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jeudi, 05 juillet 2007

Aimer Ferré

Je me suis toujours demandé ce que signifiait, pour ceux qui l’aiment, le fait de, justement, « aimer Léo Ferré ». La question vaut, d’ailleurs, pour tous les artistes et même pour tous les sujets possibles.

 

Aimer Ferré, est-ce que cela peut être l’aimer « comme ça », c’est-à-dire connaître quelques chansons et prendre plaisir à les écouter ? Ou bien connaître quelques chansons et apprécier d’en découvrir d’autres ? Est-ce avoir une vague connaissance de l’homme et de son œuvre, être à peu près capable de le situer artistiquement ? Est-ce collectionner stérilement les documents, de quelque nature qu’ils soient, pour le plaisir maladif d’accumuler des objets reliés par un thème ? Encore existe-t-il plusieurs niveaux de gravité de cette maladie communément désignée par le terme de « collectionnite ». Est-il utile de préciser que je n’aime pas (litote) les collectionneurs stériles ? Aimer Ferré, est-ce encore adouber tout interprète même médiocre qui ne vise qu’à se servir lui-même, et s’imaginer que la mémoire de Ferré et la vie de son œuvre ont besoin de l’interprète en question, ce qui serait d’ailleurs plutôt étonnant : confier la postérité (dont l’artiste lui-même n’avait que faire, d’ailleurs) à la nullité est un pari risqué. Aimer Ferré, est-ce pouvoir négliger la lecture d’ouvrages qui lui sont consacrés (il n’est pas besoin, je pense, de préciser ici que je ne mets absolument pas mes propres livres dans la balance ; ma question demeure de portée générale) ? Est-ce tirer un trait sur ce qui paraît a priori difficile et qui, concrètement, se révèle être, la plupart du temps, la partie de l’œuvre non chantée ? Est-ce refuser de considérer l’œuvre dans toutes ses dimensions et de tenter le cheminement intellectuel indispensable à la cohésion : y a-t-il grand-œuvre ou pas ? Et si oui, pourquoi négliger certains de ses aspects ?

 

Étudier un sujet, un domaine, une création, est une chose que je ne conçois pas sans un investissement complet : connaître l’œuvre dans le détail, lire tout ce qui a été écrit sur la question, en tirer des travaux personnels. C’est de cette manière que je procède, dans tous les domaines qui m’intéressent – ils sont nombreux – depuis toujours.

 

Que ce qui précède ne soit surtout pas mal compris. Loin de moi l’idée de dicter des conduites, d’imposer des points de vue. J’ai assez répété qu’ici, je ne disais pas le droit. Simplement, il me semble qu’aimer tel ou tel artiste, tel ou tel auteur, s’intéresser à tel ou tel domaine, cela ne peut pas être superficiel. Aimer Ferré, qu’est-ce que c’est ?

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (42)

Commentaires

Votre propos est complexe (et j'y ai répondu à ma manière en un autre lieu),car on peut aimer Ferré(ou un autre artiste) sans l'étudier ou faire des travaux personnels...Comme on peut travailler sur des artistes,des écrivains,sans qu'il y ait d'affect,a fortiori s'il s'agit de savants ou de philosophes:on ne dira jamais:"j'aime Einstein,ou Hegel ,ou Marx".La relation est essentiellement intellectuelle.On peut lire avec passion Céline ou Bernanos,et ne pas aimer,voire détester l'homme,privé ou public.
Je séparerai volontiers "étudier" et "aimer".Si les deux approches coïncident,tant mieux.
Ne pas être superficiel,certes,mais il n'y a nulle obligation de "travail": a minima,faire l'effort de comprendre quand l'oeuvre est difficile,"penser avec sa propre tête"-ainsi Kant définissait-il les Lumières-avant de chercher la solution ou l'explication auprès des "spécialistes",que nous ne sommes surtout pas....
Aimer Ferré,est-ce aimer tout Ferré,est-ce rejeter tout ce qui n'est pas Ferré,de façon autistique,est-ce se précipiter sur tous les interprètes de Ferré,y compris les plus nuls, etc...question très ouverte, Jacques,et qui devrait, si les visiteurs du blog sont conséquents amener,par cette note en miroir,autant de commentaires que "contester Ferré"

Écrit par : francis delval | jeudi, 05 juillet 2007

"Il n'y a nulle obligation de "travail" : a minima, faire l'effort de comprendre" : mon Dieu, c'est déjà un travail, ça...

