mercredi, 19 novembre 2008
La mémoire et la nuit
Le jeudi 30 juillet 1970, le jeune homme souvent présenté ici se trouve au palais du Pharo, à Marseille, pour un spectacle en plein air, au Théâtre aux Étoiles. C’est une des premières fois qu’il se rend au spectacle. Il a déjà vu Fernand Raynaud (hum) l’année précédente, et Brassens en février de cette année-là, tous deux au théâtre du Gymnase. C’est tout. Ce soir-là, il va voir et entendre Léo Ferré, pour la première fois. Il connaît son œuvre depuis une année, et voilà que, au cours de sa tournée d’été, Ferré passe par Marseille.
On entre dans les jardins du Pharo et l’on monte une allée en pente assez forte : à Marseille, le terrain plat, ça n’existe pas. Tout en haut, des gradins sont installés l’été, avec des éclairages provisoires et des « parois » mobiles créant un théâtre éphémère. Ce qui est beau, c’est le palais du Pharo, offert à Joséphine par l’Empereur, qui sert de fond de scène. Et l’on sait que derrière, il y a le monument aux morts de la mer et, en contrebas, le large, déjà.
Il assiste au récital avec le camarade qui, l’année précédente, lui a fait découvrir Ferré en lui parlant, dans la cour du lycée Victor-Hugo, de l’artiste et du 45-tours Barclay du moment : C’est extra, La Nuit, Madame la Misère. Ce soir, ils sont assis sur la gauche, relativement loin de la scène.
Curieusement, il n’a pas énormément de souvenirs de cette soirée. Il lui reste des visions de Popaul, de Léo Ferré en liquette mauve portée par-dessus un pantalon noir, avec un large ceinturon par-dessus le tout. C’est la mode du moment. Il a les cheveux longs et gris. Ce qui est impressionnant – en tout cas pour ses dix-huit ans, et même seulement ses dix-sept ans et demi d’alors – c’est que le chanteur est accompagné par un pianiste aveugle. Sans savoir pourquoi, il a le sentiment, dans son souvenir, d’une nuit infinie – sans doute métaphoriquement, à cause de la cécité de Paul Castanier ; sûrement réellement parce qu’il fait nuit et qu’il voit le ciel noir au-dessus de sa tête ; certainement à cause du contenu des chansons. Il ne sait pas. Pour lui, en tout cas, ce premier souvenir, c’est la nuit, la nuit, la nuit. Les chansons, il ne lui en reste que quelques fragments très brefs dans les oreilles : un bout du Bateau espagnol (peut-être avec les arrangements de Defaye, donc sur bande enregistrée – mais ce n’est pas sûr) et un peu de La Mémoire et la mer, c’est tout.
En revanche, il lui reste aussi le sentiment d’un formidable coup de poing. Un coup de poing sans violence, quelque chose de salutaire. Le premier spectacle de Léo Ferré, c’est quelque chose. Ça ne s’oublie pas, et cependant, les détails s’évanouissent. Demeure une impression.
Ensuite, plus rien : la sortie, le retour, rien. Tout s’est effacé. Trente-huit années ont coulé. C’était hier.
17:00 Publié dans Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (27)
Commentaires
Nos mémoires évidemment se recoupent et si elles se contredisent, Jacques, ce n'est que sur des détails. Pour moi, la première fois sur la scène, c'était aussi en cet été de 1970. Juillet, aussi (le jour m'échappe définitivement, qui sait, peut-être retrouverai-je un indice), et pas loin de Marseille : à Arles. Au magnifique théâtre antique. Du mauve plein le froc (oui, pour moi, c'est le pantalon pas la chemise et j'ai une preuve !) et Popaul au piano et des "plus anars" que lui dans les gradins, le traitant de " commerçant !". Il les mouchait d'un "merde !", gueulé dans le refrain de "C'est extra", quitte à faire un couac. Il avait aussi chanté "Le crachat" et "Sur la scène", avec laquelle il commençait, je crois bien... C'était parti, arrivé, ça dure toujours après 38 ans.
Écrit par : Claude Frigara | mercredi, 19 novembre 2008
Tu as raison, c'était la liquette noire et le pantalon mauve. Tu vois, aucun souvenir n'est réellement fiable. On ne sait pas ce qui fait vaciller les nuances, trembler la mémoire, vibrer la souvenance. Il ne faut pas vieillir, jamais.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 19 novembre 2008
J'aurais aimé fixer moi aussi tes souvenirs, mais je n'ai pas retrouvé la date exacte du spectacle d'Arles.
