement d'autres mises en musique des
psaumes.Qui d'entre nous a déjà entendu du félicien david?

le 151, c'est la chanson de Ferré où l'influence du chant
religieux est la plus évidente.Mais l'orchestration de Defaye
ne me semble pas à la hauteur du chant de Ferré.Pb de goût
personnel.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 06 octobre 2008

Eh oui, tout cela est important, c'est certain. J'aimerais qu'on en parle ici, mais personne ne montre le bout de la plume. C'est un sujet si peu évoqué, pourtant.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 06 octobre 2008

Tout le monde semble un peu débordé en ce moment, moi
y compris...Faire une note, ou un article sur un sujet aussi
"sensible" demande un gros travail de recherche, d'inventaire
systématique des textes.Il y a presque matière à un livre!
A défaut, ce serait bien d'entendre d'autres voix ,d'autres
points de vue.
Patientons.Les habitués, des nouveaux venus,retrouveront le
chemin du blog.....Avec le temps....

Écrit par : Francis Delval | lundi, 06 octobre 2008

"Il y a presque matière à un livre" : eh oui, je le sais bien. Qui le fera ? Moi, je n'ai plus d'encre dans mon encrier.
"Ce serait bien d'entendre d'autres voix, d'autres
points de vue" : ô combien.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 06 octobre 2008

erratum!
j'ai lu depuis des lustres , à plusieurs reprises , que félicien David a mis en musique les psaumes,les 150, et donc Ferré a
numéroté le sien 151.
mettre autant de textes en musique, qu'on n'entend jamais m'a
semblé bizarre.

En fait, félicien David, (1810-1876), pâle disciple de Berlioz,
musicien provençal,et saint-simonien convaincu,n'a laissé que quelques opéras et pièces symphoniques bien oubliées, et
mis en musique de nombreux hymnes saint-simoniens.
Il n'a strictement rien à voir avec les psaumes.

Dans la tradition juive, les psaumes sont tous attribués
au Roi David .D'où le nom "psaumes de David";
Dans la bible de Jérusalem,catholique,il y a aussi 150
psaumes.Environ la moitié sont appelés "psaumes de David", les autres portant d'autres noms.
Cette bévue s'est colportée de livre en article depuis longtemps, apparemment...y compris dans un ou deux livres
sur Ferré, mais je ne sais plus lesquels...
Voilà une bêtise corrigée.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 06 octobre 2008

C'est ce que je disais dans le commentaire ci-dessus : "Ou tout simplement, le titre Psaume 151, puisque David en avait fait cent cinquante". Léo Ferré, du reste, le dit lui-même, je ne sais plus très bien où, dans un entretien.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 07 octobre 2008

Il le dit dans le Quentin Dupont.

j'ai lu la première fois l'attribution d'une mise en musique des
psaumes par F.David dans "la semaine radio", vers 1960,dans
un article sur Ferré, évoquant entre autres choses le poème
"psaume 151"....ce journal est l'ancêtre de Télérama;

Il y a des confusions qui perdurent

Écrit par : Francis Delval | mardi, 07 octobre 2008

Chez Quentin Dupont, oui, mais c'est bien antérieur, forcément. Je ne sais plus où je l'ai lu pour la première fois.

La Semaine radiophonique est devenu La Semaine radio-télé à l'avènement de l'auguste appareil, puis Télérama. Publication initialement en vente dans les églises.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 07 octobre 2008

En marge de notre préoccupation initiale, je signale juste que Guy Béart, qui apparemment ne connaît pas toute l'oeuvre de Léo Ferré, a donné le sous-titre de "Psaume 151" à sa chanson "Ô Jéhovah" (CD "Demain je recommence" sorti en 1986).