Je pense qu'on peut étudier sans aimer -- en y étant contraint dans le cadre d'une formation, par exemple, ou d'un diplôme -- mais qu'on ne peut aimer sans étudier car ce serait aimer superficiellement, ce que je ne comprends pas très bien, je veux dire dans le cas précis de Léo Ferré, puisque son oeuvre comme sa personnalité ont toujours exacerbé les passions.

Ma question finale cerne mon propos : aimer Ferré, qu'est-ce que c'est ? Ce n'est certainement pas aimer tel ou tel artiste, même si ce n'est pas incompatible. Le rapport du public à Ferré est très intime, souvent très fort. Qu'est-ce que c'est ? De quoi s'agit-il ? Bien entendu, il faut exclure l'admiration gaga, qu'on peut nommer idôlatrie. Ce n'est pas une devinette, je n'ai pas la réponse.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

ce qui laisse entendre que le rapport à Ferré est d'une nature particulière....Que la passion que vous et moi avons pour Ferré est forcément d'une autre nature que notre intérêt commun pour Roger Vailland,par exemple
Reste à cerner cette particularité,à essayer de la définir,mais je ne suis pas en mesure de vous répondre:je ne sais pas.Je connais des gens qui disent aimer Ferré,mais qui n'ont jamais ouvert ses livres ou lu des choses sur Ferré...qui ne font que l'écouter...Qu'en dire?

Écrit par : francis delval | jeudi, 05 juillet 2007

Il est vrai, comme le dit Francis Delval, qu'on peut aimer un artiste ou un écrivain sans forcément devoir lire tout ce qui s'est écrit à son sujet. On retomberait alors dans les travers de l'histoire littéraire et de la critique. Faut-il préalablement tout savoir d'un auteur avant d'aborder son oeuvre? Je ne le pense pas. Le texte doit se suffire à lui-même pour ce qui est de l’émotion esthétique et de l’idée que l’on se fait de l’écrivain (ou de l’artiste).

Maintenant, il est clair que si on se dit passionné précisément par cet artiste-là, on n’imagine mal qu’on n’ait pas la curiosité d’essayer d’en faire le tour en lisant tout ce qui s’est écrit à son sujet.

Evidemment je fais ici une réponse de Normand : on peut se contenter du texte initial ou bien aussi lire ce qu’on a dit sur l’auteur. Je me déplace de l’aspect qualitatif (faut-il oui ou non avoir lu ce qui s’est écrit sur le sujet ?) pour me glisser dans le quantitatif (il serait tout de même bien d’avoir lu quelques livres). A partir de combien de livres lus devient-on un spécialiste ? La question n’a pas de sens.

Mais tu concéderas, Jacques, qu’on peu aborder Céline sans avoir digéré préalablement les 5000 livres qui lui ont sûrement été consacrés. Je dirais même qu’il serait préférable par lire d’abord Céline avant de se tourner vers les études. Après, si on veut approfondir, il faut le faire.

Le risque, en se référant d’office à la pensée d’autrui, c’est qu’on n’est plus capable d’avoir une opinion personnelle, or cela me semble primordial. Prenons les éditions de la Pléiade. Les notes sont certes très enrichissantes. Mais pour un poème de dix vers on se retrouve parfois avec trois pages de notes. Moralité : on a perdu l’émotion première. Sans doute perçoit-on alors un tas d’éléments qu’on n’avait pas remarqués par soi-même, mais c’est une démarche intellectuelle, plus une émotion. Or la lecture doit apporter les deux. A fortiori une chanson. D’ailleurs Francis Delval ne dit pas autre chose : je peux être capable de tenir sur Ferré des propos pendant plusieurs heures, reproduisant ainsi toutes mes lectures, mais est-ce que j’aime encore Ferré à ce stade-là ? Pas forcément, cela devient une démarche intellectuelle, doublée de psittacisme.

