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dimanche, 11 mars 2007

Corbière, Laforgue et Ferré, par Francis Delval

Je remercie Francis Delval de m’avoir adressé ce texte qui présente un point de vue original, inusité, sur Léo Ferré, par rapport à Corbière et Laforgue. Il est ainsi le deuxième à accepter d’être l’« invité du taulier ». J’en suis heureux.

 

Francis Delval est né en 1944. Professeur de philosophie (École normale, puis université). Centres d’intérêt : Schiller, Hölderlin, Hegel, Marx… Suit de très près les travaux de Rancière et d’Alain Badiou sur philosophie, littérature et politique. Près de cinquante ans de mémoire ferréenne. Un article à paraître sur l’écriture de Ferré.

 

 

Mets de la lune dans ton vin

(LAFORGUE, Petits mystères)

 

De ce qui a eu lieu en poésie dans la France de la seconde moitié du dix-neuvième siècle, les manuels ne retiennent en général, à l’ombre tutélaire du Hugo vieillissant, outre les Parnassiens, que les quatre grands, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Mallarmé. Les autres poètes sont cités avec parcimonie, et présentés comme poètes mineurs ou curiosités littéraires : je veux nommer ici Corbière, Laforgue, Nouveau, Cros, Jarry et quelques autres… Et puis ce Lautréamont encombrant dont on ne sait le plus souvent que dire et que faire : aimable canular selon Faurisson, négationniste invétéré, ou sommet de la littérature française selon Pleynet et Sollers. Mais dont, plus sérieusement, Blanchot a ouvert quelques portes…

Si nous les évoquons en ce lieu, c’est qu’il existe des liens avérés entre Léo Ferré et quelques uns de ces poètes.

On sait, par Charles Estienne notamment, que Ferré eut le projet de mettre Les Chants de Maldoror en musique. Il y a renoncé apparemment, même si avec Une saison en enfer et certains de ses textes, il a chanté de la prose.

De Laforgue, il a mis en musique au moins deux textes : le poème dit Le Viveur lunaire (le dernier poème de Locutions des Pierrots), et ce dès les années 40, si on se réfère au disque pyral retrouvé dans les archives, et dont le mauvais état n’a pas permis de sauver l’enregistrement. Mais aussi la Complainte du pauvre jeune homme (en 1952 ?) L’a-t-il enregistré ? C’est de l’ordre du possible. Il y a encore des enregistrements non réapparus, comme celui de La Fille des bois de Mac Orlan, passé plusieurs fois à la radio vers 1960.

De Corbière, Ferré a programmé, lors d’un récital consacré aux poètes, en 1964 ou 1965, et retransmis à la radio, Le Poète contumace, récité (ou lu ?) par Madeleine Ferré. Était-ce le texte intégral (le poème est fort long), Ferré l’accompagnait-il au piano ? C’est probable. C’est un souvenir de plus de quarante ans… Et Estienne signale, sans expliquer, que Corbière a influencé Ferré…

L’œuvre de Tristan Corbière (1845-1875) tient en cent cinquante pages : le recueil Les Amours jaunes, et quelques proses et poèmes divers. Verlaine le placera dans ses Poètes maudits. Breton rappellera son existence dans son Anthologie de l’humour noir, citant de larges extraits des Litanies du sommeil, où il voit une première manifestation de l’écriture non contrôlée. T. S. Eliot et Ezra Pound diront leur admiration pour cet auteur méconnu, et qui le reste, hélas.

L’œuvre de Corbière présente une grande diversité de formes et de thèmes, et semble galoper sur les siècles passés et futurs : des Rondels pour après, où il reprend la vieille forme du rondeau, en en jouant, pervertissant la forme par le contenu, avec malice, à La Chanson en Si qui fait par ses thèmes penser au sonnet de Cecco ; des grands poèmes des Gens de mer où Corbière innove à la fois par un usage nouveau de la ponctuation (tirets systématiques, lignes de points de suspension) et une langue quasi célinienne avant l’heure. Par exemple, ces quelques lignes tirés du Bossu Bitor :

 

– Ah tortillard!. . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

– Charivari ! – Pour qui ? – Quelle ronde infernale,

Quel paquet crevé roule en hurlant dans la salle ?...

– Ah, peau de cervelas ! ah, tu veux du chahut !

À poil, à poil, on va te caréner tout cru !

