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vendredi, 08 décembre 2006

De la terre à la lune

Écrite en 1954, Y a une étoile attendra 1990 pour être enfin enregistrée par Léo Ferré dans son disque Les Vieux copains, paru chez EPM. Cette valse lente s’inscrit au registre des considérations métaphysiques de Léo Ferré, quand il lui arrive, et c’est fréquent, d’interpeller sans façons le soleil (Le Soleil de Baudelaire, Soleil de Bérimont, Ça s’lève à l’est…), la lune (La Lune), la terre (Elle tourne... la terre), le vent (Le Vent, Mister the wind, Vous savez qui je suis, maintenant ?), la nuit (La Nuit, La Sorgue), la vie (La vie est louche, La Vie, C’est la vie, La Vie d’artiste, La Vie moderne…), la mort (La Mort, Ne chantez pas la mort de Caussimon, Je vous attends…)

Ici, tout se rejoint, l’étoile, la terre, le soleil… On s’adresse à la terre qu’on remet à sa place, à qui l’on demande de bien vouloir ne pas geindre en permanence (« Salut ma vieill’ copin’ la terre / T’es fatiguée ben ! nous aussi »). Il y a une étoile, deux étoiles, mille étoiles qui veillent sur le poète. Heureusement, car la terre, pendant ce temps, que fait-elle ? Ferré lui dit son fait : « Tu dormais (…) / Tu peinais à charrier sur ton dos des continents d’misère ». À cette prétentieuse, il rappelle les réalités : « Y a des amants qui font leur lit / En se fichant pas mal de tes frontières ».

La terre, ce n’est pas la première fois que le poète l’engueule. En 1948-1949, il lui disait déjà sa façon de penser dans Elle tourne… la terre : « Tu peux tourner moi j’m’en balance (…) car j’ai ma chance (…) moi j’ai tout l’temps ». Pour finir, il l’apostrophait : « Essaie donc la marche arrière (…) / Vas-y la terre… moi j’suis pas pressé ».

Ces chansons ne sont pas innocentes. Ce sont des valses, elles sont dansantes, elles tournent (c’est bien le moins, en l’espèce). Mais elles n’esquivent pas les problèmes essentiels et induisent deux des grands thèmes lyriques : le temps qui passe et, donc, la mort. Une lueur d’espoir, cependant, pour donner à la terre une chance ultime : voler quelques unes de ces étoiles et, avec elles, « mettre au front d’la société / Des diamants qu’on pourrait / Tailler à notr’ manière ». Cette manière-là, c’est celle de ceux que Léo Ferré montrera, au fil des années, dans le triptyque Les Poètes, Les Artistes, Les Musiciens, complété par Les Anarchistes qui, en quelque sorte, viennent s’y ajouter, pour constituer une tétralogie.

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (0)

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