Écrit par : Jacques Miquel | mardi, 07 octobre 2008

Ah, c'est curieux ! Ce texte n'est pas le plus célèbre, c'est vrai, cependant, depuis 1956 dans PVP et depuis 1970 en disque, tout de même... Etonnant.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 07 octobre 2008

Ferré parle du psaume dans un entretien avec P.Wiehn (71)...Il dit :"Mais justement j'ai mis 151 ,et dans ce chiffre il y a toute la moquerie..Je me moque des choses établies..et , notamment des livres dits "saints", n'est-ce pas?
C'est dans le même entretien qu'il dit qu'il aime Chartres, la beauté de la cathédrale, mais que c'est un lieu triste et qui pue.
(cf. mon programme:"ça schlinguait dur derrière les pierres
chartraines...)
et dans la foulée:"je préfère le beaujolais fraternellement bu
avec un copain que la religion.La religion, c'est la fin du monde"
Et "On n'est pas des saints"........cette chanson assez délaissée nous conte un peu tout cela....

On peut aisément comprendre son aversion pour la religion
vu son parcours.Il n'empêche qu'il puise fréquemment dans
le lexique du religieux....y compris pour le retourner contre
la religion .
...

Écrit par : Francis Delval | mardi, 07 octobre 2008

On peut noter que Jean-Paul Dessy en a parlé (cf. Hello Ferré et Par oui dire, n°7, minutage 26).

Écrit par : Seiya | jeudi, 09 octobre 2008

Il me semble que si Ferré emploie parfois un vocabulaire religieux, c’est pour provoquer en inversant le sens initial. Cela fait partie de la critique des institutions en place. Il y a chez lui un désir de saccager ce qui est officiellement reconnu.

Mais à côté de cela, il y a aussi manifestement une recherche authentique du sacré. Voir la version du «Chien » sur une musique religieuse. Le but n’est pas alors de se montrer irrévérencieux. Au contraire, il s’agit de donner une dimension supplémentaire à son texte en le positionnant dans une sphère disons… mystique, supra-matérielle. Poétique, tout simplement.

La poésie est une recherche du sacré, la religion aussi. Ferré est athée (ou agnostique), il est donc logique qu’il se moque de la religion en tant que croyance. En tant que poète, par contre, qui est à la recherche du beau, du pur et de l’authentique, il semble trouver dans la religion (en tout cas dans la musique religieuse) quelque chose qui lui convient.

Il y a là un paradoxe qui mériterait d’être analysé en profondeur.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 09 octobre 2008

La déconstruction à fait son temps ; c'est une impasse.
Maintenant il faut de nouveau enchanter le monde.

Et c'est ainsi que Ferré enjambe la modernité du 20ème siècle pour entrer de plain-pied dans le 21ème.

Vive le sacré !

Écrit par : The Owl | jeudi, 09 octobre 2008

The Owl, je salue votre retour...avec perplexité: qu'appelez-vous précisément "Déconstruction", dans la mesure où depuis 30 ans au moins on a usé et abusé de ce terme,et qu'on l'a mis à toutes les sauces,si vous me passez cette expression triviale.
"Vive le sacré"...Qu'aurait pu répondre Ferré ? quelque chose
comme :"T'as bien le bonjour d'Alfred" (Réponse faite à un journaliste lui demandant s'il se considérait comme un troubadour.....)

Quant à la poésie comme recherche du sacré, c'est quand même une conception qui reste fondamentalement romantique
au sens le plus large du terme...Et pourquoi cette réduction
à la poésie ?Feuilly,ne pourrait-on dire que toute forme d'art
relève alors du "sacré",à condition d'en donner une définition
qui distinguerait le "sacré" du "religieux" et de la "croyance".

J'ai bien conscience que ces questions sont trop complexes
pour trouver des réponses ici ou pour en proposer.

Les poser, c'est déjà néanmoins apporter un début de réponse.

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 09 octobre 2008

Partageant le vin lors de la Cène, le Christ a dit : "Vous ferez cela en mémoire de moi". Dans Les Pops, Léo Ferré détourne le propos. Parlant du coeur, il écrit : "Tu le partageras en mémoire de nous". Ce n'est ni innocent, ni fortuit. Ni moqueur, je pense. Ce n'est pas une satire. C'est tout le propos de Ferré et de la religion catholique. Elle demeure ancrée -- soit détournée, rendue païenne, soit citée dans son vocabulaire, mais présente.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 octobre 2008

Par déconstruction, j'entends distanciation brechtienne et méta-discours des oeuvres d'art, tous champs confondus.

