Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 17 janvier 2009

Dans les revues des années 60

Les revues des années 60 font appel à Léo Ferré à plusieurs reprises.

 

Dans son numéro 5, Janus dont l’objectif avoué est « l’homme, son histoire et son avenir » et qui n’hésite pas à affirmer « Janus, la grande revue des grands problèmes, répond dans ses cahiers consacrés à une seul sujet aux questions d’aujourd’hui sur hier et demain », propose le thème « L’Homme et ses idoles ». C’est dans cette revue que paraît pour la première fois Les idoles n’existent pas, cette belle prose de  Léo Ferré qu’on retrouvera dans la pochette du double disque enregistré en public à Bobino, en 1969. Les signataires des articles sont Mircea Eliade, Gabriel Marcel, Henri Noguères, Edgar Morin. On traite de la religion, de l’idolâtrie, des mythes, des symboles, de la science, du culte de la personnalité. On est alors en pleine vague « yé-yé » et Léo Ferré parle de la télévision et des idoles de la chanson. Son texte est suivi de Quand j’étais môme. Le rédacteur en chef est Claude Manceron, le directeur Noguères et l’éditeur, la Nouvelle librairie de France et Robert Laffont.

 

Le numéro 22 de Planète propose Pureté, chagrin d’adulte…: il s’agit de réflexions sur sept photos, des portraits en noir et blanc de la petite Marianne Grooteclaes, évidemment réalisés par son père. Au sommaire, entre autres, une découverte du dessinateur Desclozeaux. Planète est dirigé par Louis Pauwels, qui n’est pas encore un homme de droite. La revue s’installe dans le mouvement alors à la mode, mélange d’ésotérisme et de science-fiction, avec un brin de fantastique. Ce pêle-mêle aboutira plus tard à la collection « Les Énigmes de l’univers », dirigée chez Robert Laffont par le même Pauwels, collection à la couverture noir et or, qui sera très contestée pour son manque de rigueur et son sensationnalisme, alors qu’elle se prétendait sérieuse. Le texte de Léo Ferré sera repris dans un numéro hors-série de cette même publication, intitulé « L’amour à refaire » (au sommaire, Jean-Louis Barrault, Suzanne Lilar, Geneviève Dormann, Reich…) qui, quelques années plus tard, voguera sur la mer de la libération sexuelle, de l’amour libre, lorsque, dans la mouvance de 1968 et au cœur du féminisme grandissant, leur mode intellectuelle se sera affirmée.

 

Janus et Planète sont ce qu’il est convenu d’appeler des « revues de bibliothèque » ou des « revues-livres », c’est-à-dire qu’elles sont imprimées en offset, brochées comme de véritables ouvrages et disposent d’une couverture d’un grammage important, comparable à celui des livres. Leur contenu, qu’on l’apprécie ou pas, est assez solide. Elles n’ont de revue que le caractère collectif et la relative abondance de l’illustration (en noir et blanc ou en trichromie), chose alors rare en imprimerie. On observe qu’une mode graphique leur confère un format carré, d’ailleurs très agréable. Ce même format se retrouvera dans Plexus, revue traitant de sujets à connotation sexuelle (« Plexus décomplexe », est-il affirmé dans une allitération), dans laquelle Ferré ne signera rien mais où l’on retrouvera à plusieurs reprises le nom et les images de Grooteclaes.

 

L’éditeur Jean-Jacques Pauvert ayant repris Le Crapouillot, fondé avant-guerre par Galtier-Boissière, on voit paraître un numéro 66, spécial « Hommage au Crapouillot, histoire d’un journal libre et de son directeur, hommages, commentaires et souvenirs » contenant des textes de très nombreux auteurs (Rostand, Simenon, Lanoux, Guillemin, Paulhan, Maurice Garçon, Morvan Lebesque, Michel Vaucaire, Guy Béart, Roger Peyrefitte, Boudard, Max-Pol Fouchet…), dont Ferré. Curieux destin que celui de ce journal d’abord anticonformiste et frondeur, puis de gauche, qui deviendra d’extrême-droite quand Minute le reprendra. Pour l’heure, il est de grand format, a un dos carré, est sous-titré « Magazine libre trimestriel » et Léo Ferré y signe un article, à ma connaissance le seul où il salue publiquement un éditeur : « Jean-Jacques Pauvert – que je tiens pour le premier éditeur de langue française », écrit-il. Pauvert est alors l’éditeur non-conformiste, prenant des risques et connaissant de perpétuels démêlés avec la censure, comme son concurrent Éric Losfeld avec qui il arrive qu’on le confonde, notamment à cause de certaines similitudes de leur catalogue (surréalisme, érotisme, érudition).

 

Durant ces années, Ferré publie aussi quelques textes dans la presse, mais ils n’entrent pas dans le dessein de cette note.

 

Janus, n°5, « L’Homme et ses idoles », février-mars 1965.

Le Crapouillot, n° 66, « Hommage au Crapouillot », mai 1965.

Planète, n° 22, mai-juin 1965.

Dossier Planète, hors-série, n° 1, « L’amour à refaire », décembre 1971.

12:11 Publié dans Propos | Lien permanent | Commentaires (52)

Commentaires

Votre note montre bien le peu de discernement de Léo Ferré
en ce qui concerne certaines personnes...Jacques, vous dites
que Pauwels n'était pas encore un homme de droite..Certes, car
il a toujours été d'extrême-droite..Il fut de tout temps un "disciple" de Gurdjieff,ce "mage" ésotérique, cet escroc de l'intellect, qui laissa mourir de faim katherine Mansfield, et détruisit complètement le pauvre Luc Dietrich,que Lanza del Vasto essaya en vain de "récupérer"..Il a pu faire illusion dans
les années 60, mais il suffit de relire maintenant ce qu'il écrivait à l'époque, avec la distance on voit mieux les choses.
Qu'il ait parlé en 86 de "sida mental" pour les jeunes "gauchistes" est l' apogée d'un parcours "rectiligne"...
J'ai lu à sa parution "le matin des magiciens"...et je l'ai
mis à la corbeille à papiers.Esotérisme de pacotille, fausses
sciences, etc...Et ses romans ne valent pas grand'chose..

Quant au "Crapouillot"il mêlait encore des gens de gauche et
de droite (Simenon, Peyrefitte,Boudard ne sont pas particulièrement progressistes, même s'il est plaisant de les lire...Quoique Simenon ...plaisant ne convient guère..).

Mais comme vous l'avez noté, le virage vers l'extrême droite ne va pas tarder...

Janus, c'est plus mélangé..Mais l'ex-pétainiste Gabriel Marcel, le philosophe catholique est aussi proche de l'extrême-
droite.Et aussi le très réactionnaire Mircea Eliade, qui
fit partie avant la guerre de "la garde de fer" du régime
fasciste roumain, avec Ionesco et Cioran ..Eliade est toujours
resté dans une idéologie droitière...Ionesco et Cioran ont
pris leur distance avec leur jeunesse d'extrême-droite..
Quoique Cioran ait beaucoup fréquenté le cénacle de Gebriel
Marcel dans les années 40-50..

Ferré , oui, il n'a jamais eu la "tête" politique ni philosophique...Il faisait trop facilement confiance aux gens.
Il était comme ça..Mais on ne peut le soupçonner d'une
quelconque connivence avec la droite, ni avec la gauche
parlementariste.
Il était à l'établi du poème et de la musique...Tout un monde.....

Écrit par : Francis Delval | samedi, 17 janvier 2009

Exactement. Je pensais que la discussion, si elle naissait, aboutirait à ces conclusions. Vous avez grillé les étapes !