Écrit par : Feuilly | jeudi, 05 juillet 2007

Se contenter des chansons et ne pas avoir lu ses livres? Ce serait dommage, bien entendu. Mais est-ce que ce ne sont pas là deux domaines finalement différents? On pourrait adorer l'un et ignorer l'autre. Démarche regrettable sans doute, mais est-ce que ma lecture de ses livres va forcément m'éclairer pour la compréhension de ses poèmes? En lisant Benoît Misère, je comprendrai mieux le personnage Ferré, mais est-ce que j'analyserai mieux telle ou telle chanson?

Écrit par : Feuilly | jeudi, 05 juillet 2007

Feuilly, en ce moment, tu as l'art de répondre à côté de la question.

Il est bien évident que je suppose l'oeuvre connue et très bien connue lorsque j'évoque la lecture des livres qui lui sont consacrés.

"Mais est-ce que ce ne sont pas là deux domaines finalement différents ? On pourrait adorer l'un et ignorer l'autre" : aimer les chansons et ignorer le reste, c'est répéter la question que je posais dans la note : "Est-ce tirer un trait sur ce qui paraît a priori difficile et qui, concrètement, se révèle être, la plupart du temps, la partie de l’œuvre non chantée ?", mais ce n'est pas y répondre.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

Non, je ne répète pas la question. Je dis: on peut bien connaître les chansons et ne pas aborder les livres. Dans ce cas, on ne sera pas un spécialiste de Ferré, mais uniquement de ses chansons.

Et est-ce que c'est aimer Ferré que de connaître tous les éléments de sa biographie jusqu'au moindre détail?

Écrit par : Feuilly | jeudi, 05 juillet 2007

Francis :

"Ce qui laisse entendre que le rapport à Ferré est d'une nature particulière... Que la passion que vous et moi avons pour Ferré est forcément d'une autre nature que notre intérêt commun pour Roger Vailland, par exemple" :

Eh, voilà, justement. C'est la question. Il me semble bien que c'est d'une nature particulière. Laquelle ? Je ne sais pas, c'est intuitif. C'est pourquoi je posais la question.

"Je connais des gens qui disent aimer Ferré,mais qui n'ont jamais ouvert ses livres ou lu des choses sur Ferré... qui ne font que l'écouter... Qu'en dire ?" :

C'est très exactement le problème que je pose. Aimer Ferré, qu'est-ce que c'est ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

Feuilly :

"Et est-ce que c'est aimer Ferré que de connaître tous les éléments de sa biographie jusqu'au moindre détail ?" : mais qui diable parle ici de biographie ? Les livres qui ont été commis à son sujet ne sont pas exclusivement des biographies. Tu as dû faire un tour, je pense, dans le passage Léo Ferré (lien dans la colonne de gauche).

"On peut bien connaître les chansons et ne pas aborder les livres. Dans ce cas, on ne sera pas un spécialiste de Ferré, mais uniquement de ses chansons" : tu répètes bien la question, même sous une forme non interrogative. Et je ne parlais pas de spécialistes, dans cette note.

Aimer Ferré, qu'est-ce que c'est ? Les questions les plus simples n'appellent jamais des réponses simples, c'est terrible.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

Je ne saisis pas bien la démarche de Feuilly,qui sépare chez Ferré les livres et les poèmes:même si on peut (en forçant un peu)dégager des "périodes" dans l'écriture de Ferré,il y a quand même une unité,un lien entre le poème et la prose,et l'oeuvre non chantée guère plus difficile(ou tout aussi difficile) que les textes chantés.
Lire "Benoît-Misère",ce n'est pas que découvrir des traits autobiographiques:les liens entre sa prose romanesque et les poèmes sont quand même très étroits,même lexique,même types de métaphores,mêmes inventions verbales;je comprends mal qu'on puisse séparer les textes en deux ou trois types...Ferré est un des rares musiciens à avoir mis de la prose en musique....
Faut-il lire tous les livres écrits sur Ferré?Oui et non,il faut y aller voir,mais pas forcément tout garder...!
PS:une parenthèse:je viens de lire la notice de Wikipédia sur Ferré,je n'avais jamais regardé,que d'erreurs grossières..La mémoire et la mer viendrait de poète..vos papiers!,et Ferré est mort subitement.(sic!)...Ou alors c'est un détournement post-situ attardé

Écrit par : francis delval | jeudi, 05 juillet 2007

Il semble que Feuilly ait un point de vue diamétralement opposé au mien, ce qui est naturellement son droit. Bien sûr, je suis en accord avec Francis.

