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lundi, 16 février 2009

Le vocabulaire religieux

L’objet de cette note n’est évidemment pas de tirer Léo Ferré vers l’Église ni d’en faire un croyant malgré lui, ainsi que le fit l’abbé Henry Bertrand en 1961, dans le premier livre (un opuscule, plutôt) qui fut consacré à l’artiste. Le sous-titre de son Léo Ferré était « Le cœur mangé par la cervelle », jésuitisme classique qui consiste (c’est une spécialité de notre civilisation judéo-chrétienne) à opposer ce qui est en réalité parfaitement complémentaire. Comme s’il était impossible d’être touché, ému, généreux, et de se servir de son cerveau en même temps. L’opposition crée ipso facto des interdits.

 

Il s’agit ici, bien plutôt, de tenter de montrer combien l’éducation chrétienne, fort stricte, qui fut celle des enfants Ferré, Lucienne et Léo, sous l’égide d’un père très pieux et autoritaire, a pu demeurer en l’homme mûr et se retrouver, de différentes manières, dans l’œuvre. Il n’est donc évidemment pas question de chercher des poux dans quelque tête que ce soit, mais d’examiner des textes que leur auteur lui-même a voulu rendre publics et qui, à ce titre, peuvent être commentés.

 

La messe est alors dite en latin par un prêtre qui officie tourné vers l’autel, dos à l’assemblée. On se tient, selon les temps de la célébration, debout, assis ou à genoux. Bien entendu, les fidèles ne prennent pas part aux lectures (célébration de la parole) et ne distribuent évidemment pas la communion (célébration eucharistique), ainsi qu’il est d’usage depuis Vatican II, concile que Ferré moqua d’ailleurs dans la seconde version des Temps difficiles. Léo Ferré passe, on le sait, huit années en internat dans un collège de Bordighera, tenu par les Frères des écoles chrétiennes. Il sait son catéchisme, est même primé pour cela. Pour le mariage de sa sœur, il compose une messe. Ses premiers contacts avec la musique se font dans le domaine du sacré.

 

Quand, ainsi que le font tous les jeunes qui quittent le foyer paternel, il rejettera l’ensemble de cette éducation et s’appliquera à devenir un homme libre, il aura beau faire, il ne se départira pas totalement de l’empreinte religieuse.

 

 

Les « prières inversées »

 

Les « prières inversées » annoncées dans Le Chien en 1969 avaient déjà été dites, notamment avec Thank you Satan (1961), chant de louange à proprement parler « inversé », dans lequel il s’agissait de remercier le diable pour tout ce qu’il permettait dans le domaine de l’« anti » et du non-conformisme, de la transgression libératrice des interdits. Il faut rappeler que cette chanson avait choqué en 1961. Son titre, déjà : cela ne se faisait pas. Son contenu, lui, choquait certains et enthousiasmait d’autres mais, quoi qu’il en soit, la chanson n’existait que par rapport à Dieu. S’opposer à Dieu n’est certes pas le nier, bien au contraire.

 

Quelques années auparavant, Léo Ferré chantait Merci mon Dieu, dont Thank you Satan est l’exact pendant, avec une inquiétude désolée qui était à tout le moins agnostique. Le refrain « Nous te disons merci mon Dieu », pour ironique qu’il fut, était surtout attristé, plein d’incompréhension. Cette incompréhension est manifeste au dernier refrain, devenu : « Nous te disons pourquoi mon Dieu ». Cette chanson fut peu interprétée, je crois, par son auteur qui, pourtant, en avait écrit et chanté d’autres, à commencer par, bien plus avant, Monsieur Tout-Blanc. Mais une chose est de s’en prendre au pape Pie XII qui est un homme, un individu – de Franco à de Gaulle en passant par bien d’autres, Ferré n’a jamais craint de dire leur fait aux puissants du moment – autre chose est de nier Dieu.