On comprend que cela ait été vécu comme une nécessité dans une Europe choquée par son suicide collectif.
Mais nous en sommes sortis.

Le besoin de transcendance de l'Homme est inextinguible.
Notre société se meurt aujourd'hui de l'absence de sacré.

(quant à la poésie écrite, a-t-elle encore une fonction dans notre civilisation de l'image ? Les arts se succèdent et se déclassent les uns les autres, ne croyez-vous pas ?)

PS : je n'ai jamais quitté le blog mon cher Francis, c'est juste qu'il ne donne plus guère de biscuits à croquer ces derniers temps... N'avez-vous pas quelques notes sous le coude ? (Ferré et les penseur anar par exemple ?)

Écrit par : The Owl | jeudi, 09 octobre 2008

"Les arts se succèdent et se déclassent les uns les autres" : non, non, il n'est pas d'exemple d'art disparu. Des périodes de retrait, de désintérêt, auxquelles succèdent d'autres périodes d'engouement, de regain. Mais pas de succession, moins encore de déclassement. C'est même ce qui est fantastique : les arts ne se vampirisent pas.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 09 octobre 2008

Désolé, the Owl, pas de note pour le moment, mais je ne suis
pas le seul à passer sur le blog de Jacques.Tout le monde peut
en proposer une.....

Je trouve très curieuse votre assimilation de la déconstruction
à le distanciation brechtienne..Je ne vois pas, comme ça, tout de go , le rapport.
Je vous rappelle que le terme est un néologisme créé par Derrida, et que c'est un mot-valise signifiant en même temps
destruction ET construction.
Et pourquoi rejeter ainsi tout méta-discours sur les oeuvres
d'arts?..Il est parfois indispensable (je pèse mes mots) de
prendre du recul,de mettre les choses à distance,pour éviter
la fusion avec l'oeuvre qui serait en quelque sorte sanctifiée.

Mais je ne suis qu'un vieux (disons très ancien) brechtien
convaincu.....

Et je rejoins Jacques lorsqu'il dit qu'il n'y a pas d'art disparu.
Parfois des moments de disgrâces,comme l'absence de poètes importants en France au XVIIIème siècle,mais il y en eut en Angleterre, en Allemagne...Les arts émigrent quelquefois mais ne disparaissent pas.Les formes changent.

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 09 octobre 2008

Comme vous voulez messieurs.

Pour moi, je considère que les arts viennent remplir une fonction dans la société. Les demandes de la société évoluent, et certaines formes d'arts qui sont nées dans un paradigme donné deviennent moins adaptées pour dire le monde selon les nouvelles modalités de réception.

Oui il y a encore du théâtre, oui il y a encore de l'opéra, oui il y a encore du roman, oui les les arts ne disparaissent pas, mais ils se dévitalisent. Ils perdent de leur nécessité. Comme on dit : c'est plus là que ça se passe.

Brecht répond-t-il aux nécessités de notre temps ?
Il est permis d'en douter.

C'est un homme du 21ème siècle qui vous le dit.

Écrit par : The Owl | jeudi, 09 octobre 2008

Non, je ne réduis pas la recherche du sacré à la poésie mais comme Ferré est notamment poète, il est logique que ce soit de la poésie dont nous parlions. Bien entendu il n’est pas question de croyance ici, bien au contraire et la poésie n’est pas que la recherche du sacré, vision effectivement romantique. Ferré se situerait plutôt du côté des poètes maudits, des individus en marge.
La poésie renvoie surtout chez lui à un monde parallèle, où se trouverait une vérité floue :

« Ce sont de drôles de types qui traversent la brume
Avec des pas d'oiseaux sous l'aile des chansons »

Vérité imaginaire mais sans cesse imaginée :

« Ce sont de drôles de types qui regardent les fleurs
Et qui voient dans leurs plis des sourires de femme »
(…)
« Ils ont des paradis que l'on dit d'artifice »

Un monde où la tristesse se mêle aux sentiments :

»Ce sont de drôles de types qui chantent le malheur
Sur les pianos du coeur et les violons de l'âme »

Notons que dans ce textes « Les poètes », on retrouve de nouveau le vocabulaire religieux :