Wikipédia, c'est tout et rien, le pire et le meilleur. Je n'ai pas lu la notice dévolue à Léo Ferré.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

C'est d'abord une reconnaissance, une correspondance, une convergence, une complicité.
Le sentiment d'avoir rencontré et reconnu un frère. C'est çà, oui, une fraternité... intellectuelle.
Et puis ensuite arrive le besoin de l'entendre régulièrement, de l'écouter régulièrement, de le lire...
Après, cela devient une habitude, une saine et nécessaire habitude.
Voilà.

Écrit par : lmv | jeudi, 05 juillet 2007

J'apprécie votre sens de la synthèse et la simplicité de vos réponses, en général. Je trouve que le choix de vos mots est juste.

J'aimerais cependant que d'autres veuillent en dire davantage.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

A force de développer (dans le cadre qui nous concerne) une idée, une pensée, un thème, j'ai peur de ne plus bien voir.
Il y a parfois, dans ce que je lis, une sorte de dérive qui me donne l'impressiion d'assister à une dissection.
La dissection peut alors s'apparenter à un viol de l'intimité féréenne et un certain malaise s'installe.

Ne voyez là aucune agressivité.

Fraternellement à vous tous.

Écrit par : lmv | jeudi, 05 juillet 2007

C'est une remarque qui est souvent faite : dès qu'on étudie, on est supposé tuer l'émotion. Je ne le pense pas. Je crois que, là comme ailleurs, rien n'est incompatible et que l'on peut se demander des choses à propos d'une oeuvre, d'un artiste, on peut chercher loin et, dans le même temps (et, peut-être, dans un autre salon de son coeur) ressentir l'émotion et l'intimité complice. Je ne crois pas que rien s'oppose à rien. Il en va de la sensibilité et de la réflexion comme de saisons qui, plutôt que de se succéder, se déploieraient simultanément. De toute façon, Ferré, c'est la splendeur de l'été.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 juillet 2007

Non, je ne veux pas opposer les chansons et les autres écrits de Ferré. A la question : « Qu’est-ce qu’aimer Ferré ? », je crois qu’il faut répondre comme Imv : « une reconnaissance, une correspondance, une convergence, une complicité. Le sentiment d'avoir rencontré et reconnu un frère. C'est çà, oui, une fraternité... intellectuelle »

Je veux simplement dire que quelqu’un qui aujourd’hui découvrirait Ferré (n’ayant jamais rien lu ni écouté de lui ou sur lui) pourrait tout de même se dire, après avoir entendu une vingtaine de chansons : « J’aime ces chansons, ce sont des poèmes qui me touchent, qui éveillent quelque chose en moi. Je devine, avec cet homme qui les chante, une complicité certaine. »

Evidemment, à ce stade, on ne pourra pas dire qu’il aime Ferré, on devra dire qu’il a apprécié les vingt chansons. A partir de là, logiquement, il va continuer à lire et à écouter. On le retrouvera quelques années plus tard ayant élargi son champ d’investigation et ayant accumulé des connaissances. Bien sûr, à ce moment, il aura prouvé qu’il aime vraiment Ferré, puisqu’il continue à rassembler tous les éléments qui le concernent. Mais c’est plus par sa démarche d’investigation qu’il prouve cet « amour » que par la somme des connaissances accumulées. Bien sûr il aura du poète une vision plus juste, moins parcellaire et moins fragmentaire (associant les textes chantés et non chantés, les livres, etc.), mais finalement, ce qui comptera toujours, c’est la petite étincelle initiale, celle qui s’était manifestée au début, lorsqu’il avait écouté les vingt premières chansons.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 06 juillet 2007

Ce qui nous plait dans une personne - a fortiori un artiste - finit toujours par ressortir, même une fois qu'on le connait mieux. La raison d'aimer n'est pas la question de Jacques, mais elle en demeure un élément. Qu'on l'aime pour son "look" ou pour ses textes, pour sa musique ou pour ses prises de position va forcément orienter différemment la manière de l'aimer.