 

 

Un vocabulaire religieux laïcisé

 

Le mot amour est sans conteste le plus présent dans l’œuvre de Léo Ferré. Cet amour qu’il prônait comme seule et unique solution aux problèmes humains et aux relations entre les hommes… Cela m’avait conduit à titrer « Un programme d’amour » le premier chapitre d’un ouvrage ancien. Cet amour est aussi présenté comme la seule solution dans tous les textes chrétiens, en premier lieu dans l’Évangile. Que dit Léo Ferré ? La même chose, dont il retranche le Christ, son enseignement et son culte. C’est dire qu’il revendique l’amour d’une manière païenne, parce qu’il n’entend pas laisser aux prêtres ce qu’il tient pour seule échappatoire possible.

 

Cela étant – tandis qu’il s’amuse, avec un brin de provocation, à déclarer : « Mon père s’appelait Joseph, ma mère Marie, la ressemblance s’arrête là », tandis que, dans la quasi bagarre déclenchée un soir dans une salle où il se produit, il entre en scène, s’il faut en croire Frot, les bras en croix – on ne peut pas ne pas relever dans ses textes les expressions et allusions bibliques ou d’ordre religieux : « de toute éternité » (La Lettre, Le Chien) ; « comme un Christ de Véronique » (Faites l’amour) ; « Pour le prêtre qui s’exaspère / À retrouver le doux agneau / Pour le pinard élémentaire / Qu’il prend pour du château-margaux (…) Pour le péché que tu fais naître » (Thank you Satan) ; « catéchisme, ciboire, anges gardiens » (Les Morts qui vivent) ; « Le sourire de Dieu qu’on touchait de la tête (…) Et que Dieu voyant ça signe la fin du monde » (Rappelle-toi) ; « Comme un rictus d’encens quand s’ébroue l’encensoir » (Écoute-moi) ; « C’est le chemin de croix dans une discothèque / C’est la flagellation qui descend de sa croix » (La Vendetta)… La liste pourrait continuer longtemps et devenir une litanie. Elle vaut ici à titre d’exemple.

 

Il est préoccupé par l’idée de la trahison, du reniement. Celui de Saint-Pierre est présent : « Le chant du coq et le silence de Saint-Pierre » (À toi) et se retrouve dans L’Opéra du pauvre où il est demandé trois fois : « Vous connaissez cet homme ? », puis le coq chante, avec, ensuite, cette indignation : « Il l’a renié. Et il venait de bouffer avec lui ». Quand il traduit avec tristesse la « trahison » de Francis Claude qui a donné à Michèle Arnaud la place qui était la sienne sur l’affiche du cabaret, il écrit Judas, purement et simplement. Et tout y est : Judas Iscariote, les trente deniers, le baiser. Mais il transgresse en laïcisant cet épisode de l’Évangile et cela donne une chute très païenne : « J’valais beaucoup plus cher que ça ». Cela n’est pas seulement un mot, il me semble. Sans doute pensait-il qu’effectivement, le Christ valait davantage – et je sors ici de l’anecdote qui fait naître la chanson, afin de ne pas sombrer dans le biographisme. D’ailleurs, Y en a marre possède une chute qui évoque Jésus ; elle est écrite d’une façon un peu rude, un peu bourrue, mais une forme de regret y est présente.

 

Psaume 151 est une belle illustration de ce propos. A la suite des cent cinquante psaumes de David, Ferré écrit le cent cinquante et unième, qui traduit une vision du monde moderne dans un style et un phrasé religieux, avec un refrain en Miserere qui introduit toutefois des éléments bien contemporains. On note cependant que l’alternance de propos doux et violents est précisément celle qu’on trouve dans les psaumes de David, dont certains décrivent des batailles, des exterminations, des massacres, des horreurs. Le langage guerrier n’est pas absent des psaumes et celui millésimé 151, en cela, s’inscrit dans leur tradition stylistique. Évidemment, si Dieu est présent dans Psaume 151, c’est au travers non d’une soumission, non d’une déférence, mais au contraire d’une interpellation : « Les condamnés jouent au poker leur appétit / Et vous laissent Seigneur leur part de solitude / Le service est compris nous avons l’habitude / Descendez donc Seigneur dans notre connerie ». En cela, se tient la laïcisation du propos, mais la forme demeure invocatoire. Encore faut-il noter que la première version de ce texte, telle qu’elle parut en 1956 dans Poète… vos papiers !, ne comprend pas cet ultime quatrain, ajouté lors de la mise en musique, en 1970. 