« Et savent s'arrêter pour bénir les chevaux »

Mais la poésie chez Ferré, si elle ne renvoie donc pas au sacré proprement dit, renvoie tout de même à une vérité inconnue et insaisissable :

« Je vois le monde un peu comme on voit l'incroyable
L'incroyable c'est ça c'est ce qu'on ne voit pas »

C’est peut-être là qu’elle a un point commun avec la religion, non dans le croyance, mais dans le fait d’accéder à un mystère, à une vérité cachée.
Il est donc logique que Ferré se serve (notamment) du vocabulaire religieux pour accéder à cette région insaisissable :

« Et des vignes à chanter
Les messes de la démence »
« La poésie »

Écrit par : Feuilly | vendredi, 10 octobre 2008

Depuis que l'homme s'est aperçu que son corps faisait ombre dans une caverne, il y a vu l'évidence de sa solitude en même temps que de sa solidarité avec le monde. Cette "solution" a quelques milliers d'années... Qu'on y pose le chapeau de l'art ou celui d'une transcendance quelconque, l'évidence subsiste.

La force de Léo Ferré est de l'avoir inscrit en mots magnifiques, on est bien d'accord ? Ensuite on peut toujours gloser sur les formes d'art, j'ai bien envie de dire que ça ne fait pas avancer les choses. La seule bonne manière c'est d'"en faire" : de créer.

Quant à la religion : vaste sujet, en effet. Il faudrait chercher sans se voiler la face, sans a priori. Si on a du mal à le faire avec l'art, combien plus encore dans des convictions qui vont souvent plus loin, plus profond qu'une "croyance".

D'ailleurs, après son reniement de l'institution ecclésiale, son désaveu public d'un Dieu lointain et inutile aux hommes, Léo Ferré ajuste à sa personnalité et comme se le réappropriant totalement, le message tant vilipendé. (cf. y'a un Christ debout") où l'on sent bien que celui-là, c'est Léo lui-même, qui "cause avec le bout d'la nuit". In Rotterdam, je crois.

Quand on s'intéresse vraiment à quelqu'un, on commence je crois, par écouter ce qu'il a à dire. Et Léo Ferré a dit deux choses importantes sur la question : 1, que certaines choses l'empêcheraient toujours de croire à un Dieu ; 2, que la musique l'empêcherait toujours de n'y pas croire... ne soyons pas plus Léo que lui-même.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 10 octobre 2008

Je ne fais ici qu'enfoncer des portes entr'ouvertes pour rappeler à The Owl que les arts sont bien vivants depuis
plusieurs millénaires, poésie, théâtre,peinture, sculpture,
musique etc...avec une histoire complexe, des périodes barbares
de quasi- disparition, des renaissances...Pourquoi diable le passage aux années 2000 rendrait-il les arts obsolètes?
Il y a certes toujours des "changes de formes"....avec la pratique des installations,avec les changements profonds des
arts de la danse grâce à l'utilisation de la vidéo,etc..On pourrait
multiplier les exemples à l'infini.
Mais, the Owl, vous avez bien sûr le droit d'avoir les idées
que vous avez, mais il faudrait expliquer ce que vous nommez
le retour (ou l'avènement?) du sacré.

Je rappelle à feuilly que "et savent s'arrêter pour bénir les chevaux" est une référence à Nietzsche et à l'épisode de Turin.ça n'enlève rien à la force de "bénir",dans ce contexte
très particulier.C'est une belle trouvaille de Ferré.

Ferré a dit un jour lors d'un entretien , à propos de la mort:
"je crois à quelque chose comme la couleur après la mort"
Belle formule de poète.

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 10 octobre 2008

Nietzsche bien entendu. Mais justement, ce n'est pas un hasard non plus: la mort de Dieu, le surhomme qui assume son destin, etc.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 10 octobre 2008

Francis,

comment pouvez-vous ramener ce que je dis à une question aussi grotesque que "Pourquoi diable le passage aux années 2000 rendrait-il les arts obsolètes?"