Dans la mesure où on aime tous les aspects de l'artiste (je ne parle pas d'idolâtrie, mais de référence ou comme il a été dit de complicité), on pourrait conclure à une sorte d'accompagnement par l'esprit. Mais se sentir du même bois qu'un autre, ou le désirer seulement, est une exigence qui peut incliner l'individu qui n'a d'autres références, ou qui n'y prend pas garde, vers une position dangereuse pour l'indépendance de celui-ci.
La question est donc un problème : comment aimer sans se dissoudre ? Multiplier les modèles est une solution.

Je dirais pour finir qu'aimer un artiste est souvent projeter en lui une part au moins de ses ambitions personnelles. Quand la part de projet des uns rencontre une réalisation visible chez l'autre, peuvent naître l'admiration ou la haine par envie ; c'est à mon avis l'histoire de Léo Ferré et de son public.

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 06 juillet 2007

une question sans doute stupide(puisque le plupart des participants à ce blog ont des pseudos):
Pourquoi y-a-il sur le blog si peu de femmes qui se manifestent? A part Martine,et de brèves apparitions d'Arkel...il y en probablement d'autres que j'ai oubliées....Le forum aussi-mais j'y vais rarement voir-est très masculin en majorité
Est-ce qu'aimer Ferré serait une affaire d'homme?Rassurez-vous,je n'en pense rien,mais j'aimerai bien entendre plus souvent des voix de femmes sur le blog

Écrit par : francis delval | vendredi, 06 juillet 2007

C'est vrai qu'il y a peu de femmes, c'est comme chez Hergé.
Peut-être que la poésie de Ferré, par son côté politique, anarchiste et désespéré éveille moins d'échos chez les femmes.

Écrit par : Feuilly | vendredi, 06 juillet 2007

J'avais déjà posé la question, autrefois, sur le forum. C'est comme ça. Je ne sais pas pourquoi. Peu de femmes s'expriment à propos de Léo Ferré mais, dans les salles où il chantait, elles étaient bien là.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 juillet 2007

Les femmes sont des êtres qui agissent et leur temps se répartit, même encore de nos jours, entre les attentions à un mari ou à des enfants quand ce n'est pas à une ou des associations.
Le discours est une péri-action, du moins peut être ressenti ainsi.
Le désespoir existe aussi au féminin, mais le plus souvent il se matérialise ; ça donne de la boulimie ou de la névrose. Quant à l'anarchie ou à la politique, les femmes sont tout sauf tièdes (de Louise Michel à Marine Le Pen). Ce sont surtout des êtres de présent, c'est du moins mon sentiment. Cela inclut l'avenir, moins le passé évidemment.
Si une femme intervient sur un blog, c'est par un souci de "faire vivre" quelque chose (même chez les blogueuses du crochet ou de jeux, il y a une dimension de partage). Pourquoi pas ici ? Certaines pensent peut-être - à tort - qu'une certaine partie de Ferré, son rapport au féminin justement le leur interdit ? Il se trouve que je suis de la mouvance "il est interdit d'interdire"...

Écrit par : Martine Layani | vendredi, 06 juillet 2007

Avez-vous remarqué que : FERRE est l'anagramme de FRERE?

Je viens à l'instant de le voir...

Écrit par : lmv | vendredi, 06 juillet 2007

Tiens, c'est exact. Je ne m'en étais jamais aperçu !

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 juillet 2007

Je suis une femme et je contaste l'étrangeté de ma relation avec Léo depuis des lustres J'aime puis je déteste mais j'y reviens toujours. Première impression de jeunesse Il n'aime pas les femmes. Erreur monumentale, Léo aime les femmes Il semble les connaitre si bien Mais il les aime vu par les yeux d'un homme (toujours ce decalage insoluble entre homme et femme) Il me semble que c'est un des rares hommes qui ait vraiment exprimé son ressenti vis a vis d'elles c'est a dire nous les femmes. Il semble etre allé tres loin dans l'expression de sa part féminine C'est peut etre pour cela que j'y reviens toujours (pour moi ses textes sont masculins sa musique féminine) Bon pas tres facile a explicité pourquoi j'aime Léo Est-ce que le sais moi-même Pas sur C'est un tout
Un politique anarchiste desespéré je trouve que c'est considéré Léo au premier degré Léo est bien ailleurs dans la galaxie

Écrit par : mélanie | lundi, 09 juillet 2007

Eh bien, bonjour Mélanie. Une nouvelle participante, chic.

