Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 03 décembre 2007

Ferré au Who’s who

On sait que les notices du Who’s who sont remplies selon un canevas préalable, mais toujours par les intéressés. Il peut, par conséquent, être intéressant de relever de quelle manière ils désirent se présenter, au fil du temps. On passera bien sûr sur la naissance et la filiation, immuables, comme sur les études suivies ou la liste des œuvres, pour examiner les éléments mouvants.

Léo Ferré entre au Who’s who dans l’édition datée 1959-1960, achevée d’imprimer au mois d’avril. Il se définit comme : « Compositeur. Artiste de variétés » et se dit : « Marié en 1950 avec Mlle Madeleine Rabereau (un enfant : Annie) ». Il donne pour adresse professionnelle : « 9, avenue Saint-Michel, Monte-Carlo, principauté de Monaco » et pour adresse privée : « 28, boulevard Pershing, Paris (17e) ». Il se présente donc comme marié au moment de sa rencontre avec Madeleine, qu’en réalité il n’épousera que le 29 avril 1952. Il présente la fille de Madeleine comme leur enfant. Il fournit l’adresse de ses parents comme domiciliation professionnelle.

Dans l’édition 1971-1972 du célèbre annuaire, il donne comme profession : « Compositeur. Artiste lyrique ». La mention de son mariage, de sa femme et de la fille de celle-ci n’a pas changé bien qu’ils soient séparés depuis 1968. C’est que son divorce n’est pas encore prononcé. Mathieu, lui, n’est pas encore connu. L’adresse professionnelle est toujours celle de l’appartement monégasque de ses parents. Il n’y a plus d’adresse privée, bien qu’il soit fixé en Italie.

Pour l’édition de 1973-1974, pas de changement dans la profession ni dans la situation de famille. Sans doute, la notice a-t-elle été rendue avant que le divorce soit prononcé, le 28 mars 1973 et, de toute façon, avant qu’il épouse Marie-Christine Diaz, le 5 mars 1974, avant, également, la naissance de Marie-Cécile, le 20 juillet 1974. L’adresse professionnelle est : « 54, rue Mazarine, Paris (6e) ». Aucune modification en ce qui concerne l’adresse privée : toujours Monaco.

Dans sa livraison de 1983-1984, après la profession, identique, on peut lire : « Marié (trois enfants : Mathieu, Marie, Manuela) ». L’adresse donnée est unique, c’est celle de « Castellina-in-Chianti, Italie (provincia di Siena) ». Sa première fille, Marie-Cécile, est encore appelée Marie.

Le Who’s who de 1984-1985 ne présente, sur les points qui nous intéressent, aucune modification.

Bien entendu, je ne possède pas toutes les notices et il aurait fallu disposer de celles, intermédiaires, pour établir un panorama complet. On voit cependant combien les dictionnaires biographiques peuvent, d’une manière générale, être sujets à interprétation, même lorsqu’ils sont mis à jour annuellement.

00:00 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (15)

Commentaires

Retrouve-t-on dans la notice, et depuis quand, le mention d'une licence de Lettres ( que Bourdieu avait relevée dans "la distinction")?Est-ce en plus du droit ou à la place?
C'est assez bizarre, car il n'en parlerait que là!