L'article consacré aux revues des années 80 n'a pas intéressé les participants. Je ne sais pas si celui-ci intéressera davantage. J'ai voulu présenter les revues, pour ceux qui ne les connaîtraient pas. Il est bien évident que vous, comme moi, vous les connaissez déjà.

Pour Pauwels, comme vous le dites, il pouvait alors faire illusion. C'est dans ce contexte qu'il faut traiter le sujet. Il n'a pas encore étalé son "ésotérisme de pacotille", comme vous dites à juste titre, il n'est pas encore directeur du Figaro magazine, il n'a pas sorti son "sida mental".

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 17 janvier 2009

Qu'on me comprenne bien, Jacques: le talent ou le génie
littéraire ou artistique n'est pas une question de position sur
l'échiquier politique.Mieux vaut lire de grands écrivains conservateurs au plan politique (ex:Flaubert, les Goncourt, Joyce),voire de grands écrivains ou poètes fascistes ou d'extrême droite que de médiocres progressistes ou d'une gauche quelconque.Il n'y a pas transitivité entre les deux;
Mieux vaut lire Marinetti ou Ezra Pound qu'un poétaillon du
PCF époque Thorez...Mieux vaut lire Céline, cet immense
créateur un peu "fol" qu'un quelconque romancier de gauche
dépourvu de talent..Ferré, à l'évidence a lu Céline...et Frot
fait du sous-Céline..
Le cas Céline est emblématique.Tous ses livres sont à
lire, c'est un créateur de mondes langagiers très inventif, le résultat d'un gros travail...Certains de ses livres ont trois ou quatre versions, avec encore des inédits.Par contre, ses pamphlets , toujours interdits à la réédition ,mais téléchargeables sur le net, sont très faibles , sans réel contenu
et sans inventivité linguistique...Un tissu de jurons et d'insultes, et du premier au troisième son écriture s'affaiblit
et se dégrade.( Hergé a piqué les jurons du capitaine Haddock dans les pamphlets de Céline..!!!!)

Un des plus grands écrivains du siècle dernier , Ernst Jünger, dont j'ai lu toute l'oeuvre qui est très volumineuse, a
toujours été de droite, un anarque de droite..(il préférait ce terme à anarchiste)....Il est un des rares allemands à ne pas
avoir pris la carte du parti nazi. Soldat le plus décoré de la guerre 14, il était intouchable et a mené sa carrière littéraire
jusqu'à sa mort, à 103 ans.Son livre"Les falaises de Marbre" paru vers 1938, est un livre antinazi...Il fallait oser, même
si la charge est cryptée...Tous les intellectuels allemands ont
compris.Si je cite cette oeuvre qui me passionne, c'est que
Christine Letellier fait à un moment référence au roman
"Eumeswil" de Jünger , et le rapproche de Ferré...Je n'ai
pas eu le temps de rechercher le passage.

( Jünger raconte dans son journal, qu'à Paris, Céline venait
souvent dénoncer des juifs à l'hotel Raphaël où il était installé
et qu'il en a sauvé un grand nombre en mettant les lettres de dénonciation à la poubelle..)

Ma conclusion est simple: lisez les grands romanciers, les
grands poètes, qu'ils soient de droite ou de
gauche, ce n'est pas cela qui fait le talent ou le génie..Il y a
grandeur quand la langue fait Monde...recrée le monde.

Laissez de côté les médiocres...Les Pauwels,les Peyrefitte,
de notre époque ....On peut les lire par curiosité, mais il y
a tellement de choses à lire, à voir, à écouter, à vivre...
Il vaut mieux lire Malraux ou Drieu la Rochelle, Roger Vailland ou Maurice Sachs...pour prendre des exemples dans les deux "camps",qu ' André Thérive (écrivain populiste des années 30) ,ou la poésie stalinienne des années 50 ( Y compris un certain Aragon, dont on peut oublier quelques
poèmes pompiers, ce que B.Péret appelait le déshonneur des poètes ).
Ferré a fustigé et la droite et la gauche, en bon "anar" antiparlementariste.Il est Ferré, ni de droite, ni de gauche.
Non récupérable, eut dit Sartre....

Écrit par : Francis Delval | samedi, 17 janvier 2009

Vailland avait projeté d'assassiner Céline qui, par la suite, l'a toujours brocardé. Amusant que vous citiez Vailland -- vous savez que je l'admire beaucoup -- juste maintenant : je viens de regarder les images que Marc Garanger (son ami et photographe attitré, son Grooteclaes à lui) fit de la guerre d'Algérie, alors qu'il était appelé du contingent, de 1960 à 1962. Juste avant de vous lire. Et je viens de lui écrire une lettre de remerciements pour cet ouvrage qu'il m'a envoyé après m'avoir téléphoné l'autre jour pour parler de Vailland. Amusantes coïncidences.

Écrit par : Jacques Layani | samedi, 17 janvier 2009

Pensez-vous Francis que l'on puisse dire de Ferré qu'il incarne l'anarque jüngerien ?

Écrit par : The Owl | samedi, 17 janvier 2009

Jacques: nous avons déjà ici même parlé un peu de Vailland, à
propos du livre de Courrière...Vailland m'a toujours intéressé, et j'avais même en 71 pensé à faire une thèse de troisième
cycle en Lettres sur Vailland, comprendre comment il avait pu
concilier en lui le libertin et le communiste.Mais le projet a avorté
car ça faisait trop de travail, en plus de la philo...

The Owl:Non , je ne le pense pas.La figure exemplaire de l'anarque est le personnage de Venator, dans "Eumeswil", et Jünger est très clair dans ses entretiens avec Julien Hervier (un de ses traducteurs)..Il n'a pas grand rapport avec la
figure de Ferré.
Pour Jünger, l'anarchiste est quelqu'un qui a des intentions, un projet politique.Mener un combat militant, voire par les armes, même s'il est différent du terroriste.

L'anarque, lui ,n'a aucune intention, aucun projet politique.
C'est l'homme arrivé à une certaine sérénité,l'homme naturel
dit Jünger..Il le rapproche de Stirner lorsque celui-ci écrit
"Rien ne l'emporte sur moi"..ou c'est un "César" ou un enfant
capricieux qui ne fait que ce qu'il lui plaît.Il évoque aussi
le Kierkegard du "Journal du séducteur"..Terroriste, nihiliste, anarchiste, anarque...les figures sont nombreuses, mais aucune à mon sens ne peut être applicable telle quelle à Ferré.
Gardons donc le terme "anarchiste " pour Ferré, puisqu'il l'a
revendiqué.

Écrit par : Francis Delval | dimanche, 18 janvier 2009

lire "Kierkegaard"...(le jardin de l'église , en damois, autrement
dit le cimetière...un nom dur à porter )..

Écrit par : Francis Delval | dimanche, 18 janvier 2009

Je conseille le livre d'Alain-Georges Leduc, Roger Vailland, 1907-1965, un homme encombrant, paru en 2008 chez l'Harmattan. C'est un livre touffu, très touffu, avec énormément de notes infra-paginales qui débordent sur la page d'après, avec beaucoup de considérations à la limite du hors-sujet, avec de très nombreuses allusions à la vie personnelle de Leduc, bref, une somme dont il aurait fallu alléger un bon quart, mais qui demeure très intéressant, notamment pour ce qui est du communiste libertin.

Écrit par : Jacques Layani | dimanche, 18 janvier 2009

Merci,Jacques , pour votre référence.Bien noté pour quand j'aurai le temps...