 

La dénégation des choses sacrées, bien sûr, ne perd pas ses droits, et s’exprime avec ironie : « La prièr’ ça monte tout droit / Comm’ la fumée des hauts-fourneaux / À moins qu’y ait l’vent qui pass’ par là / Alors t’as prié pour la peau (La Grève); « Et puis l’curé qui fait la manche / Avec son pot’ dies illa / Y a pas qu’au guignol qu’y a des planches / Y en a aussi dans ces coins-là « (Les Retraités). Toutefois, la dénégation conforte l’existence : on ne peut nier, dénier, renier ce qui n’est pas. Dans ces textes, la prière, le curé, existent. Léo Ferré pourrait les ignorer : on peut fort bien ignorer ce qui est. Il ne le fait pas. Même dans Le Chien où il s’en prend à Dieu avec la plus grande virulence en citant dans son texte le mot de Bakounine, Léo Ferré suppose Dieu, quitte à « s’en débarrasser ». Encore une fois, je ne tire pas de conclusion et ne fais pas de lui un croyant contre son gré. Je dis qu’il choisit de ne pas ignorer, purement et simplement, ces choses.

 

 

Un vocabulaire religieux érotisé

 

La transgression, le péché s’expriment dans le cadre de l’amour charnel : « Tout ce qui est mal, c’est bon ; tout ce qui est bon, c’est mal ; alors, damne-toi » est le prologue donné à La Damnation ; dans L’Amour fou, on entend : « Lorsque vous me mettrez en croix / Dans votre forêt bien apprise » ; la chanson Écoute-moi laisse entendre : « Qui dira la passion du corton à la messe / Cette rouge chanson plus rouge que le sang / Qui dira la virginité de nos caresses / Quand il y passerait Jésus entre nos dents » où l’on va du vin de messe (à supposer que ce soit du bourgogne) contenu dans la coupo santo, comme on dit en provençal, aux caresses sanctifiant l’amour charnel ; dans Je t’aime, s’entendent les mots « (…) et que je te maudis / D’être à la fois ma sœur mon ange et ma lumière » ; dans Amria, il va jusqu’à écrire : « La Bible dans le fond du lit baille un chouya », ce qui est tout de même assez culotté ; mais la transgression n’est pas finie : « Quand mon ange gardien revient te faire luire » (En faisant l’amour) où l’on comprend sans peine de quel ange il s’agit ; et tout culmine dans Le Mal (« Dans tes yeux le mal qui se traîne / Comme une idée de crucifix »), chanson dans laquelle, de strophe en strophe, le Bien cherche sa voie (« Et puis dans l’ombre le bien qui coule / Dans la rivière de la nuit (…) Et puis dans l’ombre le bien qui écume / Comme des chevaux démarrés ») avant d’être vainqueur in fine : « Lorsque dans l’ombre le bien se lève / Comme le jour après la nuit »  – c’est-à-dire à l’achèvement de l’acte d’amour qui était le Mal mais, bien évidemment, un mal voulu, cherché, revendiqué, « succulé », pour reprendre un terme cher à l’auteur. On se damne, on pèche. Le plaisir vient de Satan. Satan qu’on remercie peut-être, mais le plaisir n’est pas libre, demeure contraint par une éducation traditionnelle, une profonde marque.