Voilà qui est très intéressant : "Il semble etre allé très loin dans l'expression de sa part féminine. C'est peut-être pour cela que j'y reviens toujours (pour moi ses textes sont masculins, sa musique féminine)". Allez plus loin, je crois comprendre mais allez plus loin. La question de départ était : "Aimer Ferré, qu’est-ce que c’est ?", et non "Pourquoi l'aimez-vous". Vous apportez des éléments nouveaux. Développez, ce serait bien.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 09 juillet 2007

Des mots glanés : mettre plus ou moins sur le même plan Ferré d'une part, Roger Vailland de l'autre. C'est surprenant, parce que j'aime l'un et l'autre, et pour Ferré, je sais bien pourquoi et pour Vailland, je sais aussi pourquoi.

Mais l'idée ne me serait pas venue à priori d'associer les deux dans un commentaire, sauf que pour moi, j'ai découvert Ferré à 17 ans et Vailland un an après et sensiblement dans les mêmes circonstances (temps et lieu).

Je vais peut--etre essayer de développer à mon tour. Merci de donner de si beaux sujets de réflexion.

Les photographies dans le double album 33 tours original, de Léo Ferré chante Rimbaud/Verlaine montre qu'il aimait la femme, d'ailleurs, on peut aimer la femme et aimer l'homme en étant énervé, à certains moments, par les manies de l'un ou l'autre sexe - ou tendances dominantes.

Écrit par : Pivoine | lundi, 09 juillet 2007

Ah, je suis femme et rien d'humain ne m'est étranger.

Je me suis souvent exprimée sur Ferré, à travers mes blogs successifs. Mais j'ai fini par moins m'exprimer, soit parce que ja racontais la même chose, soit parce qu'on pouvait me prendre pour une pédante, soit parce que je ne pensais plus à ce chanteur.

Mais dans le néant musical (je suis peut-être trop sévère) actuel, où je désespère de découvrir un jour un Ferré, un Brel, un Brassens, un Ferrat... Je suis contente de trouver ce site. (Je résume).

Écrit par : Pivoine | lundi, 09 juillet 2007

Ah, bienvenue Pivoine (via le blog de Feuilly, je suppose). Enfin, des voix neuves en ce lieu.

Vous savez que j'aime aussi Vailland, ça tombe bien.

Développez, développez tout ce que vous voudrez, tant qu'il vous plaira.

Demain, paraîtra une note (si j'ai le temps de la faire ce soir) sur une journaliste de Marseille et sa façon de voir Léo Ferré. Puisque nous parlons de femmes...

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 09 juillet 2007

Aimer Ferré,au fond,c'est comme un rencontre amoureuse,ou du moins c'est du même ordre,de l'ordre de l'évènement qui appelle une fidélité....On écoute Ferré,on le lit, et puis ,soudain,avec tel ou tel poème,telle ou telle chanson,on a soudain l'impression que Ferré ne s'adresse qu'à vous,l'a écrit ou chanté pour vous seul:comme une adresse personnelle....ça peut arriver avec d'autres poètes et musiciens,mais avec Ferré depuis toujours j'ai ressenti un peu cela....
quant à Vailand,le propos n'était pas de le mettre en balance,sur le même plan avec Ferré...C'est que Jacques a aussi écrit sur Vailland,qui est un auteur que je connais bien .

Écrit par : francis delval | lundi, 09 juillet 2007

"sur le même plan que Ferré"serait plus correct,la fatigue du soir.....

Écrit par : francis delval | lundi, 09 juillet 2007

En tout cas, vous avez appelé des femmes, elles sont venues, Francis. Accueillons-les.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 09 juillet 2007

et voilà, j'y suis aussi allée de mon développement en forme de petit article-souvenir ;-) J'aurais pu encore développer - notamment quant aux souvenirs liés au concert, mais ça aurait fait une entrée kilométrique.

Merci pour l'accueil !