J'ai retrouvé le passage du livre ce C.Letellier où elle évoque
brièvement Jünger.
Quelques lignes, en citation:"Si Feré chante volontiers pour le fédération anarchiste,il..n'hésitait pas à supprimer la chanson "les anarchistes" lors de ces récitals pour éviter qu'elle ne
devienne un hymne.Par cette attitude Léo Ferré se révèle être
plus proche de l'anarque décrit par Jûnger dans "eumeswil" que de l'anarchiste.L'anarque ne veut régner que sur lui-même, et bien que non indifférent se veut libre de tout
engagement. dans le souci constant de préserver sa liberté"

C.Letellier prend ici "anarque" dans un sens restreint, alors que selon la caractérisation que Jünger donne dans ses
entretiens avec Hervier, mais aussi en de nombreux endroits de ses journaux et carnets, il donne une définition assez large
cf commentaire plus haut...
Serein , naturel,ces adjectifs ne conviennent guère à Ferré.
"enfant capricieux " peut-être..Il a quelques traits de l'anarque....

On pourrait à la limite dire que Ferré, par son côté "enfant"
- ce n'est pas péjoratif- est assez proche de l'anarque....
Mais l'anarque jüngerien est un personnage conceptuel
conservateur , un joueur,et ce côté conservateur , proche de la nature plutôt que de la culture, est quant au fond assez
éloigné de Ferré.Et l'anarque tient en fait assez peu de place dans l'oeuvre océanique de Jûnger.

L'anarque de Jünger ne se rencontre quasiment que dans le roman
précité, qui est un roman de politique-fiction, un monde
déjà transformé...où cette attitude de retrait un peu hautaine
et ludique à la fois est devenue possible pour quelques
élus...

Mieux vaut donc garder "anarchiste" , nom qu'il a quand
même revendiqué, assumé même si "le drapeau noir, c'est
encore un drapeau"...

Anarque, anarchiste, les différences l'emportent sur les ressemblances.
On pourrait lever l'ambigüité en employant de préférence
"libertaire".....

" Quand tu chantais , t'étais le plus beau des libertaires"

Écrit par : Francis Delval | dimanche, 18 janvier 2009

L'anarque jungërien ou l'arnaque jungërienne?

Voici ce qu'en dit Michel Onfray:

"Je me contentais des livres [de Jungër] et j’y voyais ce qu’ils racontent à longueur de pages : un soldat de la Première Guerre mondiale racontant l’expérience existentielle de la guerre ; un écrivain rapportant dans une belle prose la pensée de la vie de qui vit avec la mort au quotidien ; un aristocrate dandy et esthète exécrant la figure, la personne et la politique d’Hitler ; le prussien à la morale exigeante que dégoûte l’antisémitisme ; l’officier d’une armée d’occupation saluant des Juifs portant l’étoile à Paris ; le modèle possible du militaire du Silence de la mer de Vercors ; le résistant de l’esprit qui, auréolé par sa réputation de guerrier héroïque en 14-18, écrit de façon allégorique son opposition au national-socialisme dans Sur les falaises de marbre ; le combattant aux multiples blessures et, de ce fait , Croix de Fer oblige, ne se fait pas inquiéter ; et puis le penseur de cette figure de l’anarque qui, nous dit-il dans Eumeswill et Héliopolis , « est à l’anarchiste ce que le monarque est au monarchiste », un parangon de souveraineté subjective, une radicalité oppositionnelle, une unicité stirnérienne, une variation sur le thème métaphysique du surhomme nietzschéen…

Or tout ceci est faux : mensonges, contrevérités, mystifications, légendes crées de toutes pièces par Jünger avec la complicité de ses relais français qui fabriquent une figure aimable susceptible de revenir en Allemagne purifiée par son destin français. Après le bruit et la fureur de la guerre, Jünger serait devenu l’esthète qu’il n’a jamais cessé d’être : l’amoureux de la nature qui aime l’infiniment petit des insectes, des plantes, des herbes et l’infiniment grand des astres, des comètes et du cosmos ; l’homme au patronyme latinisé qui sert à nommer un papillon ; le voyageur islandais ou sarde, grec ou romain ; le goûteur de rêves ; l’amateur de paradis artificiels.

Cette hagiographie fait silence sur le demi siècle consacré à effacer les traces, à élaborer le subterfuge, à échafauder un château de billevesées : car l’homme fut antisémite dès la première heure et écrivit nombre de textes dans des revues nationalistes ; il fit des éloges d’Hitler dès 1925 ; il transforma par une série incroyable de rééditions après de multiples réécritures ses récits fascistes guerriers (dont certains republiés chez des éditeurs nazis avec croix gammée sur la couverture) en romans esthétisants ; il était utilisé par le régime national-socialiste dans les écoles où l’on enseignait le culte de l’énergie, de la force et de la guerre, et , alors, il n’y voyait rien à redire ; après la Libération, il força le trait d’une lecture allégorique antinazie des Falaises de marbre, un livre qui ne valut pas à son auteur d’être inquiété sous le régime nazi, qui fut même aidé à la traduction, et passa les multiples barrages de la censure nationale qui ne vit rien à censurer, non pas par bêtise, ce serait sous estimer ce rouage majeur de la machine nazie, mais grâce à la conformité de ce livre aux dogmes du régime.

Si Hitler n’y vit rien à redire, ça n’est pas parce qu’il protégeait le soldat de la Première Guerre par respect – Hitler n’était pas homme à s’encombrer de pareilles sentimentaleries…- mais c’est parce que l’ouvrage n’était en rien une fable antinazie. Le livre pourrait même, si l’on évite l’identification Grand Forestier / Hitler et qu’on essaie une autre grille de lecture, du genre Grand Forestier / Staline, passer pour un livre méritant les félicitations du régime hitlérien… D’autres noms sous lesquels on mit des figures nazies pourraient tout aussi bien cacher des figures staliniennes. On pourrait alors probablement expliquer pourquoi dans ce livre la Meute est « rouge »…

L’homme quasi centenaire fut visité par Mitterrand, on comprend ; béni par Jean-Paul II, on le conçoit mieux si l’on ajoute qu’il s’était, semble-t-il, discrètement converti au catholicisme à la fin de son existence : il avait tant à se faire pardonner qu’il est probablement au paradis avec ses compagnons nazis, dont ceux que le Vatican aida par sa filière à échapper à la justice des hommes. Il est aujourd’hui pléiadisé dans un concert d’hommages qui ressasse la légende. Parmi les thuriféraires, Philippe Sollers, éditeur chez cet éditeur, auteur chez cet éditeur, amateur de Mitterrand, de Jean-Paul II, du Vatican, du Paradis et de ceux qui s’y trouvent. Au vu et au su de tout cela, j’aspire vivement à un enfer éternel." (trouvé sur le net)

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Sans le détour par Jünger, que penser de cette complaisance de la "Nouvelle Droite" vis-à-vis de Ferré? La Table Ronde comme premier éditeur... Pauwels... Alain de Benoist...jusqu'à l'auteur d'un livre respecté, qui s'est rangé aujourd'hui comme conseiller du président...

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Alain de Benoist ? Je ne suis pas au courant. Dans quelles circonstances ?

