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mardi, 24 juin 2008

Le samouraï

En septembre 1967, Alain et Nathalie Delon, qui ont divorcé le matin même, assistent à la première de Léo Ferré à Bobino. Toujours à l’affût d’une imbécillité à proférer, la presse titre : « Léo Ferré a réconcilié Alain et Nathalie Delon ». Quelque quarante ans plus tard, dans ses souvenirs, l’actrice précisera que le choix de ce spectacle était arrêté depuis longtemps et qu’une première de Ferré ne se manquait en aucune circonstance.
 
Le mercredi 8 janvier 1969, Delon est à Bobino, dans la salle, pour assister au spectacle de Léo Ferré.
 
En 1972, Léo Ferré passe sur le plateau du treizième et dernier film de Melville, Un flic, dont Delon interprète le personnage principal, merveille d’ambiguïté. Ferré mentionnera ce tournage plus tard et je regrette un peu qu’il n’ait évoqué que le cachet de l’acteur, qui lui avait paru extraordinairement élevé.
 
Une photographie montre les deux hommes encore une fois réunis, buvant un verre ensemble, vraisemblablement vers la fin de 1972 ou le début de 1973.
 
L’annonce que Delon a lu des textes de Ferré au cours d’un gala contre la maladie d’Alzheimer n’est donc pas réellement une surprise. Alain Delon a toujours admiré Léo Ferré, ce n’est pas de circonstance. Bien entendu, le principe même d’un gala de bienfaisance implique un prix des places très élevé et je n’ai pu y assister, d’autant qu’il eût fallu ajouter au coût du fauteuil la location d’un smoking. Eh oui, ça se passe comme cela en général… Sur le plan artistique – le seul qui nous importe réellement ici – je voudrais bien connaître, à tout le moins, la liste des textes qui ont été lus. Je suppose que le comédien a conservé l’initiative du choix et suis curieux d’en prendre connaissance.
 
Sur Alain Delon sont colportées, depuis longtemps, des idées reçues ou des rumeurs considérablement exagérées. Habituellement, je ne peux prononcer son nom dans une conversation sans qu’aussitôt on s’exclame et que ressurgissent les clichés. On pourra désormais opposer aux sempiternelles remarques cette lecture de textes.

Commentaires

Bonsoir Jacques
A défaut d'entendre Delon au gala de l'IFRAD, on peut l'y voir sur http://www.gettyimages.com/Search/Search.aspx?EventId=81598250#
Et Pietragalla aussi

Sinon, je n'ai aucune sympathie pour Alain Delon. ne serait-ce que pour les soutiens qu'il a apportés à des politiciens d'extrême droite.
Qu'il interprète ou non Ferré ça ne le change pas beaucoup. Je serais même tenté de penser qu'il n'a pas compris grand-chose à Ferré, comme beaucpup de ces soit-disant "anars de droite".
Quand tu écris "On pourra désormais opposer aux sempiternelles remarques cette lecture de textes" veux-tu dire que cette lecture vaut objections aux critiques ? ou me trompé-je ?

Daniel DALLA GUARDA

Écrit par : Daniel Dalla Guarda | mardi, 24 juin 2008

Bonjour Daniel
J'avais autrefois ,il y a bien 40 ans, entendu dire (ou lu, je ne
sais plus ) que Ferré et Melville se connaissaient bien ,et s'appréciaient ...C'est sans doute plus pour Melville que pour Delon qu'il vint sur le tournage.

Quant aux "anars de droite",on ne peut les empêcher d'aimer
Ferré.Soit par malentendu,soit parce qu'on peut aimer des choses qui nous sont contraires.(ex:Je suis depuis toujours un grand lecteur de Céline,alors que politiquement ,j'en suis on ne
peut plus éloigné...)

Je pense à Devedjian,déclarant sur le plateau de Canal+ que
son artiste préféré est Léo Ferré.
Ou c'est vrai, ou c'est un moyen de faire oublier son passé
politique de militant du mouvement fasciste "Occident' qui sévit entre 62 et 68 ,où l'on trouvait aussi Alain Madelin, Longuet, Goasguen.etc...

Les affinités que l'ont peut avoir avec des poèmes, des musiques,ou des tableaux,suivent parfois des voies mystérieuses.

Pierre Boulez a toujours été d'extrême gauche,ce qui n'empêche pas que sa musique déplaisait à Ferré, mais
elle le fascinait d'une certaine façon:Il achetait ses partitions
et ses livres !

Écrit par : francis delval | jeudi, 26 juin 2008

Delon est tout de même un personnage trouble:

http://www.ladepeche.fr/article/2000/10/01/88812-Delon-la-version-originale.html

Heureux d'apprendre qu'il aime Ferré, mais je crois qu'il n'a pas de l'anarchie la même définition que notre poète. Il est surtout en marge de la société et a fréquenté des milieux louches. Peut-être cherche-t-il dans les textes de Ferré une manière de justifier et de légitimer son comportement. Il serait sorti des sentiers battus au nom de la liberté...

Écrit par : Feuilly | jeudi, 26 juin 2008

Bonjour Francis

Comme vous je pense que c'est pour rencontrer Melville que Léo est allé sur le tournage.
Jasques nous a signalé dans les projets non aboutis de Ferré, que Melville devait porter à l'écran 'Paris Canaille' (rien à voir avec le film homonyme de Pierre Gaspard-Huit). L'amitié qui liait Léo à Melville est ancienne

Daniel DALLA GUARDA

Écrit par : DALLAGUARDA | jeudi, 26 juin 2008

Dans le genre "admirateur de droite de Ferré", n'oublions pas
Claude Autant-Lara, qui finit lamentablement au "Front national",qui avait besoin d'avoir au moins un artiste connu.....Autant-Lara a exprimé à plusieurs reprises son admiration pour Ferré, notamment dans une lettre privée à Dominique Lacout ,qui en a publié des extraits dans son livre
sur Ferré ....Ferré avait de son côté défendu le film "Les régates
de San-francisco",film avec Delon, et qui avait été un peu éreinté par la critique.Nul n'ignorait cependant que Claude Autant-Lara penchait du côté droit,notamment depuis le tournage des films inspirés de Marcel Aymé,autre anar de droite (si la formule n'est pas un oxymore...), comme "La traversée de paris" ou "la jument verte"....cela dit, je ne déteste pas lire Marcel Aymé.

Écrit par : francis delval | jeudi, 26 juin 2008

je corrige une petite erreur:Delon ne joue pas dans "les régates
de san -francisco....C'est Terzieff.....ça ne change rien pour Autant-Lara

Écrit par : francis delval | jeudi, 26 juin 2008

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