Ce n'est absolument pas ce que je dis.
Peut-être vivons-nous une époque barbare (enfin, c’est un discours vieux comme le monde ; le discours des vieux cons). Et l’art est une spirale sans fin, oui.
Mais ce relativisme de ceux qui ont vécu la majeure partie de leur vie au 20ème siècle n’aide pas à créer, n’est-ce pas ? (comme nous y enjoint Madame le professeur Layani) ;-p

Moi, je ne parle pas pour dans dix siècles, je parle pour le temps qu’il me reste de vivre, en cette aurore confuse de 21ème siècle. Et donc, je me base sur ce que je sens de ce qui m’entoure.

Je crois qu’il en va des arts comme de la vie.
Ils naissent, ils se développent pendant des siècles pour aller au bout de ce qu'ils ont à offrir, puis épuisés, ils meurent.

Mais évidemment, c'est la spécificité de notre temps patrimonial (l’hyper-conscience du passé nourrit autant qu’elle paralyse, n’est-ce pas ?), ils ne disparaissent pas, ils continuent d'exister mais totalement dévitalisés, anecdotiques, ils tournent en rond dans le "terminus des dilettantes" comme dirait un certain poète de nos prédilections.

Bref, ils ne sont plus la locomotive à travers laquelle la société modèle ses représentations.
Pas par manque de talent ou de créativité (encore que, la modernité du XXème siècle est responsable d’avoir scié la branche sur laquelle elle était assise), mais parce qu’il ne sont tout simplement plus ACTUELS (à ne pas confondre avec être dans l’air du temps, cette frivolité !).

Vous en penserez ce que vous voudrez, mais par exemple l’opéra n’est-il pas devenu une forme morte en ce qu’elle a du mal à produire des œuvres nouvelles fortes, qui disent notre temps, et qui rencontrent un écho durable dans la société civile ?
On baigne dans le patrimonial et le truc de « spécialistes ». Les enjeux esthétiques ne sont plus disruptifs (ce qu’on est en droit d’attendre d’un art répondant aux nécessités de son temps).
Ce n’est ni bien ni mal – je suis heureux de pouvoir aller écouter de l’opéra – mais il faut se rendre à l’évidence : ce n’est plus là que ça se passe.

Et sans vouloir vous faire offense, si la forme opéra n’est plus opérante à l’aube d’un nouveau paradigme, je ne vois pas pourquoi elle le deviendrait une fois ce paradigme pleinement établi.
Et qu’on aille pas me dire qu’un paradigme en chasse un autre ; parler du temps long à ce propos devient totalement oiseux, en effet.

Entre le 18ème et le 20ème siècle, il y a une continuité paradigmatique, avec ses ruptures et glissements internes bien sûr, comme on peut dire « LE Moyen-Âge » pour une période de 1000 ans.
Or, il me plaît de croire qu’en entrant dans le 21ème siècle nous nous acheminons vers quelque chose de RADICALEMENT autre. Il n’y a pas de rupture visible, puisque l’ancien perdure toujours dans l’émergence du nouveau, mais il y a plus de différences en jeu entre le 21ème et le 20ème qu’entre le 20ème et le 19ème. Et certains arts me semblent structurellement mieux armés que d’autres pour négocier le virage, voilà tout.

Ferré exalte le besoin de transcendance consubstantiel à l'Homme, mais dans une version 2.0, sans la croyance, et en exaltant aussi le corps et ses appétits.
Bref, « la vérité dans une âme et un corps ».

Ferré n’invente pas, mais il dit d’une manière qui peut faire sens pour notre temps.


Qu’en pense un philosophe comme vous Francis ?

Écrit par : The Owl | vendredi, 10 octobre 2008

Brièvement, par manque de temps, mais j'y reviendrai,je vous
dirais que si Ferré ne faisait pas sens pour notre temps, je ne l'écouterai plus, ou rarement, je lirai moins,je n'écrirai pas sur
ses textes.
Allons -nous vers un radicalement autre ? C'est fort possible,mais je ne suis pas prophète ni voyant.
J'essaye modestement de comprendre notre présent, en
m'aidant des philosophes et des artistes,car il n'y a effectivement pas de rupture visible ...Elle est , si elle existe, pour le moment de l'ordre de la croyance .Que certains arts(que vous ne nommez pas soient mieux armés pour négocier notre époque, c'est certain...La danse,les arts du corps, le rap (américain),le roman américain,la poésie contemporaine (Voir le site Sitaudis)...tout cela amène une
modernité artistique nouvelle....Mais est-ce une rupture ou une
continuation par d'autres formes?
Je continuerai à vous répondre plus tard...d'autres tâches
m'appellent.