 

Il existe un autre texte où éclatent la transgression, la recherche blasphématoire. Il s’agit de Messe, publié dans le n° 11 (automne-hiver 2006-2007) des Copains d’la neuille. On peut y lire : « Donne-moi de l’alcool / Pour mes mains pour ma voix / Donne-moi de la marijuana / Ô Marie Marie / Donne-moi de la vie / Au bord de ta salive / Et couds-moi dedans toi / Couds-moi pour que je crois / Kyrie / Sainte Marie / Marie des rues Marie des joies perdues / Marie Jésus ta croix dorée / Marie tu dors Marie tu crois (…) Kyrie eleison / Je suis femme et j’ai des problèmes de cul ». Curieuse messe païenne où le physique (« Et couds-moi dedans toi ») rejoint le divin (« Couds-moi pour que je crois »), où la Vierge (« Sainte Marie ») rejoint la prostituée (« Marie des rues Marie des joies perdues »), où le refrain est la demande liturgique de prise en pitié – pour ceux qui l’ignoreraient, Kyrie eleison est ce que psalmodient les fidèles après que le prêtre a dit : « Préparons-nous à célébrer cette eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs » – qui se poursuit plus loin par Christe eleison, ainsi qu’il est d’usage.

 

 

Pour ne pas conclure

 

Je n’ai pas voulu citer de textes encore plus nombreux. Chacun peut les lire ou les entendre. L’important, je crois, est de dire qu’il existe, dans l’œuvre de Léo Ferré, un vocabulaire religieux remis en forme par l’auteur selon son éthique, son esthétique ou sa morale – on pourra employer le mot qui plaira – et ce loin des tabous supposant que l’auteur de Ni Dieu ni maître ne saurait être taxé de mysticisme ni même parler de ces choses. Indéniablement, il en parle, les cite ou les détourne. S’il existe une empreinte religieuse, fût-elle niée, dans l’œuvre, ce n’est pas le commentateur qui l’a laissée. Le commentaire se fonde sur l’état existant du corpus. En tout état de cause, il ne s’agit pas de choses cachées ou retrouvées dans un tiroir mais, dans l’ensemble, d’œuvres que l’artiste a lui-même rendues publiques (à l’exception de Messe qui l’aurait peut-être été un jour).

15:51 Publié dans Jalons | Lien permanent | Commentaires (17)

Commentaires

A propos des "temps difficiles",il faudrait expliquer ces vers:
" Au Vatican on n'est pas d'accord
Il dit qu'à Liège on a eu tort
Quand tu verras un pape sans bras
Avec quoi donc qu'il t'bénira "
Il s'agit de l'affaire dite de la thalidomide, en 61-62, un médicament antiémétique pour les femmes enceintes , mais qui
faisait des ravages ( des milliers d'enfants nés difformes, et
l'avortement était interdit).Une dame de Liège, n'ayant donc
pu avorter et ayant mis au monde un enfant sans bras, décida, avec l'accord de son médecin , de tuer le nouveau-né.
Il y eut à Liège un procès, et la justice belge fut clémente, l'opinion internationale, y compris dans certains milieux catholiques ayant pris fait et cause pour la mère.

Les chansons de " chansonnier" de ces années-là doivent
être bien obscures pour les plus jeunes,des "temps difficiles"
à "la complainte de la Télé"

Écrit par : Francis Delval | mardi, 17 février 2009

Non, Francis. Les Temps difficiles sont expliqués en détail dans la plupart des biographies. C'est devenu, précisément, le pont-aux-ânes du commentaire ferréen ; ça permet de remplir des pages... Pareil pour La Complainte de la télé, pareil pour C'est la vie... Pareil pour Le Conditionnel de variétés...

Je ne voudrais pas à ce propos sortir de ma réserve.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 17 février 2009

Comme je ne lis pas la plupart des innombrables bios sans
intérêt, je ne me suis jamais rendu compte de cela.Désolé.

Écrit par : Francis Delval | mardi, 17 février 2009

Ce sont ceux qui commettent ces livres qui devraient être désolés, Francis. Bref...