Je peux juste circonscrire les choses, en te donnant les dates du mardi 7 juillet 1970 à Nice (Théâtre de Verdure) et du mercredi 29 à Orange (Théâtre antique).
Une tournée d'été dans le Midi, somme toute.
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 19 novembre 2008
Bonjour à tous, je suis toujours là, mais pas mal de soucis ces temps-ci et pas beaucoup de dispo pour me replonger dans un travail de fond. On verra plus tard. Juste un mot pour dire qu'au cours du mois de juillet 70, j'ai vu pour la 1ere fois Léo Ferré à L'île de Ré. J'avais 12 ans et j'y étais en vacances avec mes parents. C'était un bel après-midi. Nous étions à la même terrasse d'un café restaurant de St Martin. Moi avec mes parents et mon frère à une table, probablement devant un "pschitt". Lui seul à une autre table lunettes sur le nez et plongé dans ce qui m'a semblé être des partitions, en tout cas d'assez grandes feuilles. A une autre table, plusieurs personnes, jeunes, cheveux longs, libres comme je ne pouvais pas encore l'être, certains assis, d'autres debout près de cette table, une très belle fille aussi (je l'ai bien remarquée). L'un d'eux s'est levé dans la direction de Ferré et l'a appelé "Léo!". J'ai vu ce type avec ses cheveux blancs, longs aussi, plus vieux que les autres , s'avancer vers eux, de quoi ont-ils parlé ensuite, je ne sais pas. Toujours est-il que j'ai gardé un souvenir et des images très précis de ce moment. Pas de mauve dans la tenue de Ferré, mais surtout du noir, et les lunettes de vue, monture noire. Il a représenté pour moi à ce moment-là déjà une image de poète, quelqu'un d'assez différents du commun des mortels, des gens que je voyais avec mes parents, quoi, différent des "monsieur et des madame" de ces temps pompidoliens. Je crois que là j'ai eu envie d'entrer dans l'adolescence. Il me semble que Ferré chantait ce soir-là à La Rochelle, mais je ne l'affirmerais pas. Je me demande s'il n'yavait pas des affiches, mais cela demanderait à être vérifié. Je pense qu'il faudrait situer cet épisode (compte-tenu de mes souvenirs de mon séjour) plutôt autour du 20 (en tout cas juillet 1970, je suis formel). Ce n'est que quelques années plus tard que je suis allé l'écouter en récital, mais très vite dès 70-71, je me suis mis à l'écouter et à me procurer ses disques. Avant 70, j'avais déjà entendu parler de lui et mes parents connaissaient un peu ses anciennes chansons. J'en avais entendu très tôt à la radio (surtout jolie môme, Paris Canaille, et plus récemment alors, mais beaucoup et souvent sur les ondes, C'est extra que je ne comprenais pas, mais dont je présumais des significations un peu troubles du côté de ce que je n'étais pas encore capable d'appeler de l'érotisme) et je suppose que j'y avais été réceptif, mais c'était un peu flou dans mon esprit tout cela. J'étais vraiment très jeune. Je pense que la conjonction de cette image et de mes préoccupations d'aspirant adolescent ont joué un rôle décisif sur ma première approche véritable de l'oeuvre de Ferré. J'ai ainsi rejoint une génération, la mienne, qui pouvait vibrer dans le sentiment de la révolte et aussi une forme de désespoir (ou de "chagrin, pureté" ... d'enfant dans mon cas) que Ferré exprimait et pouvait représenter. Je lui ai parlé de cela quand j'ai eu l'occasion de lui parler en janvier 87, et il m'a répondu à peu près cela, très simplement: "tant mieux, si j'ai pu t'aider". Je crois pouvoir penser que j'avais déjà un goût pour la poésie, mais cette inclination a pris un chemin nouveau (pour moi) à partir de ma découverte de l'oeuvre de Ferré.
A noter que je suis repassé à St Martin de Ré il y a quelques années et j'ai parfaitement reconnu la terrasse en question.
Voilà encore un témoignage dans la série "comment je suis venu à l'écoute de Ferré?" Est-ce grave, Docteur? En tout cas, c'est une maladie de longue durée puisque le brave gars de 50 piges que je suis devenu en est toujours atteint.