Pour ce qui est de la Table Ronde, doit entrer en jeu (je suppose) cette espèce d'admiration pour le non-conformisme que la droite manifeste toujours (ou prétend manifester) alors qu'elle est en même temps souvent traditionaliste. La droite prétend aimer les esprits libres et les reconnaître partout. Puisqu'on parlait de Vailland, on observe que les Hussards l'aimaient, justement. J'ai parlé dans les Chemins de LF de la rencontre avec Gwen-Aël Bolloré. Dans un livre consacré à l'histoire de la Table Ronde, est citée une lettre de Roland Laudenbach à Madeleine, à propos de PVP, mais il n'y donne pas de raisons littéraires. J'ai cela chez moi, dans mes papiers.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Par ailleurs, je rappelle qu'au même moment, Léo Ferré publie aussi dans la presse communiste, anarchiste, socialiste. Cela fera l'objet d'une note spécifiquement consacrée aux parutions dans la presse, laquelle fera logiquement suite -- je pense qu'on s'en doutait -- à la série de notes sur les revues.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

"Alain de Benoist ? Je ne suis pas au courant. Dans quelles circonstances ?"

J'avais signalé sur l'ancien forum des interviews dans lesquelles celui-ci évoque son admiration pour Ferré. Je ne retrouve pas celle dans laquelle il s'attarde le plus, mais en tapant les deux noms dans google, on obtient certains résultats déjà...

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

J'ai vu. Je pense qu'effectivement, il s'agit de cette fascination de la droite pour les esprits libres. Peut-être pas au nom de la liberté, hélas. Je m'explique : quand Léo Ferré balance quelque chose de dur, de bien senti, quand il dit son fait à tel ou tel, sans équivoque, il faut indéniablement un certain courage, une certaine force, en dehors même du talent de l'énonciation. La droite, on le sait, aime la force, le culot, les gens qui foncent. Je ne sais pas très bien l'expliquer, mais je crois que c'est une chose comme ça. Elle est fascinée par le coup de poing et peut ne pas regarder d'où il vient vraiment ni pourquoi il est donné. La psychologie de la droite n'est pas très subtile.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Cela fait de nombreuses années que Michel Onfray arnaque
ses lecteurs et auditeurs..( Comment écrire 60 ouvrages de "philosophie" en moins de vingt ans ?)...Il déforme systématiquement les auteurs dont il parle de façon compilatoire
dans sa prétendue contre-histoire de le philosophie pour les
retailler à sa façon...Il est mal placé pour donner des leçons.
J'ai lu tout ce qui est traduit de Jûnger , sur plus de vingt ans.
L'arnaque n'est pas du côté que vous pensez.Et c'est un écrivain remarquable, ce que n'est pas Onfray.

Disons que les neufs dizièmes de ce qu'il a écrit sur Jünger
est faux....Il faudrait du temps pour démonter son texte.
Je ne le ferai pas. C'est ma parole contre la sienne.
Si ce n'est déjà fait, gluglups, lisez un peu Jünger, et faites vous votre opinion vous même au lieu de recopier un texte...
très sujet à caution...Le faux n'est pas du cöté que l'on pense.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

A Francis, concernant Jünger: je dois avoir l'honnêteté de préciser que je n'ai lu aucune ligne de lui, ni même une étude lui étant consacrée. Je ne le connais qu'à travers les débats qui ont eu lieu lors de sa "pléiadisation", pour reprendre l'expression de M. Onfray.

J'aimerais savoir ce que vous pensez d'un article comme celui de Michel Vanoosthuyse, qui a montré, dans un livre, comment Jünger s'est "refabriqué" après Guerre et en quoi son style "kistch" n'est en rien un reniement. Il s'interroge aussi sur ses "aficionados" : http://atheles.org/doc/agone/delinteretdelirejunger.pdf

Vous parliez, à propos de Pauwels, d'un "ésotérisme de pacotille". Ne devrait-on pas parler également d'un anarquisme de pacotille?

Simplement, je m'étonne un peu de phrases qui sont les vôtres comme: "Un des plus grands écrivains du siècle dernier , Ernst Jünger", "le talent ou le génie littéraire ou artistique n'est pas une question de position sur l'échiquier politique" ou même votre exemple des frères Goncourt, que vous citez comme de grands écrivains (et là, je me suis tapé tout leur Journal, dans une édition expurgée certes, sans jamais avoir eu ce sentiment - ok, je n'ai pas lu leurs romans, mais bon...)...

Pour Francis, il y a une dissociation du "style" (qui peut faire qu'on soit un génie) et du système de pensée. Bien sûr, il ne s'agit pas de faire un procès idéologique aux oeuvres: j'aime (j'adore) Balzac (méprisé bien souvent par les zesthètes, parce qu'il leur manque sans doute un coefficient de style suffisamment visible), que je place bien au-dessus d'un Flaubert ("si bourgeois mais avec quel style!" pour reprendre votre argumentaire... qu'on pourrait trouver lui-même assez... bourgeois), sans être un ultraroyaliste et un ultra catholique moi-même. Je pourrais sans doute dire la même chose du Céline de Voyage au bout de la nuit, mais parce que sa "vision" du monde dépasse ses "engagements" et sa personne.

Bref, je ne comprends pas que le "style" ou le "talent" puissent justifier la défense d'oeuvres aussi rances et racornies que celle "des" Goncourt (en réalité, c'est surtout celle d'Edmond) ou, probablement, celle de Jünger.

Jacques: merci d'avoir relativisé l'"anticonformisme" droitier: "cette espèce d'admiration pour le non-conformisme que la droite manifeste toujours (ou prétend manifester)". C'est au nom de cet "anticonformisme", que s'opèrent des rapprochements a priori inattendus du genre un "comique" et un "historien".

Bien évidemment, Ferré n'est pas responsable de ses admirateurs. Et heureusement, d'ailleurs!

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Nos messages se sont croisés...

Je veux bien vous croire concernant Onfray (je n'ai pas d'avis particulier sur lui)...

Je crois néanmoins que vous trouverez des arguments de haute volée dans le texte de Michel Vanoosthuyse. Ce n'est pas seulement la question des engagements reniés, des compromissions, des récritures, des réinterprétations (que les admirateurs de Jünger ne contestent plus guère), mais aussi celle de la dissociation du style et de la pensée qui sont posées.

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Mais la figure de l'anarque tient très peu de place dans l'oeuvre
de Jünger.Et le terme de kitsch ne convient absolument pas à
sa manière d'écrire,son style ayant considérablement évolué
pendant près de 80 ans d'écriture.Essayez de le lire , et nous en reparlerons si vous y tenez.

Le style, contrairement à ce que vous alléguez, ne peut être
dissocié du système de pensée..cela va de soi...Flaubert, Sand,
les Goncourt furent anti-communards...

Vallès,Rimbaud , Verlaine , Mallarmé,et probablement
Villiers de l'isle Adam furent partisans de la commune..
Victor Hugo n'y comprit rien, mais la soutint par principe...

Leur rapport à la politique est en phase avec leur travail
d'écrivain et de poète..

Faut-il ne pas lire Flaubert pour autant ?
Je ne dis pas autre chose que cela...Devons-nous jeter
Flaubert pour avoir été versaillais ?


Devons-nous ne plus lire Drieu La Rochelle ( longtemps
ami d'Aragon) pour son triste parcours politique ?..

Devons-nous cesser de lire Aragon pour son stalinisme
et sa période "Thorez"....Il ne peut être réduit à cela...
Nous sommes capables de faire la part des choses, de trier
dans une oeuvre le grain de l'ivraie.

Revenons à Ferré:
il a souvent dit pour PVP, qu'il ignorait que "La table ronde"était de droite.Naïveté?...C'est fort possible.

Qu'il ait donné un texte pour Planète,sans doute le même
processus.Les affinités de Pauwels avec Gurdjieff n'étaient
pas encore de notoriété publique.