 

ou le texte peu connu La Balancelle, long poème aux mots systématiquement apocopés, qui semble cent ans avant frayer le chemin à Guyotat plutôt qu’à Bruant :

 

C’est comm’ culots d’gargouss’ gréés en grouins d’chiens

Et pis des pistolets, plein l’ventre d’leurs culottes

Longs comm’canul’à vach’s… paraît q’c’est leur marotte

 

L’inventivité linguistique de Corbière ne pouvait laisser Ferré indifférent, de par son lexique aux sources très variées : Corbière forge des néologismes, puise aux argots, au langage des marins, injecte à ses textes mots étrangers et localismes bretons, pastiche la grandiloquence hugolienne. Comme Rimbaud, il fait bouger la langue. Comme le fera Ferré.

Ajoutons qu’il est, arthritique et tuberculeux, tentant de se faire un prénom à l’ombre de son père Édouard, romancier maritime célèbre en son temps, et retiré dans sa tour de Roscoff, l’archétype rêvé du « poète maudit » (réalité – ou mythe littéraire qu’il faudra bien démonter un jour).

Les critiques considèrent Le Poète contumace comme un fidèle autoportrait de Tristan le maudit. Sans doute la raison qui fit que Ferré tint à le faire figurer à son programme.

Si « influence » me semble excessif, il y a bien entre Ferré et Corbière une « rencontre », un cousinage qu’il faudrait affiner par comparaison des thèmes et des styles, ce qui excède notre présent propos.

medium_Untitled-1.13.jpgJules Laforgue (1860-1887), poète mort jeune également de tuberculose, est davantage connu que Corbière. Il hante parfois les pages de quelques manuels ; outre les proses des Moralités légendaires (savoureux pastiches littéraires), ses poèmes se divisent en cinq recueils : Premiers poèmes (parfois assez convenus) ; Les Complaintes ; L’Imitation de Notre-Dame-la-Lune ; Des fleurs de bonne volonté ; Derniers vers (les plus audacieux).

Mettons d’abord au crédit de Laforgue d’avoir osé inventer le premier le vers libre.

L’œuvre va de chansons ou complaintes simples (en apparence) à de grands poèmes charriant un vocabulaire luxuriant. Comme Théophile Gautier, ce poète qui sut se faire aimer de tous, il utilise tout le dictionnaire. Ce n’est pas par hasard que L’Imitation est dédiée à Salammbô… où Flaubert accumule les mots rares.

Nous pouvons donc lire des « chansons », comme certains de ses poèmes lunaires, où il fait rimer, avec une insistance à la limite de l’autoparodie, « lune » maintes et maintes fois avec « fortune », mais aussi avec « brune » : la lune est déclinée sur tout le dictionnaire des rimes en « une » :

 

Ah ! la belle lune

Grosse comme une fortune

(Complainte de la lune en province)

ou bien :

Hélas ! Des lunes, des lunes

Sur un petit air en bonne fortune

(Avis)

et aussi souvent bien sûr « automne » avec « monotone »… Et Ferré empruntera à la Complainte du pauvre jeune homme le vers « Quand on est mort c’est pour de bon » qui termine la chanson Et des clous, à peu près contemporaine de la mise en musique probable de la Complainte. Cela dit, la formule est tellement courante, passée à l’état de proverbe, qu’on peut difficilement lui assigner un auteur !

Mais on peut lire aussi de grands poèmes denses, (La lune est stérile, Climat, Faune et flore de la lune, etc.), au lexique étonnant, où se bousculent mots précieux ou savants, créations verbales (« crépusculâtre »), mots-valises (« la violupté », « l’omniversel ombelliforme »)… Mais il n’hésite pas à mêler le « trivial » au « recherché » et à faire par exemple rimer « grottes basaltiques » avec « chiques » ! Cette distinction des registres de langue est purement « pédagogique ». Il est manifeste que pour Laforgue comme pour Corbière, il n'y a pas de vocabulaire spécifique de la poésie : tous les mots se valent, ce que Flaubert savait déjà.

Le registre laforguien de ses grands poèmes n’est pas sans évoquer celui du Bateau ivre… Un critique – je ne sais plus qui – avait montré de façon convaincante que l’essentiel du vocabulaire de ce texte majeur de Rimbaud avait été trouvé dans Vingt mille lieues sous les mers. C’est fort possible : Michel Butor a étudié la richesse du vocabulaire vernien, trouvant de véritables poèmes en prose dans certaines pages. Mais qu’il vienne de Verne ou du dictionnaire, c’est de peu d’intérêt : l’essentiel est la transmutation rimbaldienne et non l’origine du matériau.