Je voudrais revenir ici sur ce que je vous disais en privé hier soir. En substance. Je me suis aperçu, en faisant cette note hier, que le sujet, au vrai, demandait pour être vraiment traité sérieusement, un mémoire entier.

Un mémoire bien fait, c'est comme un manuscrit, c'est trois-cents pages. A titre indicatif, cette note représente trois pages et demie au format A4, à interligne simple, en garamond de corps 12 (c'est-à-dire petit). Imaginez ce que donneraient trois-cents pages à l'écran, environ cent fois plus long que cette note, ce serait illisible. Bien sur, on ne lit pas trois-cents pages d'une traite. Mais moi, à l'écran, je ne lis guère plus de trois pages à la file, cela m'est impossible.

Ce sont les limites du blog. Le support n'y changera rien. Pour certaines choses, le papier reste irremplaçable.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 17 février 2009

Avec la variété et l'abondance des lexiques utilisés par Ferré, c'est un livre que vous devriez nous donner...Il y a de quoi faire.
Mettre 300 pages en ligne, ce serait une gageure intenable.

J'ai téléchargé pas mal de livres (presque toute la littérature
gréco-romaine,des livres de Hegel et Stirner en allemand, des
Dumas introuvables en librairie,etc....) Difficile de lire plus de 10
ou 15 pages à la suite...

Quant aux bios de Ferré , je me suis limité à l'essentiel depuis Sigaux.....Belleret,Patrick Buisson ( avec le temps), votre "la mémoire et le temps"(si vous acceptez qu'on le mette dans les bios )...Lacout, c'est du n'importe quoi...

J'ai acheté le Calvet de 2003, je ne l'avais pas ouvert depuis, c'est vrai qu'on trouve un bon nombre de pages sur
l'explication des "temps difficiles"....plus que sur "la mémoire
et la mer"....Calvet devrait se limiter à sa spécialité: les langues africaines....et Barthes (encore que sa lecture est parfois légère)
Mais je sais que vous ne dites rien sur vos confrères en
écriture ferréenne.

Écrit par : Francis Delval | mardi, 17 février 2009

.
Bonjour

J'ai apprécié votre analyse sur le rapport à la religion dans les textes de Ferré.

A une prochaine fois, pour découvrir les autres notes...

Chris.

Écrit par : Chris | samedi, 28 février 2009

On accueille un nouveau participant en espérant qu'il s'exprime plus avant, une prochaine fois. Bienvenue, Chris.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 28 février 2009

Cette note a été un peu zappée, en raison de celle sur l'habitude. Il faudra y revenir, car elle est très riche (je ne sais pas si c'est un texte que vous aviez déjà en réserve ou s'il est venu juste après que ce thème a été abordé sur le blog) et effectivement, "le sujet, au vrai, demandait pour être vraiment traité sérieusement, un mémoire entier".

Il est évident que l'éducation religieuse de Ferré y est pour beaucoup, qu'il faut prendre en compte cette donnée biographique, je reviens un peu sur ce que j'ai dit.

Question: que sait-on de ses connaissances sur le sujet. Car, il ne s'agit pas forcément que d'une éducation subie, il s'est peut-être intéressé à ces sujets. J'ai lu, je ne sais plus où, que Ferré avait donné des cours de catéchisme. Qu'en est-il? Connaissait-il les textes des saints pères, par exemple?

Écrit par : gluglups | dimanche, 01 mars 2009

Je suis très heureux qu'on revienne à ce sujet qui m'a toujours paru important et qui n'avait pas intéressé grand-monde jusqu'ici.

C'est Belleret qui nous découvre le fait qu'après ses études, Léo Ferré est revenu à Bordighera enseigner, entre autres, le catéchisme, l'établissement manquant de professeurs. Je ne sais pas d'où Belleret tient cette information, mais elle ne me surprend pas réellement. Et cela prouve surtout une chose, c'est qu'au collège Saint-Charles, Ferré était suffisamment estimé pour qu'on le recrute et qu'on lui confie un tel enseignement. Ce qui relativise fortement la peinture cruelle de la vie au collège, faite dans Benoît Misère.