Qu'un Alain de Benoist , chef de file d'une extrême droite
en grande partie ésotérique, ait admiré Ferré, c'est son pb,
cela ne signifie rien quant au fond idéologique de l'oeuvre de Ferré.

Il n'y a guère, P.Devedjian , chez Denisot, à la question "quel est votre chanteur préféré", répondit sans hésiter :Léo
Ferré.

Rappelons que Devedjian fut avec Madelin un des chefs du mouvement "Occident", sis à la fac d'Assas, et qui vers 65 commença à casser du "gauchiste", mouvement d'extrême
droite.

Cela n'engage ni Ferré , ni son oeuvre.

Quant la "dissociation" entre le style et la pensée, on peut
la contester..Mais je préfère de loin lire Huysmans ou Léon
Bloy, que les romans d'andré Stil ou les oeuvres de Marcenac.Ou les illisibles "communistes " d'Aragon, dont j'aime fortement les autres romans..."Communistes" qui furent
entièrement réécrits pour faire moins "staliniens"...


Oui , je pense aussi que Ferré, comme tout artiste ou poète
ou musicien n'est pas (heureusement!) responsable de ses
admirateurs.
Et on doit aussi être capable de lire des choses qui nous sont
contraires, comme pour moi le Jünger de la période 1918-1938..ou l'ignoble Brasillach.

( Le cas Céline est particulier...Le rapport de Ferré à Céline mériterait une note entière, mais nous avons trop peu
d'informations)

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

Francis : Aller lire des écrivains ou des philosophes qui ne vont pas dans notre sens, c'est une démarche philosophique, même pour un non-philosophe. Elle ne tient pas vraiment compte du temps qui nous est dispensé. C'est d'ailleurs ce que j'aime dans cette discipline. Comme en poésie : on fait comme si la durée n'existait pas.

On ne peut que rêver que des gens, qui ont par ailleurs un métier à assumer, veuillent bien élargir leur domaine de "loisir" à la controverse écrite -- je ne parle pas des forums ou des blogs, qui sont pour moi des lieux de parole -- à laquelle on ne peut donc pas répondre ce qu'on pense de ce qui est donné, sans retour, d'autant plus si le scripteur est mort...
Cela dit, le déplaisir possible d'une lecture est assez décourageant parfois pour écarter de la suite... et l'inverse est vrai, je l'ai bien vu.

Écrit par : Martine Layani | lundi, 19 janvier 2009

Je pense qu'effectivement, Léo Ferré ignorait tout des positions de la Table Ronde. Pour lui, c'était un éditeur, c'est tout. Il faut rappeler que PVP a été refusé deux fois avant de paraître là. Et rappeler aussi qu'il ne s'en est pas occupé : c'est Madeleine qui a fait les démarches. Je ne dis pas cela pour dédouaner qui que ce soit, ni accuser qui que ce soit. Madeleine savait-elle ? A-t-elle saisi une opportunité ? Je pense que c'est plus probablement cela. Trouver un éditeur est une chose très difficile. Quand une porte s'ouvre, il peut arriver qu'on ne soit pas regardant.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Promis, je lirai un jour Jünger, parce que je vous fais confiance. Simplement, je trouve bizarre cette dichotomie entre le Jünger période 1918-1938 et le Jünger post 1938, qui, semble-t-il, n'a jamais été faite par Jünger lui-même. On peut se tromper dans ses engagements, les renier lucidement (cf le cas Blanchot): le problème, c'est lorsque cela s'opère sous la forme d'une falsification au coeur de l'oeuvre, ce qui est la thèse de Michel Vanoosthuyse. Comment la lire dès lors?

Vous parlez de la Commune. Balzac aurait sans doute été horrifié par ces événements. Mais il y a chez lui un "humanisme" constant qui le sauve. Autant je suis prêt à comprendre et à lire la condamnation idéologique de la Commune (Balzac redoutait l'idée d'une révolution passant de la bourgeoisie au peuple), autant j'ai du mal avec, par exemple, l'indifférence remplie de mépris avec laquelle Edmond de Goncourt raconte qu'il enjambe un communard agonisant...

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Je suis entièrement d'accord..Il faut lire bien évidemment des
choses qui nous sont contraires , en philosophie aussi.Pour
moi, lire Wittgenstein a toujours été une épreuve...Mais on ne peut pas nier l'importance de cet antiphilosophe..

Je dois reconnaître qu'il y a des auteurs dans lesquels je n'entre pas, que je ne réussis pas à pénétrer.Montherlant, par
exemple, ou la plupart des romans de Cendrars, qui sont
pour certains bien faibles, alors que j'aime beaucoup le poète.
Il a fallu trente ans d'essais infructueux pour enfin entrer
de plain-pied dans le théâtre de Claudel.

Il ne faut jamais se décourager.

Je suis en train de découvrir tout un pan du roman américain qui m'avait jusqu'alors échappé: les William Gass,
William Gaddis,William T.Vollmann et quelques autres que
mon fils m'a fait lire ...Notre pauvre roman français actuel
fait pâle figure à côté...
Le courage est peut-être la qualité essentiel du bon lecteur
celui capable de lire, même au prix d'un long temps d'essais
infructueux,des choses qui lui sont contraires.

Il en est de même , cela va de soi, pour les autres arts.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

commentaires croisés.Je répondais à Martine..

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

La césure chez Jünger, c'est moi qui la fait.
Je distingue une première période, celle des récits de la guerre 14-18 ( ex:Orages d'acier), celle du militant national-bolchevik, celle de l'auteur du livre "Le travailleur", sur lequel
Heidegger fera un séminaire),et de "l'état universel", époque
où il est influencé par Carl Schmitt, le célèbre juriste antisémite
qui va rompre avec les nazis en 1936,
et une seconde période inaugurée par "les falaises de Marbre"
ce livre très bien traduit par Henri Thomas et pour qui julien
Gracq avait la plus vive admiration.Et dont Goebbels, bon lecteur, vit bien le côté anti-hitlérien..Un changement dans
le mode d'écriture est aussi perceptible puisqu'il passe par
la fiction.

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

petite erreur, comme je cite toujours de mémoire: s'il a bien
été influencé par Carl Schmitt, le livre "L'état universel" date , lui, des années 60;les romans de politique fiction "héliopolis" et
"eumeswil" en sont l'illustration.La figure de l'anarque date dea années 70...Je ferme sur Jünger.
Laissons à nouveau la place à Ferré!!!!!

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

Non, non, toutes les discussions ont droit de cité ici, même lorsqu'elles dérivent. C'est la règle, et cela va avec la liberté totale des commentaires.

Une chose m'échappe, Francis, sauf votre respect. Comment faites-vous pour que vos commentaires ne soient pas justifiés à droite ? J'ai programmé le blog pour que tous les commentaires le soient, ce qui n'est pas prévu par Haut et Fort à l'origine : il a fallu que quelqu'un m'indique comment faire. En principe, vous ne pouvez pas avoir de commentaires non justifiés. Comprends pas... Si vous tapez au kilomètre, comme on dit, ils doivent se justifier seuls.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Je ne sais pas, à vrai dire, je me suis toujours posé la ques-
tion.Il doit y avoir un truc que je n'ai pas saisi dans le fonction-
nemment de la fenêtre du commentaire.Quand il m'arrive de
faire une correction, ou quand j'arrive presque en bout de ligne,
en général,le texte passe automatiquement à la ligne suivante
même si elle n'est pas tout à fait terminée...