Écrit par : Pivoine | lundi, 09 juillet 2007

Aimer Léo qu’est-ce que c’est : c’est partir dans la galaxie avec un homme qui donne et qui ne quémande rien en retour. C’est partager l’amour a l’état pur, une sorte d’absolu. C’est écouter cette voix qui sur des musiques sublimes me susurre en douceur qui je suis et qui je ne suis pas même si les mots semblent provocants Ne dit-il « je provoque à l’amour…. » Qu’est-ce encore, c’est faire un bout de chemin avec un homme qui a su mettre sa musique et ses textes au diapason de sa vie. Il n’est ni mon guide ni mon idole mais ses paroles m’accompagnent et je découvre chaque jour un peu plus l’ampleur de son œuvre. Ai-je tout compris je ne crois pas Est-ce que je cherche à tout comprendre non Pour moi son plus bel hymne à l’amour est « la mémoire et la mer » le plus beau cadeau fait à une femme, tout y est

Écrit par : mélanie | mardi, 10 juillet 2007

Aimer léo ferre, vaste sujet....
Pour moi aimer ferre c'est aimer la vie
et comme a dit Francis " c'est comme une rencontre amoureuse"
mais c'est aussi la revolte, l'amour, les femmes,la poesie, la musique etc ............
Tout est "a saisir" chez ferre, il y a toujours quelques choses a comprendre dans ses textes ou ses musiques.
L'émotion est toujours présente

Écrit par : Griette jean yves | mardi, 10 juillet 2007

Je suis heureux de voir que ce sujet ouvre la porte à de nouveaux participants. Bienvenue.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 11 juillet 2007

Je passais, et je voulais laisser un mot de remerciement après une visite succincte de ce blog abondant dont j'ignorais l'existence.

Si je dois à ma collectionnite aiguë des dépenses d'énergie considérables quant au classement, à la notation et à l'archivage, je lui dois aussi ma découverte de Ferré il y a deux ans. Depuis, j'ai eu l'occasion d'écouter parmi les plus beaux morceaux qui m'aient été donnés d'entendre, et la naïveté délibérée qui accompagne cette démarche est je crois profondément incompatible avec une étude sérieuse de l'œuvre ou de l'homme.

Me spécialiser me fait trop peur ; je préfère rester l'enfant ébahit devant la beauté du monde. Et la seule étude que je fais de Ferré est celle de l'émotion qui se dégage de mes écoutes... essayer de le comprendre, mais sans l'analyser : de le comprendre comme on intègre, comme on s'approprie une œuvre pour en faire grandir l'amour que l'on porte à l'humanité.

Je n'aime pas Ferré « comme ça », je l'aime parce qu'il m'aide à aimer, parce qu'il a su aimer et a pu le pleurer.

Merci donc, pour ce blog où je suis arrivé par le lien suivant : http://www.google.fr/search?q=%22et+puis+dans+l%27ombre+le+bien+qui+coule+dans+la+rivi%C3%A8re+de+la+nuit%22&hl=fr&rlz=1B3GGGL_frFR310FR310&filter=0

Écrit par : Romanceor | jeudi, 05 mars 2009

Bienvenue, Romanceor. Je visiterai votre site, qui a l'air d'être abondant.

Ce blog existe depuis environ deux ans et demi et vous y abordez au moment où je décide d'y mettre fin prochainement, comme je l'ai indiqué dans la note "Information". Dommage. mais vous pourrez toujours, si le coeur vous en dit, lire ce qui a été écrit auparavant.

"Essayer de le comprendre, mais sans l'analyser" : vous posez le problème en termes opposés, comme cela, souvent, a été fait, en ce qui concerne Léo Ferré. Je crois cependant que, comme toujours dans la vie, rien n'est incompatible. Ce n'est pas "ça ou ça", c'est, la plupart du temps, "ça et ça". Vous verrez que l'étude ne tue pas l'émotion. Quand vous aimez une femme (l'émotion), vous cherchez à la comprendre aussi (l'étude), non ? Eh bien, pourquoi diable en irait-il différemment pour ce qui est d'un artiste et de sa création ?

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 mars 2009

Très jeune, j'ai eu la chance de voir beaucoup de films dont je ne garde que des bribes de souvenirs. Des couleurs, des goûts, des sons, des odeurs... des ambiances, parfois des scènes.
Quand j'ai vu l'adaptation du Procès par Welles à 17 ans, j'ai été bouleversé par le film. Et j'ai compris que je l'avais vu dix ans auparavant, et j'ai cherché à analyser la relation entre le souvenir et le ressenti devant le film : étais-je K. parce que j'avais été conditionné dans cette optique ? ou bien étais-je K. uniquement parce qu'on l'est tous un peu ?
J'ai beaucoup travaillé sur le sujet, et ça m'a beaucoup aidé. Mais petit à petit j'ai perdu ma passion pour le film ; j'ai eu l'impression de passer à côté de quelque chose, de ne pas pouvoir le découvrir par moi-même, de perdre l'essentiel finalement. Depuis, le film crée chez moi un manque, comme s'il était incomplet : je ne peux plus le voir que comme analyste, et j'ai peur de ne jamais retrouver l'amour que je lui ai porté quand je l'ai revu pour la première fois.

