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samedi, 06 janvier 2007

Le pain retrouvé, III : la mise en musique par regroupement

Faut-il considérer comme appartenant à la technique du « pain perdu » (quel que soit le nom qu’on veuille lui donner) la mise en musique, souvent à des années de distance, de poèmes précédemment publiés en volume ? On sait que Léo Ferré a mis en chansons un très grand nombre de pièces provenant du recueil Poète… vos papiers ! qu’il publia en 1956 à La Table Ronde. Ou bien, s’agissant d’un poème imprimé devenu une œuvre chantée, est-ce à considérer comme une création différente ? La caractéristique du travail de Ferré étant d’être pluridisciplinaire, quand y a-t-il nouvelle création ? Jusqu’où peut aller la notion de « pain perdu » ? On voit combien elle est fragile.

Un exemple encore, qui la bouscule et pose à nouveau la question de la re-sémantisation. Dans son livre de 1956, Ferré publie entre autres trois poèmes dans la section « Vers pour rire » : Les Passantes, Das Kapital et Sous le ban. Dans son deuxième disque paru en 1970 (33-tours Amour Anarchie, volume 2), il présente la chanson Les Passantes dont on sait qu’elle constitue le regroupement de ces trois textes [1]. Or, la chanson de 1970 n’a vraiment rien pour faire rire. Incontestablement, il y a, dans le regroupement suivi de la mise en chanson (musique, certes, mais aussi voix) l’apport d’un sens nouveau, obtenu  par la dramatisation de ce qui pouvait être perçu comme satirique.

Le regroupement d’Art poétique et de Poète… vos papiers !, qui donna, toujours en 1970 (33-tours Amour Anarchie, volume 1), la chanson Poète… vos papiers !, procède du même travail et pose les mêmes questions mais l’exemple est, à mon sens, moins frappant que celui des Passantes. Il y a, dans le cas de Poète… vos papiers !, complémentarité du sens et non apport d’un sens nouveau.

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[1]. En 1970, le recueil Poète… vos papiers ! n’était plus disponible depuis longtemps. Seuls ceux qui possédaient un exemplaire de 1956 ont pu se rendre compte du regroupement en question. Les autres n’en ont pris conscience que lors de la première réédition de l’ouvrage, au printemps 1971. Jusque là, ils avaient reçu la chanson comme une œuvre grave, dramatique. L’aspect satirique ne leur est apparu qu’a posteriori. C’est d’ailleurs avec cet exemple que j’ai pris, pour la première fois, conscience de cette méthode de travail qu’adoptait parfois Ferré.

00:00 Publié dans Jalons | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

C'est marrant , car le "pain perdu", ces restes de pain trempés
dans le lait et l'oeuf, et qu'on mangeait le soir (du moins dans le
nord et le pas de calais, avec la cassonade-le sucre roux ), on l'appelle aussi dans notre coin " le pain ferré"......Au lieu de le poêler, on le cuisait en le pressant avec un fer à repasser chauffé au four, jusqu'à le faire dorer.

Écrit par : Francis Delval | jeudi, 12 février 2009

Eh bien, voilà une discussion qui reprend deux ans plus tard. C'est toujours un plaisir pour moi lorsque cela se produit et montre que j'ai bien raison de laisser les commentaires ouverts en permanence. Toujours plein d'espoir... Coupons ensemble le pain ferré, compagnons.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 12 février 2009

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