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vendredi, 26 janvier 2007

À la recherche de Guillaume

À part, naturellement, La Chanson du mal-aimé, les mises en musique d’Apollinaire par Léo Ferré n’ont jamais été regroupées dans un disque. Comme si son oratorio lyrique avait remplacé en lui toutes les interprétations éparses qu’il a pu faire et le dispenser de construire des ensembles comme il le fit pour d’autres poètes.

On en est réduit, par conséquent, à imaginer ce qu’aurait pu représenter la réunion dans un ou deux grands microsillons des pièces suivantes.

Le Pont Mirabeau (studio, 1953).

Marizibill (Bobino, 1969).

L’Adieu (studio, 1970).

Marie (studio, 1973).

Marie (Lausanne, 1973).

Marizibill (Théâtre des Champs-Élysées, 1984).

La Porte (Théâtre des Champs-Élysées, 1984).

L’Adieu (Théâtre des Champs-Élysées, 1984).

Les Cloches (et) La Tzigane (studio, 1986).

Marie (TLP-Déjazet, 1986).

La Porte (TLP-Déjazet, 1986).

L’Adieu (TLP-Déjazet, 1986).

Les Cloches (et) La Tzigane (TLP-Déjazet, 1986).

Le Pont Mirabeau (TLP-Déjazet, 1986).

Marie (studio, 1986).

Automne malade (studio, 1990).

 

medium_Apollinaire_par_Marie_Laurencin.2.jpg

 (Tableau de Marie Laurencin)

 

Ces enregistrements, qui plus est, s’étendent de 1953 à 1990, sont épars dans les catalogues de plusieurs maisons d’édition phonographique, et sont réalisés avec des accompagnements aussi divers que l’orchestre de J. Faustin ; au piano, Paul Castanier ; arrangements et direction d’orchestre de Jean-Michel Defaye ; arrangements et direction d’orchestre de Léo Ferré ; orchestre symphonique de Milan dirigé par Léo Ferré ; au piano, Léo Ferré ; a capella ; à l’accordéon, Jean Cardon. Certains ont été effectués en studio (parfois dans des versions différentes), d’autres en public uniquement (parfois dans des versions différentes, eux aussi), quelquefois les deux. Quelques uns existent, parallèlement au disque en public, en DVD, dans des récitals filmés par Guy Job.

Je trouve d’autant plus étonnant que Léo Ferré ait laissé ces poèmes en chansons ici et là, qu’il se disait lui-même, sur le plan de l’écriture, très influencé par Apollinaire : « Du point de vue poétique, j’ai surtout été influencé par Apollinaire. (...) Il avait cette espèce de parole d’avant la parole, il parlait comme un grand oiseau sur la pierre » [1]. On a vu précédemment qu’il avait même marché sur ses traces avec son Bestiaire.

______________________

[1]. Françoise Travelet, Dis donc, Ferré..., Hachette, 1976 (rééd. Plasma, 1980 ; La Mémoire et la mer, 2001).

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (16)

Commentaires

Au vrai, il est intéressant de remarquer qu'il existe de longues périodes "sans", des "trous" dans la mise en musique d'Apollinaire (ou, plus précisément, dans les enregistrements) : entre 1953 et 1969, rien (je mets toujours le Mal-aimé à part), alors que, dans le même temps, paraissent trois 33-tours consacrés à Baudelaire, un à Aragon et deux à Verlaine et Rimbaud, sans parler des mises en musique éparses de Bérimont, Mac Orlan, Dimey, Seghers, Rouzaud, Mouloudji, Delécluse et Senlis, Caussimon, j'en passe... De 1970 à 1973, deux poèmes épars (des faces B de 45-tours). Dans cette période, j'isole encore le réenregistrement du Mal-aimé. Et puis, de 1984 à 1986, grand retour de Guillaume Apollinaire : nouvelles interprétations, nouvelles mises en musique, réenregistrement de versions studio antérieures (ce qui n'empêche pas un 33-tours dévolu à Caussimon). Dernière mise en musique parue en 1990, superbe prise en studio, isolée, ultime.

N'oublions pas que, parallèlement, Léo Ferré poursuit ses mises en musique puisque nous connaissons, depuis, les bandes de travail de Verlaine et Rimbaud déjà publiées et que celles des nouveaux Baudelaire vont paraître cette année. Et là-dedans, pas de place -- à ma connaissance, du moins -- pour un ensemble "Apollinaire". Or, il a déclaré lui-même, je ne sais plus où exactement, qu'il avait écrit d'autres musiques (Zone, entre autres).

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

léo ferré aurait mis Dimey en musique?jamais entendu parler;pour "zone",oui,on a parlé,même d'un enregistrement maison qui existerait,mais j'ai aussi oublié l'origine de l'information

Écrit par : francis delval | vendredi, 26 janvier 2007

Mais si, le texte de Dimey : Les P'tits hôtels, chanté par Zizi Jeanmaire. J'en ai parlé dans L'Ogre et le chien, ici-même :

http://leoferre.hautetfort.com/archive/2006/11/16/l’ogre-et-le-chien.html

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

Le dvd Ferré chante les poètes...