De surcroît, Laforgue a utilisé tous les types de vers, s’accordant des libertés qui feront école. Ainsi, on ne peut lire certains poèmes de Laforgue sans penser à Apollinaire : de l’un à l’autre,  la conséquence est bonne. Apollinaire a repris le vers laforguien pour le relancer, de sa manière inimitable, dans l’autre siècle.

Prenons, par exemple, ces vers extraits de L’Hiver qui vient, un des derniers poèmes en vers libres, un des plus connus :

 

Les cors, les cors, les cors mélancoliques !...

Mélancoliques !...

S’en vont, changeant de ton et de musique,

Ton ton, ton taine et ton ton !...

Les cors, les cors, les cors !...

S’en sont allés au vent du Nord

 

Comment ne pas penser à Apollinaire (et je ne puis écouter J’entends passer le temps, de Caussimon, sans penser aussi immédiatement à Apollinaire…) ?

Et si je prends ces deux autres vers dans le même poème :

 

Que l’autan, que l’autan

Effiloche les savates que le temps se tricote

 

où nous trouvons autour de « savates » une allitération prolongée avec 6 [t], je ne peux pas ne pas penser à ces deux vers de Ferré :

 

Mes pieds ont engagé leur pointure marine

Dans des savates s’ulcérant au ciel zonier

(Les Roses de la merde)

 

où, à partir du même mot (rare en poésie, et que l’on retrouve dans Comme dans la haute), on a une allitération avec 4 [s] et un [z].

Je suis bien conscient que c’est ma mémoire qui opère ces rapprochements. Mais l’intertextualité existe : on ne crée jamais à partir de rien, il y a des traces, il y a des réminiscences pas forcément conscientes, et qui travaillent l’écriture.

Certes, ni Corbière, ni Laforgue n’ont « accroché » Ferré comme Baudelaire, Rimbaud, Verlaine ou Apollinaire. Mais ils sont, je pense, présents dans son œuvre, discrètement. On ne peut pas les compter pour rien. Il ne s’agit pas de trouver des sources à tout prix, mais de mettre en évidence des modalités d’écriture que l’on décèle chez Laforgue et Corbière, et qui se retrouvent souvent chez Ferré (de l’écriture de Ferré, on reparlera en un autre lieu).

À qui connaît Corbière et Laforgue, je n’ai rien appris. Si j’ai donné aux autres l’envie de les lire, cette note n’aura pas été inutile.

 

Bibliographie :

Jules Laforgue : Les Complaintes. L’Imitation de Notre-Dame-la-Lune (Poésie-Gallimard). Moralités légendaires (Folio).

Tristan Corbière : Les Amours jaunes (Poésie-Gallimard).

Collection « Bouquins » (Laffont) : Œuvres complètes de Rimbaud, Corbière, Cros, Lautréamont (il manque les lettres de Rimbaud).

Pour l'ambiance de l'époque, l'air du temps : Les Poètes du Chat Noir (Poésie-Gallimard).

À chercher d'occasion : Jehan Rictus, collection « Poètes d'aujourd'hui », n° 74, Seghers.

Toujours pour l'air du temps : Alfred Jarry, Œuvres complètes, 3 vol., Pléiade.

Nombreuses éditions des textes essentiels.

Commentaires

Notons le thème de la lune et du Pierrot, qui reviennent souvent chez Laforgue et que l’on retrouve dans « La lune »

Je m'appelle la lune
Tous les vingt-huit du mois
Je me refais une beauté au clair de terre
Je m'appelle la lune,
Et les Pierrots qui se foutent en croix
Dans mon quartier me désespèrent.
Je m'appelle la lune

Il est difficile, cependant, d’établir avec certitude des filiations. Ainsi la lune n’appartient pas au seul Laforgue, puisqu’on la retrouve dans un poème de Verlaine, « Clair de lune », lui aussi chanté par Ferré :

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres
Parmi les marbres

Dans « Je chante pour passer le temps », poème d’Aragon, on peut lire :

Nous avons fait des clairs de lune
Pour nos palais et nos statues
Qu'importe à présent qu'on nous tue
Les nuits tomberont une à une
La Chine s'est mise en Commune
Nous avons fait des clairs de lune

Mais il est vrai que Ferré lui-même a repris le thème lunaire dans différents textes, à commencer par
« Poètes, vos papiers » :

