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mercredi, 10 octobre 2007

Chez le disquaire

Les trois camarades dont, souvent, il a été question ici, regardaient régulièrement la vitrine du disquaire Raphaël, sur la Canebière. Un disquaire disparu depuis longtemps déjà, comme la quasi-totalité de cette profession. On n’allait pas acheter un disque, on allait chez Raphaël comme, pour faire l’acquisition d’un livre, on allait chez Flammarion (ou chez Tacussel, ou chez Maupetit, ou chez Laffitte, mais surtout chez Flammarion), juste un peu plus haut sur l’avenue. Des mythes.

Le magasin Raphaël – un temple de trois niveaux – employait entre autres personnes une jolie fille dont on a « oublié le visage et la voix » comme dit la chanson, et cette charmante personne se trouvait « sortir avec » un ami des trois camarades. Lesquels, dans leur candeur juvénile, ne firent ni une ni deux et s’en allèrent, quelque jour, chez le dit Raphaël prier la jeune femme de leur faire écouter un disque de Léo Ferré.

L’époque était aux cabines d’écoute individuelles à portes battantes de bois clair. La vendeuse disposait le disque sur une table de lecture située où ? et on l’écoutait, sans gêner personne, dans la cabine, avec un matériel d’une qualité évidemment bien supérieure à celle des tourne-disques des parents. Ils se tinrent à trois dans l’étroit logement, tandis que la chanson s’élevait. De quel disque s’agissait-il ? Oublié, comme le reste. Mais l’adorable les avait prévenus : elle ne pouvait pas faire durer l’audition au-delà de quelques instants. Pas question de demander le disque complet. Ce furent des instants pris, comme ça, au vol, par les trois jeunes gens.

Est-il possible aux jeunes d’aujourd’hui de comprendre cela ? En un temps où l’on achète des « intégrales », comment faire admettre que les disques étaient précieux parce que chers, qu’on n’en possédait pas beaucoup et qu’une chanson ainsi écoutée, c’était formidable ?

00:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (6)

Commentaires

Quel souvenir, j'avais seize ans, et c'était notre priorité le Jeudi aprés-midi, je ne connaissais pas encore Léo mais quel luxe pour nous d'écouter les derniers disques.

Écrit par : Lopez Monique | mercredi, 10 octobre 2007

Ah, vous avez des souvenirs similaires. C'est l'occasion d'accueillir une nouvelle participante. Bienvenue.

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 10 octobre 2007

Oh que oui les disques étaient précieux. Dans les années 7O a chaque paye j'allais m'acheter un ou deux disques. des moments magiques. Nous prenions le temps de découvrir des chanteurs inconnus, comme ca pour le plaisir.
Il n'était pas possible d'avoir la quantité, car économiquement un disque était cher.
Mais le retour en métro a la maison, a lire et regarder la pochette, savourer d'avance l'instant ou on allait enfin écouter
ce disque.......... cela n'avait pas de prix.
La premiere écoute de bobino 69, Amour Anarchie etc......

Écrit par : jean yves Griette | mercredi, 10 octobre 2007

Eh oui... Et les reflets de la lumière sur les disques noirs, quand on les regarde en biais... Je ne pense pas qu'on éprouve ça avec les disques compacts. Mais bah, ne soyons pas "anciens combattants". De toute façon, on va vers la disparition totale du disque, je veux dire : du support. Alors...

Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 10 octobre 2007

Voici un extrait du roman d'Henri Troyat,"La rencontre",qui illustre bien l'émotion,le mystère causés par les cabines d'écoute.
"-Je vais vous chercher le disque,dit Elisabeth.Si vous voulez passer dans la cabine pour l'entendre...
Assises dans la boite de verre,les deux jeunes filles se pâmaient,comme si elles eussent écouté une déclaration d'amour par téléphone.Après "Sur deux notes",elles exigèrent "Bohémienne aux yeux noirs"!D'autres disques suivirent,d'une inspiration aussi passionnée.En quittant leur réduit,les clientes étaient très émues.Elles se cotisèrent pour acheter "Sur deux notes"et "Tes bras..."Un homme triste,qui attendait son tour,fronça le nez en pénétrant dans la cabine où flottait encore le parfum de fillettes troublées.Sur sa demande,Elisabeth lui fit jouer "Funérailles",de Liszt....

Je me suis souvenu de ce roman dont l'action se déroule durant l'occupation allemande,à Paris, durant la seconde guerre mondiale!
J'ai connu les mêmes émotions dans des cabines à la fin des années 60,à Saint Omer (La maison du disque,qui existe toujours!)et à Boulogne sur mer chez Musica(ça n'existe plus depuis lontemps!).Là,il fallait descendre dans un sous sol,ce qui ajoutait au mystère!
Ce qui est amusant ,c'est que le magasin Musica avait un petit studio d'enregistrement assez réputé dans la région où Jacques Douais a,semble -t-il ,enregistré "Le bateau espagnol" et "Les forains" sur un microsillon BAM(éditions de la boite à musique) n°j.10.001 A.Je dis"semble-t-il"car j'ai eu plusieurs versions des conditions de cet enregistrement!Cependant,je possède l'enregistrement mais sans pochette.
Bon,j'arrête là mes souvenirs d'ancien 'écouteur de disques en cabine"mais il est vrai que ,à cette époque(1967 pour moi),c'était un évènement quand nous allions acheter un disque!
Frédéric Morino.

Écrit par : frédéric morino | jeudi, 18 octobre 2007

Merci pour cette trouvaille et pour vos souvenirs. Je vois qu'il ne s'agissait pas seulement d'une nostalgie de ma part, et que ce sentiment est partagé.

Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 18 octobre 2007

Les commentaires sont fermés.