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

Ah, Wittgenstein ! J'avais, à la suite d'un cours suivi à Clignancourt, il y a deux, trois ans, imprimé un extrait (je me doutais bien que l'oeuvre serait inabordable pour moi) : j'ai dû en lire quelques lignes... Je remets, je remets. Bref, j'ai de l'admiration pour sa théorie mais je ne parviens pas à m'y retrouver. Tant pis pour moi. Quand ça ressemble trop à la mathématique, chez moi, ça coince.

Écrit par : Martine Layani | lundi, 19 janvier 2009

Francis : mais précisément, il n'y a RIEN à faire, ça se fait tout seul. Tapez votre commentaire sans vous soucier de rien.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Pour ce qui est de l'extrême-droite ou de la droite conservatrice, il y a un site à aller visiter:"Stalker, dissection du cadavre de la littérature", site et blog créés par Dantec autrefois et qui continue.On y trouve la liste de leur "ciel des fixes", leurs "idoles" dont ja cite quelques noms:Elias Canetti,Ernesto Sabato,Borges,Conrad, karl Kraus,Sciascia,
Céline, Abellio,Stevenson,Carlyle,D de Roux,Huguenin, Bernanos,J.Green,Léon Bloy, Georges Steiner, Pierre Boutang,
et quelques autres dont Dostoïevski et Faulkner (Sic)...Etrange
patchwork d'écritures...
.........................
J'ai tapé sans regarder ni aller à la ligne...bof.

Écrit par : francis delval | lundi, 19 janvier 2009

La première partie du commentaire est bien justifiée. Après, c'est curieux.

Écrit par : Jacques Layani | lundi, 19 janvier 2009

Francis: "une seconde période inaugurée par "les falaises de Marbre"ce livre très bien traduit par Henri Thomas et pour qui julien Gracq avait la plus vive admiration. Et dont Goebbels, bon lecteur, vit bien le côté anti-hitlérien".

D'un côté, vous minorez la 2de partie de l'oeuvre de Jünger (cette position de l'anarque, par exemple, un royaume bien confortable quand on a été au coeur de l'idéologie nationale socialiste et de l'Histoire, comme officier de l'Occupation, qui ne s'est pas vraiment illustré par son "esprit rebelle", à part quelques petites mesquineries mondaines) et de l'autre, vous faites valoir ce roman "antinazi", dont les ambiguïtés sont censées dédouaner Jünger. Ce que récuse, arguments à l'appui, Michel Vanoosthuyse, qui y voit plutôt une forme de continuité, notamment dans les valeurs qui s'y affirment: http://atheles.org/agone/bancdessais/fascismelitteraturepure/

Je constate que vous ne prenez pas du tout en compte ces arguments.

Qu'on ne s'interdise pas de lire certains auteurs par curiosité intellectuelle, par plaisir d'esthète, etc., je veux bien... Maintenant, que l'on présente ces oeuvres comme des chefs d'oeuvre, pour le "politiquement incorrect", pour le paradoxe style/idées, etc., je ne trouve pas que cela aille beaucoup plus loin que l'anticonformisme de droite dont nous parlait J. Layani...

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Ce que vous appelez la seconde partie de son oeuvre est , en
volume et en qualité littéraire nettement plus importante que la première....C'est surtout celle-là qu'on peut lire pour approcher
cet auteur.
J'ai lu l'article en question, je n'y ai rien trouvé qu'on ait déjà
dit souventes fois...Il n'y a rien de neuf..

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

Un dernier mot pour Gluglups:peut-on rejeter au prétexte d'un article de 8 pages une oeuvre aussi volumineuse que la comédie humaine en nombre de volumes ?Et sans que vous ayez lu la moindre ligne de l'auteur ?....n'oubliez pas que si j'ai parlé ici de Jünger, c'est d'abord parce que C.Letellier en parle dans son livre sur Ferré..et rapproche-abusivement selon moi-
Ferré de l'anarque...Par contre, cela ne vous gêne pas que Blanchot ait été avant guerre à l'Action française...Son parcours
progressiste par la suite certes plaide pour lui,et Je suis aussi
grand lecteur de Blanchot comme de Bataille ( qui n'a pas toujours non plus eu des positions claires non plus).

Je préfère les gens de droite qui finissent à gauche ('dans la gauche non parlementaire de préférence) que ceux, les plus nombreux , hélas, qui font le chemin inverse...

Faut-il vouer Ferré aux gémonies au prétexte qu'étudiant à Paris il lisait parfois "l'action française"?

Et ces notions de "gauche " ou de "droite" , nées de la Révolution de 89 n'existent qu'en Europe...où les partis sont
idéologiques. En angleterre, c'est par abus de langage qu'on parle de "gauche" pour désigner le Labour.Les partis anglais
sont-disait mon vieux maitre Eric Weil, l'auteur de "Logique
de la philosophie" et de "Hegel et l'état", entre autres livres- des partis "sans idées".Churchill est passé par les 3 partis , conservateur, travailliste, libéral, sans que cela ne gêne personne .Aux USA, on trouve l'éventail de toutes les opinions
politiques à l'intérieur des deux grands partis, qui sont d'abord des "machines " à redistribuer des postes: le "spoil system"..Dans les états où les démocrates sont au pouvoir, les postes importants , mais aussi les shérifs ou les facteurs seront démocrates!!!!relativisons ces notions droite/gauche.

Où situer Ferré qui refuse les deux champions de la sainte parlote?...Ailleurs...Il s'est parfois réclamé de Stirner, qu'il a lu dans une mauvaise édition, mais qui incarne assez
bien l'anarque.Stirner n'est pas facile à interpréter, il est illisible si l'on n'a pas lu Hegel auparavant.Stirner et Kierkegaard sont deux philosophes qui refusent que leur
attitude ait été comprise d'avance dans le système de Hegel, et mettent en avant leur individualité irréductible.

Petite anecdote pour terminer:En 33, Goebbels, chasseur de têtes pensantes dont le Reich avaient besoin ( Heidegger ne fut recteur que trois mois avant de démissionner), convoqua
le même jour Eric Weil, juif,et Fritz Lang, le cinéaste en leur demandant de travailler pour le parti nazi qui manquait d'intellectuels.Ils prirent ensemble le premier train pour la France, qui gagna un grand philosophe et les USA le cinéaste
que l'on sait...

Écrit par : Francis Delval | lundi, 19 janvier 2009

"Je préfère les gens de droite qui finissent à gauche ('dans la gauche non parlementaire de préférence) que ceux, les plus nombreux , hélas, qui font le chemin inverse...": je ne crois pas, sauf erreur, que cela ait jamais été le cas de Jünger.

"Par contre, cela ne vous gêne pas que Blanchot ait été avant guerre à l'Action française...": non, dans la mesure où il a renié clairement cet engagement (qui a d'ailleurs cessé à partir du moment où les circonstances devenaient sérieuses), il s'en est expliqué et il ne s'est jamais compromis dans des responsabilités officielles (contrairement à Jünger). Que je sache, Blanchot n'a jamais été compté parmi les idéologues du pétainisme. Je ne dis pas que ses engagements ultérieurs n'ont pas été conditionnés par ses premiers égarements. Cette attitude lucide n'a jamais été celle de Jünger ni celle de ses partisans. De plus, je fais une distinction entre Action française et l'"idéologie" nazie (et sa traduction dans les faits).

"peut-on rejeter au prétexte d'un article de 8 pages une oeuvre aussi volumineuse que la comédie humaine en nombre de volumes ?": mais personne n'a songé à le faire et ce serait ridicule concernant Balzac. Je ne vois pas ce qu'on pourrait lui reprocher et je ne vois pas le rapport...(à moins de verser, effectivement, dans une certaine bêtise idéologique). D'ailleurs, Balzac compte de nombreux admirateurs chez les marxistes, à commencer par Marx lui-même.