Écrit par : francis delval | lundi, 03 décembre 2007

Voici le relevé intégral de l’article consacré à Léo Ferré par l’édition 1975-1976 du Who is Who in France :
« Ferré (Léo). Compositeur, artiste lyrique. Né le 24 août 1916 à Monte-Carlo (Principauté de Monaco). Fils de Joseph Ferré, Directeur du personnel du Casino de Monaco et de Madame née Charlotte Scotto. Mar. (2 enf. : Mathieu, Marie). Etudes : école des frères des écoles chrétiennes, Collège de Bordighera, Collège Saint-Charles, Faculté des Lettres de Paris, Ecole libre des sciences politiques. Dipl. : Licencié es lettres. Carr. : speaker, aide-régisseur, pianiste à Radio Monte-Carlo, puis se consacre à la musique et à la chanson. Compositeur, parolier et interprète de plus de quatre-vingts chansons : Paris-Canaille, Le piano du pauvre, L’homme, Le bateau espagnol, Monsieur tout-blanc, L’île Saint-Louis, Le guinche, La fortune, Jolie môme, Paname, Les poètes, La mélancolie, Thank you Satan, Ni Dieu ni maître, Pépée, La Marseillaise, Merde à Vauban, Les anarchistes, C’est extra, La « the » nana, La solitude, Avec le temps, Night and day, A mon enterrement, Gueulante en pop majeur, La vie d’artiste, T’as d’beaux yeux tu sais, Ma vie est un slalom, etc. Mélodies sur des poèmes de Rutebœuf (sic), Villon, Verlaine, Baudelaire, Apollinaire, Aragon : Pauvre Rutebœuf (sic) , Les fleurs du mal, Sous le pont Mirabeau, etc. ; un oratorio sur La chanson du Mal-aimé donné à l’Opéra de Monte-Carlo (1954) ; une symphonie ; 2 concertos ; un opéra : La vie d’artiste (1950) ; un recueil de poèmes : Poète, vos papiers ; une biographie : Jean-Roger Caussimon ; un livre : Benoît Misère (1970) ; a mis en musique le Mal Aimé (de Charles Baudelaire – sic) à l’Opéra Comique. Adresse : prof., c/o Barclay, 143 avenue du Général de Gaulle, 92200 Neuilly. »
Pour répondre à Francis, on y relève effectivement les mentions d’études à la faculté des lettres de Paris et d’une licence en lettres. Pour les évolutions familiales la mention « Marié » a rejoint la réalité. Quant aux coordonnées, seule l’adresse professionnelle des éditions Barclay est communiquée. On ne manquera pas également de relever la référence du passage professionnel de Léo Ferré à Radio Monte-Carlo, qui semble revêtir pour lui une certaine importance. Il est pareillement très étonnant qu’en 1975 Léo Ferré ne revendique que 80 chansons à son actif dont le titre inédit « Gueulante en pop majeur. » Enfin, s’il est bien l’auteur de cette notice à quoi Léo Ferré pensait il en attribuant le Mal Aimé à Baudelaire ?

Écrit par : Jacques Miquel | lundi, 03 décembre 2007

Francis :

La fameuse licence de lettres qui étonne tout le monde... Il a fait droit et l'Ecole libre des sciences politiques, jamais lettres. On ne sait pas d'où elle sort exactement. A moins qu'il ait passé quelques examens de lettres en même temps que de droit, ou bien y eut-il un système d'équivalences (?)...

Jacques Miquel :

Cette notice reprend les précédentes, c'est pourquoi les "80" chansons demeurent. Le chiffre est celui donné de nombreuses années auparavant. La liste a été actualisée, pas la quantité. Le lapsus Baudelaire-Apollinaire est tout à fait dans la nature de Léo Ferré qui en faisait assez souvent dans des interviews et cela prouve justement que ces notices ne sont pas revues par l'éditeur. Gueulante en pop majeur n'est pas inédit : il s'agit du titre initial de... Préface.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 03 décembre 2007

Ou Ferré n'accordait pas grande importance à sa notice, et ne la faisait que par nécéssité professionnelle,par dessous la jambe(tire me la gamba..).Ou bien pensait-il qu'une licence de Lettres cadrait mieux avec son "métier" que des études de droit.A sa première inscription , il ne devait pas y avoir encore de biographie de Ferré.Rien avant Sigaux.Mais probablement des articles ou des entretiens.mais où la bio était eu peu laissée de côté.
Et s'inscrire au Who's who, c'est sûrement pas donné (étant donné le prix de la consultation sur le net!)..Autant se faire une notice sur mesure, bien qu'au fil des ans, il ait dû s'en fiche éperdument, commettant lapsus et fautes sur les noms propres.
A noter une curiosité: il y a relativement peu de littéraires chez nos grands poètes et écrivains...Etudes de médecine, de psychiatrie (Breton, Aragon,Blanchot)philosophes (outre sartre et beauvoir, Queneau,Butor,Tournier.,Limbour,Nizan...etc),archivistes (Bataille) ou pas d'études ou presque.(vague école de commerce pour rené Char.Desnos, max Jacob, formés sur le "tas" et trente six métiers,et Genet....)
Ce n'est probablement qu'une illusion d'optique:on retient surtout les cas atypiques.

Écrit par : francis delval | mardi, 04 décembre 2007

Rien avant Sigaux. Si : le petit livret d'Henry Bertrand, en 1961 (voir la bibliographie, lien à gauche).