Écrit par : Raoh | vendredi, 26 janvier 2007

Euh, oui, eh bien ? Je ne comprends pas bien votre idée.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

C'est là que sont évoqués les poèmes mis en musique !

Écrit par : Raoh | vendredi, 26 janvier 2007

Ah, vous voulez dire que c'est là l'origine de l'information pour Zone, par exemple ? D'accord. Soyez moins elliptique, vous êtes ici chez vous, prenez votre temps.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

En tous cas, ce n'est peut-être pas la source première mais l'information y est relayée ! Le peu de mots avec lequel je me suis exprimé tout à l'heure, c'est juste une mauvaise habitude prise sur des forums.

Écrit par : Raoh | vendredi, 26 janvier 2007

Oui, oui, je ne suis pas chez moi et je n'ai pas le DVD sous la main, mais il me semble bien, en effet, que c'est là.

Ah, les forums ! Ici, vous pouvez développer à loisir, ne vous en privez pas.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

j'ai pris le blog en marche,je n'ai sans doute pas lu tous les textes...pour Apollinaire,notons que 'sauf mémoire défaillante tous les textes mis en musique viennent d'"alcools";il était probablement moins attiré par les "poèmes à Lou" et par la guerre et les tranchées,je veux dire moins l'envie de les chanter
Signalons une autre influence possible :les "calligrammes",dont on retrouve l'esprit dans les textes de "l'éternité de l'instant",avec la disposition typographique qui s'inspire de la structure des photos de Grooteclaes en regard;ce n'est pas au sens propre un calligramme,plutot une sorte de double typographique,de texte en miroir,en reflet.l'effet produit est assez savoureux

Écrit par : francis delval | vendredi, 26 janvier 2007

Oui, naturellement ! Il s'agit du coffret L'Eternité de l'instant, publié à Liège aux éditions du Perron en 1984 (voir à gauche le lien vers le Passage Léo Ferré). Cette disposition typographique m'avait frappé, à l'époque. C'est amusant parce qu'on s'aperçoit que, malgré la double contrainte (texte inspiré par la photo mais ne la paraphrasant pas, d'une part ; disposition typographique, d'autre part), les textes en question demeurent du Ferré.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

je les connais par le livre de Patrick Buisson,"avec le temps" aux éditions du Chêne (1995),où l'on trouve,outre une bio de Buisson,le texte de "métamec","l'éternité de l'instant" et "pureté,chagrin d'adulte",tous trois avec des photos de Grooteclaes,et un CD avec l'enregistrement public de "tu chanteras" et de "la mauvaise graine".Ces précisions pour ceux qui l'auraient laissé passer;ça m'étonnerait qu'il soit encore disponible...!
on voit qu'effectivement;Ferré demeure lui-même,même avec des contraintes:mieux,elles l'inspirent dans ce cas précis

Écrit par : francis delval | vendredi, 26 janvier 2007

Il n'est plus disponible, mais Ebay et les sites de vente en ligne permettent de tout trouver un jour ou l'autre.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 26 janvier 2007

juste un petit ajout à propos d'Apollinaire:Dans les années 70,mouloudji intercalait parfois dans ses récitals "la chanson du mai-aimé",mais non pas la version de Ferré:il la "disait",simplement.ça n'était pas mal non plus'je ne pense pas qu'il reste d'enregistrement.
Puisqu'il est question de mouloudji,je signale qu'il a enregistré en 1952,pour la radio"le condamné à mort ,de Genet,en entier,qu'il récite sur une musique élctro-acoustiqued'André Almuro.On peut télécharger sur le site "ubuweb sound" qui recèle des trésors d'archives sonores et visuelles,de Marinetti, Joyce et Breton jusqu à Lacan et aux cours de Barthes, en passant par les poètes beatnik et bien des choses surprenantes:la chanson est très peu représentée:on n'y trouve que les deux chansons écrites et chantées par Céline(louis-ferdinand!)
on est loin de Ferré,mais je pense que ce blog peut permettre de tansmettre des "info" utiles,et on n'est pas si loin du sujet car on y trouve aussi l'insupportable enregistrement du "Pont Mirabeau" par Apollinaire:que ceux qui ne le connaissent pas, ne manquez pas ça!
bonne écoute

Écrit par : francis delval | jeudi, 22 février 2007

désolé pour les fautes de frappe,vous lirez entre les lignes

Écrit par : francis delval | jeudi, 22 février 2007

Merci, Francis, pour ces informations. Le Pont Mirabeau par Apollinaire qui, le même jour, a enregistré Marie et le Voyageur, c'est insupportable pour nous aujourd'hui, mais lui trouvait qu'il chantait. Il disait qu'il écrivait ses vers en les chantant. J'ai évoqué ça dans l'étude "Avec Luc Bérimont", à propos de la poésie chantée, justement. Léo Ferré n'aimait pas cette diction d'Apollinaire, il n'aimait pas non plus celle d'Aragon d'ailleurs, ni celle de Breton. Il a toujours dit que les poètes ne savaient pas dire leurs propres vers. C'est en compositeur, je pense, qu'il réagissait.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 22 février 2007

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