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 10 octobre 2008

Je ne suis pas prof. Ne l'ai jamais été, jeune hibou. Je parle quand j'en sens la nécessité, pour dire l'essentiel de ce que je pense. Les détails et la controverse, je les aborde ailleurs que sur des blogs : entendre, discussion réelle (dans laquelle on voit son interlocuteur -- on ne parle pas bien sans tous les sens, et ce handicap a pu rendre Popol très difficile à comprendre) ou temps d'écriture réel, c-a-d livre ou apparenté.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 10 octobre 2008

L'histoire récente montre bien qu'un art "ACTUEL" ,donc très
lié à son contexte historique et politique,dure rarement très longtemps.
Je prends l'exemple du free-jazz (la musique que j'écoute le plus ),qui s'est développé à partir du milieu des années 60, dans
la suite de Coltrane et Albert Ayler..Il eut une dizaine d'années
de vitalité, étant très lié au Black Power.Archie Sheep,l'Art ensemble de Chicago, Ornette Coleman,A.Braxton, Wayne Shorter, et tant d'autres...Il y avait là une grande inventivité
et du nouveau sur la plan musical.Nulle musique, dans la période récente ne fut plus actuelle.
Mais la fin rapide du mouvement politique black,notamment
avec Nixon,a aussi été la fin de cette musique, qui certes a
survécu, mais dans la répétition plus que dans l'invention.Elle
est vite devenue une musique du passé, comme je crains que le rap américain des années 90 soit en train de devenir aussi
obsolète.
John Zorn,avec son jazz mixte, mi free, mi klezmer,en dépit
de sa grande inventivité,est sur la même pente.

Tout cela pour suggérer que l'actuel, en prise avec ce qu'il
y a de plus neuf dans son époque,est souvent éphémère.

Le jazz aurait-il mal négocié le virage?Dites nous quels sont
les arts ou les artistes qui selon vous,cher hibou,sont armés
pour le XXI ème siècle,autrement dit:Quelle serait notre "actualité" artistique?

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 10 octobre 2008

Le problème serait déjà en partie résolu si nous cessions, en
bon occidentaux que nous sommes, de penser le temps et
l'histoire par siècle..La périodisation des arts,comme celle de la politique ou de la philosophie et des sciences obéit à d'autres
rythmes.
Pour reprendre votre exemple,the owl, l'histoire de l'opéra, elle ne coïncide pas avec celle de la philosophie ou de la chanson.
Chaque art, chaque discipline a sa propre périodisation.

L'opéra peut sembler obsolète, il l'est en grande partie.Mais
"l'anneau des Niebelungen", monté par Boulez, Chéreau, et Peduzzi entre 76 et 80,n'avait rien d'obsolète,croyez-moi...

Que le début du XXème fut une période de grande mutation, avec le début du roman moderne (Joyce, Svevo,Proust), de la peinture moderne,du cinéma,d'une nouvelle poésie (T.S.Eliot,Marinetti, Maïakovski,Mandelstam,
Pessoa..),ne signifie que chaque début de siècle puisse concentrer artistiquement tant de vraie nouveauté sur l'héritage de laquelle nous vivons encore.

Et l'on a tout dit de l'actualité de Rimbaud et Mallarmé
pour notre présent.
Ce n'est pas par hasard, the Owl, que vous citez Rimbaud, la fin célèbre d'"Une saison en enfer".

Lisez donc "L'ordre du temps" de Krzysztof Pomian, chez Gallimard,et réfléchissez à partir de ce qu'il nous propose pour
penser le temps, temps cyclique, temps linéaire,évènement,structure,époque, répétition.
(c'est un historien polonais)

Nous voilà loin de Ferré,mais on pourra mieux s'entendre sur son évidente actualité artistique....Ce n'est pas une pièce
de musée....