Par ailleurs, en plus de ce que j'ai cité dans la note, il faut rappeler le texte peu connu des Vigiles : "Je vois un juif descendre d'une croix / Et qui vient les battre [les bourgeois] / Dans tous leurs théâtres". Il s'agit certes d'une chanson d'après-guerre célébrant la Libération, mais je rappelle qu'on parle aussi, dans la liturgie, de vigiles pascales (à la Pentecôte aussi, et pour toutes les grandes fêtes).

Qu'entendez-vous exactement par les textes des saints pères ? Les Actes des apôtres ? Les lettres de Paul et des autres ? Si c'est cela, il connaissait certainement l'ensemble du Nouveau Testament, ce n'est pas possible autrement, après huit années d'internat religieux durant lesquelles il servait quelquefois la messe, et durant lesquelles il chantait dans la chorale).

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 01 mars 2009

Et aussi probablement l'ancien testament....Les psaumes de David ( ...qu'il a prolongé...à sa façon) ...Le cantique des cantiques ...?..Dans plusieurs romans portant sur les internats
religieux ( ils sont en très grand nombre), de Peyrefitte à Gabriel
Chevalier, c'est un texte qu'on lit en cachette, une lecture interdite...Mais je sors encore du sujet....

Écrit par : Francis Delval | dimanche, 01 mars 2009

J'ai oublié de répondre à la question de Gluglups, pardon : "Je ne sais pas si c'est un texte que vous aviez déjà en réserve ou s'il est venu juste après que ce thème a été abordé sur le blog". Non, non, c'est un sujet que je voulais traiter depuis longtemps et je ne parvenais pas à le mettre en forme ; c'est venu un jour mais je me suis aperçu qu'il y avait là matière à un mémoire et que la note ne pouvait guère servir que de plan, et encore.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 01 mars 2009

"Qu'entendez-vous exactement par les textes des saints pères ?": je pensais à Tertullien par exemple, car c'est lui qui a le plus "théorisé" on va dire la question de la représentation du sacré, avec justement cette coexistence permanence, cette concurrence du véritable sacré et de la fausse apparence, du démon.

A propos, vous voyez une "laïcisation", une "érotisation", une subversion du langage sacré, mais dans la plupart des cas, on pourrait penser l'inverse et parler de sacralisation de ce qui a priori ne relève pas du divin.

Écrit par : gluglups | dimanche, 01 mars 2009

Je ne connais pas Tertullien et ne sais pas si Léo Ferré le connaissait.

Concernant la suite de votre commentaire, avez-vous des précisions à donner ?

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 01 mars 2009

Moi: "A propos, vous voyez une "laïcisation", une "érotisation", une subversion du langage sacré, mais dans la plupart des cas, on pourrait penser l'inverse et parler de sacralisation de ce qui a priori ne relève pas du divin."

Jacques Layani: "Concernant la suite de votre commentaire, avez-vous des précisions à donner ?" disons qu'il y a moins une "sexualisation", subversion, etc. des choses sacrées, qu'une sacralisation de l'érotisme ou, plus largement, du quotidien. Je dis cela de façon un peu générale et cela mériterait un véritable examen des textes. Mais je n'ai pas vraiment le temps ce soir. Je suppose que nous reparlerons du sujet...

Écrit par : gluglups | lundi, 02 mars 2009

J'aimerais bien, mais cela n'intéresse semble-t-il que fort peu de monde. Cela dit, je ne comprends pas bien, excusez-moi, ce que vous exposez.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 02 mars 2009

On y reviendra...
Je pensais moins aux exemples que vous avez choisis (et qui correspondent bien au propos exprimé) qu'à une démarche générale...

Écrit par : gluglups | lundi, 02 mars 2009

Bon, d'accord.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 02 mars 2009

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