Tiens, c'est vrai, cette histoire des non-littéraires. Au XXe siècle, en tout cas. Mais comme vous dites, il doit y avoir des cas inverses, on n'y pense pas. Et c'est vrai qu'il ne m'en vient pas immédiatement à l'esprit.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 04 décembre 2007

de chic, sans recherche, ce n'est pas évident ...Céline est médecin,Gracq géographe,Leiris ethnologue,Saint-John Perse a fait des études de droit,La Tour du Pin sciences po,Péguy philo..Les littéraires sont durs à dénicher: il y a bien Roger Vailland ,Jacques....Tardieu, Brasillach (mais est-ce un grand écrivain?)......et puis?...
Blanchot est un cas;près de 15 ans d'études, allemand, philosophie, puis médecine, neurologie, psychiatrie, sans jamais pratiquer,gagnant sa vie comme journaliste.Etudes terminées, il s'est mis à écrire.
Tout ceci pour dire qu'une licence de lettres ne conduit pas forcémént à l'écriture, même si jusqu'aux années 60 ,les licenciés étaient peu nombreux.Si Ferré ne parle pas de ses études de droit, mais met en avant les lettres, ce pourrait être parce que cela lui donne une légitimité pour écrire,légitimité toute illusoire.Et pas de diplome en musique, comme il existe bon nombre maintenant....

Là, je suis dans la spéculation gratuite.

Une petite histoire vraie:Lacan, interne, lisait en salle de garde.Le grand patron passe: "Qu'est-ce que vous lisez , Lacan?"
-"Je lis Virgile", répond Lacan.
-"Mon pauvre Lacan, répond le professeur, vous ne ferez jamais carrière"
Cette anecdote m'a bien plu quand je l'ai lue.....Les spécialistes purs et durs, qui ne savent pas aller voir ailleurs,je m'en méfie toujours.

Ferré n'était pas un spécialiste,ce qui a fait sa force.

Écrit par : francis delval | mardi, 04 décembre 2007

Rappelons toutefois que la licence d'alors se faisait en quatre ans. C'est l'équivalent de la maîtrise.

Concernant les études supérieures de Léo Ferré, voici ce dont on dispose :

Automne 1935 : il est inscrit à la faculté de droit et à l'école libre des sciences politiques, section administrative.

Fin de l'année scolaire 1938-1939 : il obtient le diplôme de Sciences-Po (qui ne s'appelle pas encore comme ça).

Selon toute vraisemblance, il n'a pas terminé sa licence de droit. Selon ses dires, il n'allait pas souvent aux cours, du moins s'il faut en croire la chanson Quartier latin.

J'ai cherché à retrouver trace des archives de l'Ecole libre des sciences politiques. Si j'ai bien su fouiller leur site internet, les dossiers d'élèves ont été détruits. Il faut savoir que c'est une des règles archivistiques : pour certains documents, on ne conserve qu'un échantillonnage, établi selon des règles précises. Mais il n'est pas possible de conserver intégralement et systématiquement des dossiers d'élèves et, moins encore, des copies d'examens par milliers.

Toutefois, afin de ne pas tout perdre, on conserve des traces sommaires. Ainsi, pour la période 1871-1945, on doit disposer du fichier des élèves, de la liste des élèves diplômés, de statistiques et de travaux d'élèves (non précisés).

Ces documents se trouvent dans les archives de l'établissement (je rappelle que Sciences-Po a son propre service d'archives et ne verse pas ses fonds au rectorat), sous la cote 1 SP 11-13. Pour les consulter, il faut prendre rendez-vous avec Dominique Parcollet, 44, rue du Four à Paris.

Si quelqu'un veut s'en charger, il a là toutes les références. Je fais déjà des recherches dans tous les domaines, je ne peux pas tout faire. Je serais vraiment ravi d'en apprendre davantage.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 04 décembre 2007

C'est un point obscur de la bio de Ferré, mais est-ce vraiment un point essentiel?.....on sent que ça vous intrigue,ce "blanc" dans la bio....Droit ou lettres, est-ce très important au fond?

Pour la licence, je ne sais pas comment fonctionnait le droit.Mais la licence de lettres (ou de philo, etc..)ne se faisait pas en 4 ans:En philo, par exemple, il y avait 4 certificats à passer(Philo générale et logique;morale et sociologie;histoire de la philosophie;Psychologie ).Un bon étudiant la faisait en deux ans (2 certif par ans),en traînant la patte, ça pouvait prendre 3 ou 4 ans.Certains étudiants, à Normale sup,ou bûcheurs , comme S de beauvoir, arrivaient à les passer en une seule année.
Ce système, je l'ai encore connu dans les années 60,avec une année de "propédeutique" entre le bac et la licence.
La maîtrise a remplacé le "Diplôme d'études supérieures" (un mémoire) en 67, si mémoire bonne.