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 10 octobre 2008

En parcourant les commentaires, et en relisant certaines questions qu'on me pose,je souhaite faire une mise au point.
Je ne suis pas ici es-qualité, en tant que philosophe,en tant
que professeur de philosophie (en retraite).Il y a des blogs
spécialisés pour cela.
Ce que font dans la vie la plupart des commentateurs, je l'ignore, et ça m'est égal.
Je suis ici pour échanger quelques mots sur l'oeuvre de Léo
Ferré,que je pense bien connaître, la fréquentant depuis l'âge
de 13 ou 14 ans,il y a donc cinquante ans qu'il m'accompagne.

J'estime plus important de m'appuyer sur cette fréquentation quasi-quotidienne que sur mon parcours
d'enseignant.Certes, je ne conçois pas de journée sans
philo, mais pas de journée non plus sans poésie ni musique,
et il y a toujours un moment pour Ferré, ne serait-ce que
trois minutes d'une chanson.
Et chez Jacques, nous discutons tous à égalité.
Ceci devait être dit.

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 17 octobre 2008

Bien sûr, nous discutons à égalité. Mais vous ne pourrez vous défaire, j'en ai peur, de votre étiquette. Du reste, ce serait dommage : si vous avez la possibilité de nous apporter des points de vue spécifiques, pourquoi vous en priver ? Puisque nous réclamons à cor et à cri un musicologue qui ne vient pas, il serait regrettable de lâcher un philosophe qui, lui, est bien là.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 17 octobre 2008

On vient tous, partout, avec ce qu'on est. Je n'oublie jamais que je suis une femme ... de mon âge, même lorsque j'insiste sur la nécessité de se remettre soi-même à l'épreuve des commentaires, qu'ils soient sur Léo Ferré (ça pose parfois problème) ou sur son oeuvre.

Et c'est vrai que nous sommes peu nombreuses. Comme si la grandeur et le sublime étaient propriétés du masculin. Surtout, en ce qui concerne cet homme si différent, il y a sans doute -- mais peut-être non -- une crainte de mettre à côté de la plaque à cause de son discours si couillosif. C'est une chose qui m'amuserait plutôt.

On ne dira jamais suffisamment combien nous avons besoin d'horizons différents pour voir clair dans toute oeuvre.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 17 octobre 2008

mon commentaire visait ceux ( peu nombreux ) qui veulent que
je leur réponde en tant que philosophe,en dehors du sujet,qui d'abord l'oeuvre de Ferré.
Philosopher ici, oui, mais à propos des textes de Ferré,et non pour régler les problèmes existentiels ou métaphysiques de tel ou tel commentateur .

Écrit par : Francis Delval | vendredi, 17 octobre 2008

Pour l'anecdote, le compositeur Peter Eötvös (prononcer "éoeutvoeuche" ; il est Roumain) a composé en 1993 une pièce pour percussion intitulée Psalm 151.

Il est fort vraisemblable qu'il n'ait jamais entendu parler de Ferré.

Écrit par : The Owl | lundi, 27 octobre 2008

Ah, décidément, l'envie de continuer la série des psaumes tenaille tout le monde. Merci pour l'information.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 octobre 2008

....donc les psaumes 151 semblent se
multiplier....
( A part cela, Eötvös n'est pas roumain , mais hongrois.Il
tient à sa nationalité,même si la région de Hongrie où il est
né fut ensuite annexée par la Roumanie.Le roumain est une
langue latine,le hongrois de la même famille que le finnois,
d'où ce nom difficile à prononcer.Il doit beaucoup à Stockhausen ...)

J'ai trouvé -ça fera plaisir à Gluglups- un bel adynaton
dans " les cahiers de jeunesse " de S de Beauvoir:
" La maison est sortie par la fenêtre".....

On peut effectivement lire "l'imaginaire" comme une suite
d'adynata...Gluglups a mis le doigt sur un aspect de Ferré
que l'on n'a guère mis en évidence à ce jour , cette déclinaison de l'impossible et de l'absurde qui traverse
certains textes.Il doit y a avoir d'autres.Il suffit d'y penser.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 27 octobre 2008

pour les psaumes 151, il y en a en effet une grande quantité selon les bibles ..la bible copte a 155 psaumes....beaucoup de bibles ont un psaume 151...un manuscrit de qûmran.