Bipède volupteur de lyre
Époux châtré de Polymnie
Vérolé de lune à confire

Mais aussi dans « Le chien » :

Pauvre mec mon pauvre Pierrot
Vois la lune qui te cafarde
Cette américaine moucharde
Qu'ils ont vidée de ton pipeau

Faut-il y voir une allusion aux missions de la Nasa, lesquelles en « colonisant » notre satellite lui ont fait perdre sa part de rêve et de poésie ? Sans doute. Et l’interpellation au Pierrot lunaire nous rapproche une nouvelle fois de Laforgue. Mais n’est-ce pas nous, lecteurs ou auditeurs, qui imaginons des filiations, guidés par nos lectures et notre mémoire littéraire ? Cela se pourrait bien. Il faut dire qu’avec Ferré tout s’interpénètre : la musique classique et la musique populaire, la poésie et l’anarchie, les chansons de Léo et les poètes maudits. Nous sommes dans le monde de la poésie et il est donc normal que chacun y pénètre avec son propre bagage poétique, celui qu’il s’est constitué au fil de ses lectures.

Écrit par : Feuilly | lundi, 12 mars 2007

Bien sûr, c'était au départ une allusion à la première marche sur la lune, en 1969. Le Chien a été créé peu après.

Ce texte, très intéressant, que nous a offert Francis Delval, vient appuyer la réflexion que j'avais proposée dans les notes "Ferré, qu'est-ce que c'est ?" et "Un OVNI artistique" : l'important n'est pas de savoir s'il est ou pas l'égal des grands noms auxquels, traditionnellement, on le rattache, mais de comprendre qu'il en est nourri -- cela, je pense, est incontestable -- et de tenter de voir ce qu'il a fait de ce matériau, de cette nourriture déposée en lui. La "piste" Laforgue et Corbière est d'autant plus intéressante qu'elle est nouvelle.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

Certes, le thème de la lune est très présent dans la poésie,surtout au XIX ème, et ce au moins depuis Musset.Mais Laforgue lui a consacré la totalité d'un recueil...La lune revient aussi comme un leit-motiv chez Ferré, avec plusieurs fois la rime "laforguienne" lune/fortune ( dans " la fortune,la lune,l'été s'en fout,le vieux marin..et peut-être ailleurs encore)
que ce soit nous qui a posteriori faisons les liens, c'est assez probable,mais chacun écoute ou lit Ferré avec toute sa culture,et peut en proposer sa lecture...la question de fond est
de savoir si nous pouvons mettre à jour ,quelque soit l'auteur,quelque chose comme une "vérité"....
Je donne ici à méditer une citation d'Arnold Schoenberg,qui,contrairement à ce qu'on pense,fut une homme d'une grande modestie, doutant toujours de la valeur de ce qu'il produisait,le moins terroriste des hommes:
""C'est une erreur de confondre le poète avec le poème.On peut forger un modèle à partir, de l'oeuvre,un autre à partir de la personne"
cette citation aurait pu figurer aussi dans la discussion de la note sur la "biographie"

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Mais bien sûr. C'est pour cela que j'entends la biographie comme UN DES éléments de critique, à classer à côté des autres ouvrages du genre. C'est un point de vue parmi d'autres. Et naturellement, il s'agit toujours de biographie "scientifique", pas de récit-fleuve romancé avec dialogues imaginaires et force anecdotes.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

PS......et n'oublions pas quant à les occurences de la lune chez Ferré "y'en a marre""le vent"-ou "lune rime avec "infortune",,"comme dans la haute",où nous avons à la fois "lune" et "savates"-lexique très laforguien!-"les copains d'la neuille" et "la sorgue" où Ferré fait rimer "lune" avec..."lunes".......j'en oublie sûrement, peu importe:il s'agit d'une image fortement récurrente.Mais gardons-nous de tomber dans uns approche thématique, du type :"la lune dans l'oeuvre de Léo Ferré",un des travers des études littéraires actuelles dans maintes universités...ça ne mène jamais qu'à des inventaires qui n'ont d'intérêt que repris
dans des approches synthétiques qui les dépassent
cela dit,il y aune prégnance et une présence le l'image et du mot qui n'est à mon sens pas qu'une facilité de poésie de sous-préfet aux champs
questions ouvertes.....