Écrit par : francis delval | mercredi, 05 décembre 2007

Si nous suivons Belleret, Ferré n'a pas beaucoup avancé dans ses études de droit, puisqu'il signale sa réinscription à la fac de Nice , automne 40, en troisième année, et celle d'Angeli en deuxième année.Ferré aurait abandonné avant la fin de l'année universitaire 40-41.

Écrit par : francis delval | mercredi, 05 décembre 2007

Oui, j'ai "connu" le DES quand je travaillais au service des archives du rectorat. C'est comme ça que j'ai découvert l'existence de ce diplôme disparu.

Eh bien, propé + trois ans, ça faisait bien quatre ans... Et licence, même en trois ans + DES, ça faisait bien l'équivalence de la maîtrise. Tout ça a été refondu après 1968.

Non, ce n'est pas que ça m'intrigue, c'est juste par souci de précision. J'aime les choses précises, au moins lorsque le sujet le permet. S'agissant d'un cursus universitaire, on doit pouvoir retracer une histoire, c'est quand même quelque chose de simple.

Effectivement, j'avais oublié l'inscription à Nice en troisième année de droit. Il n'est jamais parvenu à obtenir son troisième certificat et n'a jamais eu de licence complète.

Il faut dire qu'entre-temps, il a fait les EOR, a commandé (mal) une section de tirailleurs algériens, a connu l'exode de 1940. Dans ces conditions, je me demande si un étudiant -- déjà peu motivé au départ -- pouvait avoir envie de reprendre vraiment des études qui ne l'intéressaient guère. D'autant qu'en août 1940, il rencontre Odette, va voir Trenet et met en musique les textes de Claude Henry, la fille du propriétaire de l'Hôtel de Russie. En février 1941, il se produit pour la prmeière fois à Monaco. Il est déjà ailleurs.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 05 décembre 2007

Toujours à propos des études de Léo Ferré et d'un hypothétique cursus littéraire, voici ce qu'il déclarait à l'émission de radio "Le tribunal des flagrants délires" le 24 décembre 1980 :
L'animateur radio : Vous avez fait les études à l'école des Frères des Ecoles chrétiennes, au collège de Bordighera, au collège Saint-Charles, à la faculté des Lettres de Paris et à l'Ecole libre des Sciences politiques, et vous êtes diplômé d'une licence ès lettres...
Léo Ferré : Non, c'est faux ça. Je suis bachelier en droit, je ne suis jamais arrivé à passer la 3ème partie... à avoir la licence en droit. Cela dit et je m'excuse de donner ces détails dont je suis un peu honteux, je suis diplômé de la Section administrative de l'Ecole libre des Sciences politiques, 27 rue Saint-Guillaume à Paris...

Écrit par : Jacques Miquel | mardi, 26 février 2008

Bien, c'est donc entendu, il n'a pas de licence de lettres et le Who's who est erroné. Au moins, c'est clair. Pour Sciences-Po, personne n'est volontaire pour aller se renseigner, en fonction des références que j'ai données plus haut ?

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 26 février 2008

Mais,si je ne m'abuse,les personnalités inscrites dans le Who's woh rédigent leur notice eux-mêmes....Ce n'est pas une erreur, mais une "coquetterie" de Ferré....Il faudrait savoir de quand date cette notice,et si c'est bien lui qui l'a écrite.
Est-ce si important, au fond?

Écrit par : francis delval | mercredi, 27 février 2008

Bon, j'ai retrouvé la note avec les dates.

Écrit par : francis delval | mercredi, 27 février 2008

Oui, ce sont les intéressés qui rédigent leur notice. Mais il se peut qu'il ait confié ce soin à un tiers. Je ne crois pas à une coquetterie.

Bien sûr que non, ce n'est pas important, mais la discussion avait pris ce chemin, nous la poursuivons.

Cela fait partie des erreurs qui se promènent en permanence dans sa biographie, comme cette histoire de Madeleine qui n'a jamais été étudiante en philosophie, ainsi qu'on va le répétant.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 27 février 2008

Les commentaires sont fermés.