Michel Vanoosthuyse n'a pas consacré que "8 pages" sur internet à Jünger mais de nombreuses années et un livre entier. Je pense que ma lecture de Jünger passera après un détour par ce livre. Je m'étonne qu'un fervent admirateur de Jünger comme vous n'ait pas eu la curiosité de le lire lorsqu'il est sorti (ne serait-ce pour le récuser)...

"J'ai lu l'article en question, je n'y ai rien trouvé qu'on ait déjà
dit souventes fois...Il n'y a rien de neuf..": normal, parce que Jünger a dû se justifier (notamment devant la justice). Donc, les arguments et les contre arguments sont connus. Ce qui est nouveau, c'est un emballement pour son oeuvre (que, visiblement, vous aviez anticipé), avec une reprise des arguments qui jusque là étaient ceux de l'extrême droite.

Michel Vanoosthuyse indique que pour lui, ce qui demeure pérenne chez Jünger, c'est la haine de la démocratie. Je ne sais pas si c'est ce qui vous le rend si sympathique.

Il y a certes un doute concernant l'efficience démocratique chez Ferré mais pas la haine du peuple: comme le rappelle un article du Monde Diplomatique de janvier qui consacre un dossier aux anarchistes, son anarchie est solidaire, fraternelle, "bras dessus bras dessous" (mais un autre article dans le même journal classe les chanteurs dits libertaires dans les pseudos anarchistes, "suppôts" -c'est l'expression utilisée- du capitalisme... bref il y a du boulot concernant la haine idéologique)...

Écrit par : gluglups | lundi, 19 janvier 2009

Gluglups: Vous n'avez pas compris pour Balzac..Il ne s'agit pas de le réfuter..Je dis, qu'en volume ,l'oeuvre de Jünger est aussi
importante que celle de Balzac, et qu'on ne peut la balayer en quelques pages...ou même par un livre...J'ai déjà plusieurs études sur Jünger, de différents points de vue...
Je vous ai bien expliqué l'én dernier mes positions en politique,
et que passé par le maoïsme des années 72-78,je suis pour la démocratie , mais contre le parlementarisme...dans la lignée de
Badiou, Sylvain Lazarus,et Natacha Michel....et de Belhaj Kacem.

Je vous mettrai un post plus conséquent dans la journée.
Ne me faites pas un procès d'intention a priori: vous êtes totalement à côté de la plaque!!!!!

Écrit par : Francis Delval | mardi, 20 janvier 2009

Gluglups écrit : "Il y a certes un doute concernant l'efficience démocratique chez Ferré mais pas la haine du peuple". C'est parfaitement juste. Et je suppose que, comme nous tous, il devait considérer la démocratie comme le moins mauvais des régimes et être prêt à la défendre.

"un autre article dans le même journal classe les chanteurs dits libertaires dans les pseudos anarchistes, "suppôts" -c'est l'expression utilisée- du capitalisme" : où l'on voit Le Monde diplomatique utiliser mot pour mot les arguments des gauchistes de naguère. C'est rigolo mais, surtout, cela montre que, quelques quarante ans plus tard, on n'a pas bougé d'un pouce.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 20 janvier 2009

Et si ça se trouve, le journaliste en question n'était même pas né lorsque les gauchistes prétendaient déjà cela. C'est ça qui est usant, très usant, vraiment, quand on commence à prendre de la bouteille comme moi : de voir que les jeunes répètent les mêmes sottises que leurs parents, avec l'assurance de qui découvre à peine les choses.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 20 janvier 2009

Francis, pouvez-vous préciser quelle était l'orientation idéologique de la traduction de Stirner lue par Ferré s'il vous plaît ?

Dans quelle traduction faut-il le lire ?

Écrit par : The Owl | mardi, 20 janvier 2009

Je n'ai pas parlé d'orientation idéologique..C'était une vieille
traduction de la fin du XIXème (Trad Rouché)..qui était peu fidèle et mal écrite.
Il en existe une plus récente, de Pierre Galissaire,aux éditions
"L'âge d'homme" (1972), nettement meilleure.Je possède les
deux.Et l'intégrale de Stirner est téléchageable en allemand sur
le net.
La seule première phrase pose des pbs de traduction:"je n'ai fondé ma cause sur rien " ou "J'ai fondé ma cause sur le rien"
ou "je n'ai mis ma cause en rien" (trad.althusser)...ça n'est pas la même chose....

Écrit par : Francis Delval | mardi, 20 janvier 2009

Quelques mots pour notre ami Gluglups...sous forme de questions...

- Faut-il selon vous ne plus lire des poètes importants comme
Stefan George ou Gottfried Benn, au prétexte qu'ils adhérèrent
au parti nazi,ou jeter Ezra Pound pour sa passion pour les idées
de Mussolini (Le duce qui était grand lecteur de Stirner...) ?
Il y a un beau roman sur Benn , de Pierre Mertens ( Seuil), qui s'appelle "les éblouissements"

- Vous qui êtes musicien, n'écoutez vous jamais Richard Strauss ?..Il fut le musicien préféré du Reich, avec des fonctions officielles.Faut-il jeter "le chevalier à la rose" ou
son "Zarathoustra"?
N'écoutez-vous jamais les "Carmina burana" d'Orff, dont les
positions furent ambigües...

- Konrad Lorenz s'engagea volontairement dans l'armée allemande, ses théories "scientifiques" sont tout imprégnées
de racisme..Il parle des "races à odeur forte" qu'il faut combattre, en prenant en exemple les rats.Il fut néanmoins
nobélélisé et on ne retient que l'ami des bêtes...On ne lit guère,on voit très vite à la lecture ses positions..Jung fut
aussi raciste et pro-nazi...Les psy jungiens ont pignon sur rue.

- Heidegger fut 3 mois recteur d'académie avant de démissionner...Ce qui lui valut de devoir faire ses cours jusqu'aux années 42-43 sous surveillance policière..C'est néanmoins un philosophe incontournable du siècle dernier,sans qui nous n'aurions eu ni Sartre, ni Lévinas, ni
Derrida., ni Hannah Arendt..Bon, il est devenu le fond de commerce de J.P.Faye
et de son fils Emmanuel, qui veut expurger les bibliothèques
des facs de "Sein und Zeit"...
Heidegger fut néanmoins invité à plusieurs reprises en France, par le résistant René Char, peu suspect de complaisance vis à vis du nazisme, pour y tenir des séminaires...

et les américains furent bien contents de récupérer le grand physicien Heisenberg et Von Braun avant les russes..

Gluglups, tout ceci n'est pas simple....et que penser de la nazification de Nietzsche, par le biais de " La volonté de puissance", ce faux fabriqué par sa soeur à partir d'un montage de textes inédits mais tripatouillés...?

Écrit par : Francis Delval | mardi, 20 janvier 2009

Francis, pouvez-vous préciser quelle était l'orientation idéologique de la traduction de Stirner lue par Ferré s'il vous plaît ?

Dan quelle traduction faut-il le lire ?

Écrit par : The Owl | mardi, 20 janvier 2009

Je n'ai aucune lumière sur Jünger et m'abstiens donc.

Gluglups écrit : "Il y a certes un doute concernant l'efficience démocratique chez Ferré mais pas la haine du peuple". C'est parfaitement juste. Et je suppose que, comme nous tous, il devait considérer la démocratie comme le moins mauvais des régimes et être prêt à la défendre.