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

désolé pour la faute:lire bien sûr "quant aux occurences"

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Je viens de vérifier:dans "les copains d'la neuille","lune" rime avec "lune",dans "la sorgue",avec "lunes",en effet, et dans "la chemise rouge" avec "dune".Je n'en tire aucune conclusion,mais il est curieux de constater que dans "la mauvaise graine",les trois textes se suivent.....est-ce cela le hasard objectif?à méditer

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Ouh là là, si l'on en vient à discuter de l'ordonnancement même du recueil, j'ai peur qu'on n'en sorte pas. Le hasard objectif, c'est terrible.

Une chose m'étonne cependant : la rime, Léo Ferré la pratiquait... ou ne la pratiquait pas. Des vers non rimés, il en a toujours fait, même dans les tout-débuts (A la Villette, Cloches de Notre-Dame) et non pas, comme on va le répétant, après 1968 seulement. Par conséquent, pourquoi a-t-il cherché des rimes à "lune" en retombant toujours sur les mêmes quand il pouvait, tout simplement, ne pas rimer du tout ?

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

peut-être en s'autorisant justement de l'exemple de Laforgue?
c'est une hypothèse,et le mémoire revenant en tapant,si nous revenons aux savates laforguiennes,outre "les roses de la merde",on les retrouvent dans "les retraités',rimant avec "cravate",dans "comme dans la haute" rimant avec "bath", et six fois dans "la rue"où l'on
..traînée d'savat'savat'
..bourrée d'savat',d'savat'
et
...floppée d'savat',d'savat
rimant les trois fois avec "c'est bath.."

bon ça fait 9 savates

en me branchant parmi tant de mots de Laforgue sur "lune" et "savates",le lexique de Ferré devait me travailler,à mon insu
La présence de Laforgue chez Ferré est peut'être plus importante que je ne pensais,même si ici "savate" est apocopé à la manière de Corbière.
je ne conclus rien.Tout ceci est un simple inventaire.

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

C'est pourtant vrai, ça ne m'avait pas frappé, et pourtant le mot est comme vous le dites d'un usage rare en poésie.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

et dans "c'est une..."nous retrouvons deux fois "lune" et "brune" à la rime...
il y a comme une obsession"laforguienne" des années cinquante aux années quatre-vingt....Je répugne a priori à penser cela comme facilité ou paresse..autocitation,autoparodie,c'est net chez Laforgue,moins chez Ferré,mais c'est possible également;et il y a un tel travail d'écriture chez Ferré qu'on peut bien laisser passer quelque faiblesse...Quel poète est sans défaut?

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Et nous retrouvons dans"c'est une" deux fois "lune" et "dune",que penser:obsession laforguienne,autocitation,autoparodie,facilité,paresse...l'écriture de Ferré est tellement travaillée qu'on peut bien lui passer une petite faiblesse:quel poète est sans défaut?ça ne me gêne pas outre mesure,et Laforgue a montré la route

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Dans quel texte en prose dit-il, déjà, en parlant de la lune : "Les poètes la font rimer avec fortune" ? Je ne retrouve plus...

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

le commentaire arrivant en retard sur le blog avec le système anti-spam qui c'est mis en route,je l'ai remis avec des à-peu-près pensant l'autre perdu...Vous me posez une colle,je ne vois pas pour le moment,j'ai feuilleté quelques proses sans résultat.Mais parcourant "l'anarchie",je tombe sur la phrase:"Je suis roi de ma douleur":Comment ne pas penser aussitôt à Aragon,à l'admirable poème "Richard Deux
Quarante",que Colette Magny a mis en musique et chanté, et qu'on peut mettre à côté des meilleures réussites de Ferré concernant la mise en "chanson",poème dont le refrain est :
"je reste roi de mes douleurs"
C'est toujours le même question:emprunt volontaire ou
réminiscence non consciente?
Cette question se pose pour tous les écrivains,tous les artistes
même,ça pose le pb de la "citation"et là on retrouve le "bateau ivre" :Si ça vient de Verne, dans quelle proportion?
utilisation d'un lexique très particulier,sans plus- ou véritable pillage?On ne peut rien avancer sans examen minutieux.
(J'ignore de quel recueil vient le poème dAragon,je ne les ai pas tous lus;Si quelqu'un le sait,je suis preneur)

Écrit par : francis delval | lundi, 12 mars 2007

Je penche pour la réminiscence inconsciente. Léo Ferré cite en principes avec des guillemets, voire en soulignant de phrases du genre : "Comme dirait M. Aragon", ou "N'en déplaise à M. Truc", ou bien "N'est-ce pas, Machin ?"

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 12 mars 2007

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