Donc j'ai très peur aussi qu'en analysant Ferré il m'arrive la même chose, alors qu'il me bouleverse tous les jours, même quand j'ai déjà écouté cent fois une chanson.

Et quant à la femme, si mon expérience limitée étant donné mon jeune âge ne me permet que des suppositions, j'ai l'impression que chercher à l'analyser peut être une erreur dans la mesure où ça n'aiderait pas forcément à mieux l'aimer. Peut-être que je me trompe, peut-être que je suis juste feignant, peut-être que je suis un idiot (celui qui dit "il y a quelque chose de plus urgent et je dois savoir ce que c'est avant de faire quoi que ce soit"). Mais je suis heureux ainsi, et le bonheur qui se dégage d'une analyse, d'une réflexion sur un sujet quel qu'il soit ne m'intéresse pas s'il doit me coûter ma passion, pour la femme, pour l'artiste, ou pour l'œuvre.

Vous l'aurez compris, je ne parle pas d'incompatibilité entre amour et analyse mais du risque de corruption, de perte d'intégrité vis-à-vis de l'objet aimé. Qu'il s'agisse là encore d'une femme ou d'une œuvre, la donne ne change pas : ne peut-on comprendre une femme sans l'analyser, la comprendre au sens de l'aimer pour ce qu'elle est, sans la disséquer ?

Écrit par : Romanceor | jeudi, 05 mars 2009

Pour ce qui est d'une oeuvre ou d'un personnage qu'on admire, trop d'analyse ne peut que vous conduire à vous connaître vous-même. Il ne faut pas en avoir peur. Pour ce qui concerne les femmes... elles aiment qu'on s'intéressent à elles, surtout d'une façon intelligente et vous verrez que si vous vous intéressez vraiment à quelqu'un, ce sera avec émotion. Jacques a raison, l'un ne chasse pas l'autre car, dans l'appréciation, il y a la place pour une large gamme.

Écrit par : Martine Layani | jeudi, 05 mars 2009

Eh bien, mon épouse vous a répondu la première. Vous voyez.

Cela dit, il n'est pas question pour moi (pour nous), ici, de vous imposer quelque vue que ce soit. Faites comme vous l'entendez. En attendant, vous aurez plaisir -- je l'espère -- à parcourir ce petit endroit de modeste réflexion.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 mars 2009

Je ne suis pas sûr de m'être bien fait comprendre. Il est évident que ce "trop d'analyse" ne peut que me conduire à me connaître moi-même... et ça a toujours été le cas quand je m'y suis efforcé, souvent avec des résultats considérables, tant pour ce qui est de Welles que par exemples pour Picasso, ou Kant l'année qui a suivi. Et je ne regrette certainement pas de l'avoir fait car cela m'a apporté énormément. Mais à chaque fois, j'ai perdu le regard d'enfant sur l'œuvre que j'ai étudiée, et mon amour s'il n'a pas diminué s'est transformé, corrompu.

Comment ne pas avoir peur de perdre un sentiment quand il est si fort, et même si c'est pour le renforcer encore ? Et si j'entends bien qu'il faudrait ne pas en avoir peur, je me demande si ça n'est pas cette peur qui justement permettrait d'éviter la corruption de cet amour. Ainsi, avoir peur - volontairement - et consciemment - ne pourrait-il pas permettre une étude dont les risques seraient amoindris ?

Le danger serait là de ne plus rien faire, d'être immobile... j'en ai bien conscience, et ma naïveté n'est pas niaise ; je cherche encore, j'ai tout mon temps.

Écrit par : Romanceor | jeudi, 05 mars 2009

Je crois qu'effectivement, vous avez cerné l'ensemble de la question. Il vous appartient de choisir... ou de vous laisser choisir par une décision qui se sera imposée progressivement à vous.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 mars 2009

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