"un autre article dans le même journal classe les chanteurs dits libertaires dans les pseudos anarchistes, "suppôts" -c'est l'expression utilisée- du capitalisme" : où l'on voit Le Monde diplomatique utiliser mot pour mot les arguments des gauchistes de naguère. C'est rigolo mais, surtout, cela montre que, quelques quarante ans plus tard, on n'a pas bougé d'un pouce.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 20 janvier 2009

Il ya de curieux doublons ce jour...Les multiples demandes
d'identification ...???????

Écrit par : Francis Delval | mardi, 20 janvier 2009

Oui, très vraisemblablement.

Écrit par : Jacques Layani | mardi, 20 janvier 2009

Jacques Layani: je dois apporter des précisions sur l'article du "Diplo", parce qu'il ne dit pas exactement ce que j'en rapportais et que je restais sur un souvenir de vocabulaire, lequel, effectivement, m'a frappé parce qu'on n'y est plus habitué (c'est bien écrit par ailleurs). L'auteur met dans le même sac du pseudo-anarchisme le mouvement Dada, les surréalistes, les réalisateurs de la Nouvelle Vague, les essayistes néo-réacs de l'après guerre. "Par la suite, le qualificatif "libertaire" prendra la relève, notamment dans le domaine de la chanson (G.Brassens, J. Higelin, Renaud...) ou avec l'arrivée des "sulfureux" du néopolar français (Manchette, Fajardie, Pouy...). Dissocié d'un anarchisme relégué parmi les doctrines périmées de la transformation sociale, l'appellation "libertaire" accompagnera une libéralisation des moeurs et des esprits qui fera bon ménage avec la libéralisation de l'économie, au point d'accoucher de ce mutant oxymorique: le "libéral-libertaire".
Et il y a une note précisant que des anarchistes supposés plus authentiques, "la vieille garde anarchiste française" "en vient à délaisser l'analyse des transformations du capitalisme au risque de ne plus rien y comprendre et parfois d'accorder quelque crédit aux supputations de certains de ses suppôts". Et l'exemple de ces "suppôts", c'est non pas un de ces chanteurs, mais Stéphane Courtois (Le Livre noir...), que la librairie Publico n'aurait jamais dû inviter à débattre...

Francis Delval: j'ai l'impression, au vu de vos exemples, que vous ne considérez plus tout à fait Jünger comme un pur résistant anti nazi.

Vos exemples sont très différents et il faudrait envisager chaque cas particulier. Effectivement, ce serait stupide d'entendre du nazisme dans la musique ou les opéras de Richard Strauss, qui d'ailleurs ne devait plus beaucoup composer (sinon, effectivement, je n'écoute jamais les Carmina Burana). La question de ses compromissions n'a de sens que d'un point de vue biographique.
Une amie philosophe (que le monde diplo considèrerait volontiers comme un suppôt du capitalisme) m'a dit que Marx était raciste, qu'il voyait d'un très mauvais oeil que sa fille puisse être amoureuse d'un noir. Je ne sais pas du tout si c'est vrai, mais cela le serait, je ne crois pas que c'est cela que l'on va retenir de la pensée de Marx. Et celle-ci n'est pas fondée là-dessus.


Dans les cas que vous citez, celui de Heidegger semble être, à première vue, le plus comparable à celui de Jünger (je ne crois pas que le propos de Faye soit d'en interdire la lecture). Comme vous pourriez le souligner vous-même, ses disciples (Benjamin, Adorno, etc.), ont réutilisé ses concepts dans un sens inverse. Et lui-même a bien dû reconnaître qu'il s'était trompé, pas seulement par embarras ou parce qu'il a bien fallu reconnaître l'évidence du massacre mais au nom même de ses concepts.

Chez Jünger, je ne crois pas qu'il y ait jamais eu cette hauteur de vue on va dire conceptuelle. On est plutôt dans un système de valeurs. Et je ne vois pas très bien ce que vous trouvez là-dedans, à part effectivement des trucs comme le style, la construction romanesque, l'originalité, etc.

Écrit par : gluglups | mardi, 20 janvier 2009

Ni Benjamin, ni Adorno et les autres membres de l'école de Francfort ne peuvent être considérés comme des "disciples" de Heidegger...S'il y a quelque parenté, elle est fort éloignée...Benjamin fut plus près de Brecht que de Heidegger..et
Adorno s'est réfugié aux USA pendant au moins 15 ans..!Et Marcuse ou Horkheimer ne furent au grand jamais heideggeriens,,même si Marcuse fit sa thèse sur Hegel sous la
direction de Heidegger.
Il y a aussi chez Jûnger un travail conceptuel, mais ce ne fut pas sa principale activité littéraire..C'est plus un essayiste qu'un
philosophe....Ses romans sont d'une grande qualité d'écriture et très prenants.A découvrir.....

Écrit par : Francis Delval | mardi, 20 janvier 2009

"Ni Benjamin, ni Adorno et les autres membres de l'école de Francfort ne peuvent être considérés comme des "disciples" de Heidegger..": exact et je ne crois pas que W. Benjamin ait fait partie de l'école de Francfort, non plus. Le terme de "disciples" ne convient pas mais on ne peut pas nier une certaine convergence dans leur façon de penser la modernité.

Écrit par : gluglups | mardi, 20 janvier 2009

Gluglups : ah, je comprends mieux le contenu de l'article ; il est effectivement plus innovant. Jamais, autrefois, on n'aurait mis "dans le même sac du pseudo-anarchisme le mouvement Dada, les surréalistes, les réalisateurs de la Nouvelle Vague, les essayistes néo-réacs de l'après guerre". On aurait été pendu haut et court, immédiatement.

Mais pour ce qui est de la "libéralisation des moeurs et des esprits qui fera bon ménage avec la libéralisation de l'économie, au point d'accoucher de ce mutant oxymorique: le "libéral-libertaire", c'est malheureusement une analyse assez juste et les gens de mon âge n'en finissent pas de déplorer cet état de fait. Cette totale transformation de la société nous effraie absolument. Cela dit, l'assimilation de "libéral" à "libertaire" est une escroquerie intellectuelle, introduite en France par les "yuppies" américains qui s'intitulaient eux-mêmes "libertarians". En francisant ce mot, on a créé une confusion ignoble avec les libertaires et, dans le même temps, adopté la façon d'être, de se conduire, de penser (?) des libéraux. Résultat : la société capitaliste moderne, étendue au monde entier ; la disparition des idées socialistes (au sens large) ; la ringardisation de la gauche.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 janvier 2009

JL: "c'est malheureusement une analyse assez juste", oui. En même temps, ce qui est gênant, c'est la haine idéologique. Je ne vois pas au nom de quoi la librairie de la FA aurait dû s'interdire d'inviter Stéphane Courtois à débattre (tout aussi contestables que soient les partis pris de ce dernier).

Écrit par : gluglups | mercredi, 21 janvier 2009

Effectivement, ils ont bien fait de le convier. Et c'est révélateur : il y a quelques années, cela eût été impensable. La société a donc bel et bien changé, y compris chez les anarchistes. Mais ils ont eu raison car autrement, on leur reprocherait -- et ce serait juste -- d'adopter des positions complètement périmées et de ne pas tenir compte des réalités d'aujourd'hui. Déjà que les anarchistes passent pour des ringards se croyant encore au XIXe siècle...

Je suis d'accord avec vous pour ce qui est de la haine idéologique, en général.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 21 janvier 2009

Les commentaires sont fermés.