lundi, 05 mars 2007
« C’est pas moi… »
Aix-en-Provence, 1974. En haut à droite du cours Mirabeau, le cinéma Rex est aussi une salle de spectacles avec une vraie scène. Léo Ferré est à l’affiche. Trois amis sont venus de Marseille pour l’entendre. Ils l’ont déjà vu dans cette salle, l’année précédente, lors de sa tournée commune, maintenant achevée, avec Charlebois. Ferré est seul depuis sa séparation, l’année précédente, d’avec son pianiste Paul Castanier et son secrétaire Maurice Frot. Il chante.
Brusquement, on entend claquer une porte et un jeune homme entre en criant : « Monsieur Léo ! Y a vos enfants qui se font casser la gueule dehors. Faites quelque chose, bon sang ! » Ce sont ses mots exacts. Léo Ferré, à ce moment-là debout derrière son micro, est interrompu en pleine chanson, il hésite, dit comme un enfant : « C’est pas moi… » Le jeune homme s’en prend à la salle, lui reprochant en substance de ne rien dire, rien faire. Mais de quoi s’agit-il ? Personne ne le sait. Le jeune dit qu’il « y retourne » et sort. Ferré se remet au piano : « On dit que ce sont mes enfants, mais c’est pas vrai. Moi j’ai un fils, il a quatre ans, il s’appelle Mathieu, et c’est un mec. Voilà ». Il enchaîne : « Avec le temps… »
Depuis trois ans, le schéma est habituel : des jeunes veulent assister gratuitement au récital, la direction refuse, appelle la police, Léo Ferré en est tenu pour responsable : on dit qu’il chante sous la protection des flics. Le problème, c’est que ce soir-là, personne ne savait rien. On était entré dans la salle, le spectacle avait commencé. Effectivement, cette fois, la bagarre a été sérieuse, mais elle s’est produite après. En sortant, du verre au sol : toutes les vitrines du cinéma sont brisées. Partout, des traces de lutte. Les CRS ont frappé dur, il y a eu des arrestations. Ce n’est pas la première fois que les amis que nous commençons à connaître assistent à des spectacles mouvementés. Il y en aura d’autres.
00:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Bonjour Jacques, on aurait aimé plus de précisions sur le tour de chant lui-même.
Quels morceaux sont repris avec les bandes Barclay et quels autres sont repris au piano par exemple...
Il parait qu'à cette époque, Ferré disait Le chien et Il n'y a plus rien a cappela.
Écrit par : The Owl | lundi, 05 mars 2007
Je donne toujours toutes les précisions que j'ai, y compris dans la catégorie "Souvenirs". Là, je n'ai rien d'autre dans mes archives, même pas une coupure de presse, j'ai vérifié.
Le problème est que j'ai vu Léo Ferré en scène 42 fois. Ma mémoire prenant de l'âge, il se peut qu'il y ait confusion dans mes souvenirs. Pas toujours, mais c'est possible. Aussi, je fais très attention.
Effectivement, je crois me souvenir qu'après la séparation d'avec Popaul, Ferré a dit Le Chien et Il n'y a plus rien sans musique aucune. Il ne pouvait en être autrement, puisqu'il était debout au micro. Si ma mémoire est bonne -- je mets bien cette réserve, n'est-ce pas : si ma mémoire est bonne -- l'utilisation de bandes enregistrées n'a pas été, au début de la séparation, aussi importante en quantité que par la suite.
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 05 mars 2007
Vous voulez dire que Ferré ne reprend aucun Barclay avec sa bande d'origine ?
Cela jusqu'en 84 ?
Sinon, au cas où il reprendrait certains Barclay avec bandes, pourquoi ne reprend-t-il pas celle d'Il n'y a plus rien ? (pour Le Chien, on peut comprendre, l'accompagnement Zoo doit vraisemblablement le gonfler) ?
Il est dommage que le concert de Vence 74 n'ait pas été enregistré, Le chien et Il n'y a plus rien accompagnés au violon seul, ça devait claquer !
J'ai envoyé à Mathieu Ferré un mail lui suggérant de faire du site officiel une plateforme de téléchargement gratuits de bootlegs non exploitables en commerce.
Il existe plusieurs enregistrements pirates de concerts importants.
Il ne m'a pas répondu.
Écrit par : The Owl | jeudi, 08 mars 2007
Non, je ne veux pas dire ça, pas du tout. D'ailleurs, la note à paraître demain vous répondra très en détail : c'est Jacques Miquel qui l'a faite. Elle vous dira tout ça.
Vence 1974, comme d'autres spectacles un peu différents, n'a pas laissé de trace, non. Je ne l'ai pas vu.
Je ne peux pas répondre à la place de Mathieu.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 08 mars 2007
Je ne disais pas ça pour que vous répondiez à la place de qui que ce soit, Jacques, mais pour vous inviter à vous prononcer sur la mise en place d'un téléchargement gratuits des bootlegs via le site officiel.
Il peut y avoir plusieurs modes de circulation des oeuvres ferréennes.
Écrit par : The Owl | jeudi, 08 mars 2007
Mais je n'ai pas à me prononcer là-dessus ! Ces décisions ne me regardent pas, voyons.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 08 mars 2007
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