Vu également sur google un enregistrement de pierre Brasseur :' psaume 151" dans un cd intitulé "poèmes grinçants", je suppose qu'il s'agit du texte de Ferré .Jacques, vous devez
connaître.......

Écrit par : Francis Delval | lundi, 27 octobre 2008

Effectivement Francis, je connais le CD de Pierre Brasseur (et avant cela un vinyl) intitulé "poèmes grinçants" mais je n'avais pas relevé le Psaume 151 de Léo Ferré. J'avais lu trop rapidement sans doute seulement "Psaume". Toutefois on trouve un autre texte extrait de PVP : "Le voyeur" que j'ai déjà entendu à la radio. Dans ce disque on trouve également "La chanson dans le sang" poème de Prévert dont on a beaucoup parlé sur ce blog. J'en profite pour signaler au sujet du moment où Léo Ferré a pu découvrir Prévert, que tous les deux sont au sommaire du premier numéro de l'éphémère "Polyèdre - revue d'art et d'action" publié en novembre 1946.

Écrit par : Jacques Miquel | lundi, 27 octobre 2008

J'ai le 33-tours de Brasseur, ressorti plus ou moins récemment en CD. De mémoire, il ne dit pas l'intégralité du texte. Juste un passage.

Avec Gabin (De sacs et de cordes), cela fait deux comédiens de forte trempe à dire du Ferré. Il y en aura d'autres (Dussolier, avec Les Poètes, doit être le plus récent et il y eut évidemment Martin et Mesguich), mais pas du même tonneau.

Comment Brasseur a-t-il pu connaître Poète... vos papiers ? Vraisemblablement par Catherine Sauvage qui fut sa compagne, un temps. Mais il n'enregistre la poésie qu'en 1969.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 octobre 2008

Mais Pierre Brasseur, à l'époque où il vivait avec Catherine
Sauvage, allait souvent manger chez les Ferré,à Pershing,et sans doute aussi à Guesclin.C'était l'époque Paul Guimard aussi..
De plus, on oublie un peu trop que Brasseur fit partie du groupe surréaliste, et qu'il est resté lié à Breton, Péret et Aragon,pratiquement jusqu'à leur mort.
Rien d'étonnant à ce qu'il ait bien connu les textes de Ferré.
son enregistrement dure 5 mn...il ne doit pas être complet
donc.Je n'ai pas réussi à l'écouter en ligne, ça n'a pas marché.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 27 octobre 2008

Tout cela est certainement exact. Cependant, rien n'atteste le passage de Brasseur dans l'existence de Léo Ferré. Pas une trace, pas une photo, une allusion, rien jusqu'à cet enregistrement. Du moins, à ma connaissance, naturellement.

Je n'ai pas un excellent souvenir de cet enregistrement. Il me suffirait de poser le disque sur le plateau, c'est l'affaire d'un instant, mais je ne me rappelle pas que cela ait été très intéressant, comme interprétation. Enfin, je réécouterai.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 27 octobre 2008

Ses liens avec les surréalistes sont certains, et ont duré très
longtemps.
Quant à ses passages chez Ferré avec C.Sauvage, c'est
rapporté par Belleret dans sa bio.Je sais bien qu'il y a quelques
erreurs et approximations dans ce livre....Mais pour l'essentiel
de la bio, c'est quand même un des plus complets.

Écrit par : Francis Delval | mardi, 28 octobre 2008

Je veux bien le croire sur parole. Il n'en reste pas moins qu'aucune trace écrite, imprimée, ne subsiste.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 28 octobre 2008

Jacques,
monsieur Tout-blanc,monsieur tout-chant, gluplups a osé
monsieur tout-chiant...

N'auriez -vous pas dit ,inconsciemment, "Monsieur touchant" ?

Écrit par : Francis Delval | mardi, 28 octobre 2008

Euh... Pas inconsciemment du tout.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 28 octobre 2008

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