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mercredi, 03 octobre 2007

De la durée comme sens

Les récitals de Léo Ferré ont toujours été parmi les plus longs. Dans les années 80, ils le seront davantage encore et s’établiront à trois heures (le spectacle de 1984 au Théâtre des Champs-Élysées, par exemple), parfois un peu moins : deux heures et demie (le spectacle Léo Ferré chante les poètes au TLP-Déjazet, en 1986). Il en ira ainsi jusqu’au bout.

Existe-t-il une signification particulière à cette durée très rare – au moins dans ce qu’il est convenu d’appeler « variétés » ? Dans ces années, Ferré n’est plus contesté, il chante dans un silence complet et une attention soutenue. Puis le public l’applaudit debout, à la fin du récital. Progressivement, il va même être applaudi debout dès son entrée en scène (par exemple, au TLP-Déjazet en 1990, entre autres). C’est dire qu’il dispose, pour chanter, du meilleur accueil et d’un public qui est a priori dans d’excellentes dispositions.

À ce moment de sa vie, il n’a vraisemblablement rien à craindre, artistiquement parlant. Il pourrait aussi bien ne se produire qu’une heure et demie, comme le font la plupart des chanteurs. Il chante deux fois plus longtemps. Pour le spectacle consacré aux poètes, il aurait pu chanter une demi-heure de plus, ne serait-ce que parce que son répertoire comprenait encore beaucoup de poèmes mis en musique, qui n’ont pas été retenus pour ce programme : il se limite cette fois-là à deux heures et demie, ce qui est de toute manière exceptionnel.

Cet allongement de la durée des spectacles se produit, paradoxalement, dans ces années où il chante le plus et où il parcourt, même si ce n’est pas lui qui conduit, le plus de kilomètres. Autant de raisons qui pourraient l’amener à chanter moins longtemps. Il n’en est rien. Sa résistance physique est un moyen, un outil, mais elle n’est pas une réponse à la question que je me pose : quelle est le sens de cette importante durée, ce à quoi rien ne l’obligeait ? Existe-t-il une réponse d’ordre artistique ?

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (4)

Commentaires

J’ignore pour quelles raisons artistiques Léo Ferré restait aussi longtemps en scène. Une des possibles motivations tenait sans doute au désir de faire connaître et vivre ses créations au-delà du disque.
On peut aussi considérer l’évolution de la forme et de la durée des récitals de l’artiste. Ses tours de chant de l’Olympia 1955, de Bobino 1958 et de l’Alhambra début 1961 occupent la seconde partie de spectacles dont la première partie se partage entre numéros de music hall et de variétés. En revanche Léo Ferré assure les deux parties à partir du même Alhambra mais fin 1961. Ce sera désormais la règle à de rares exceptions près (galas pour la fédération anarchiste ou d’autres circonstances). Que ce soit accompagné par des formations musicales (Defaye, Loussier..) au début des années 60 ou seulement par Paul Castanier jusqu’en 1973, invariablement le concert dure autour de deux heures coupées par un entracte. Ce n’est qu’à partir du moment où il est « seul en scène » que ses prestations sont allongées en moyenne d’une heure pour atteindre parfois plus de trois heures.

Écrit par : Jacques Miquel | jeudi, 04 octobre 2007

Bien sûr, mais cela, c'est un constat. Avec lequel je suis d'accord, certes. Cela ne nous donne pas de raisons artistiques, s'il en existe. Mais peut-être suis-je en train de me poser des problèmes qui n'en sont pas.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 04 octobre 2007

Peut-être n'y a -t-il pas de raisons artistiques mais Léo Ferré était un artiste consciencieux qui désirait satisfaire son public et lui montrer qu'il n'était pas pressé de partir,le côté artisan qui aime le travail bien fait.

Écrit par : Frédéric morino | jeudi, 04 octobre 2007

C'est probablement la bonne réponse, en effet. Le fait même que la durée des spectacles se soit allongée lorsque l'écoute est devenue totale -- ce qu'il appréciait certainement -- vous donne raison.

Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 05 octobre 2007

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