Écrit par : jean-claude VALLEJO | mercredi, 19 novembre 2008
PS: j'avais dit "juste un mot", et finalement je m'aperçois que j'en ai fait toute une "pagée" comme on dit dans ma campagne. Qu'on veuille bien m'en excuser.
Écrit par : jean-claude VALLEJO | mercredi, 19 novembre 2008
Eh bien, Jean-Claude, c'est pratiquement une note que vous avez écrit. Je suis heureux que mes propres souvenirs fassent renaître ceux des autres. Bien sûr, ce ne sont pas là des études à proprement parler, mais une des sections de ce blog est dévolue aux souvenirs. C'est un peu la cour de récréation de la mémoire. Qui veut venir y jouer ?
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 20 novembre 2008
Attirée depuis toujours par la poésie, je n'ai pourtant vu Léo Ferré qu'une seule fois en scène... et tard. C'était dans son récital des poètes. Eh oui, il m'a fallu attendre si longtemps.
De ce fait, je ne peux pas dire qu'il ait "changé ma vie" ; il l'a seulement éclairée comme seul l'éclair peut le faire dans un ciel d'orage. Il y a dans mon souvenir de ces dernières années 80, cette voix, un espoir revêtu de musique. Une sorte d'élan qui portait le coup-rage de vivre, une flamboyante amitié : il avait rendu la poésie à nos voix, à nos yeux : on se sentait différent... et encore, c'était avant de savoir tout ce que je sais à présent de lui, grâce à Jacques.
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 20 novembre 2008
Et bien moi, je l'ai découvert en 1970 également. J'avais 19ans et c'était à Bobino. Des amis soixante-huitards révoltés m'avaient proposé de les accompagner.
J'ai vu la silhouette de ce type dans une lumière bleutée tout en fond de scène. Popaul a attaqué au piano et pour la première fois j'ai entendu "Sur la scène". Quelle claque! Quelle révélation! Etant déjà ouvrier et déjà très exploité je trainais toujours une colère et une révolte avec moi. De plus à mon boulot j'avais connu un anarchiste, fils de réfugiés espagnols, avec qui j'avais de longs dialogues.
Mais Léo ça n'a pas été que la révolte. Il y a eu Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, etc ... que j'ai découvert grace à lui.
Habitant à cette époque la banlieue, je crois que je l'ai vu partout où il est passé. J'adorais surtout le Dejazet.
Aujourd'hui que je suis exilé dans les Hautes-Alpes ça continue. Lorsque je suis au PC souvent un vieux vinyl tourne sur ma paltine.
Voilà, ça fait donc 38ans que ça dure et ça va encore continuer très longtemps.
Écrit par : Marc | jeudi, 20 novembre 2008
Merci Marc, pour votre souvenir. C'est marrant, combien sommes-nous à l'avoir découvert à ce moment-là ? Il doit y en avoir un sacré nombre, tout de même.
Et si je compte à partir de 1969 où j'ai découvert l'oeuvre avant de voir le spectacle vivant, cela fera quarante ans l'an prochain. Brrr...
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 20 novembre 2008
J'ai vu la première fois Ferré en Récital fin 61 ou début 62, à
l'opéra de Lille (Je n'ai jamais noté les dates)..J'avais donc un peu plus de17 ans...Public bourgeois, programme luxueux, en gros le récital Alhambra.Avec Madeleine habillée en République
pour "la gueuse"...P.Mauriat et "F.Aussman" dans la fosse...
Ecoutant Ferré depuis 58, je me préoccupais peu de l'ambiance
très attentive , mais polie.La plupart venaient voir Ferré comme les tournées Baret.
(Peu après, je vis C.Sauvage, qui chantait sous chapiteau, l'ambiance était nettement plus chaleureuse.C'est la seule fois
où je la vis chanter...)
Puis il faut passer à fin 68 ou début 69, toujours à l'Opéra de Lille, public plus jeune et chaleureux.On pouvait acheter
la brochure "Mon programme" à l'entr'acte.Une bonne partie
du récital de Bobino..
Janvier 70, théâtre Sébastopol de Lille, public nettement plus jeune ,toutes les marches sont occupées.Popaul à l'ouvrage.
Ferré, cheveux longs, barbu, ressemble à Vinci..
Deux moments inoubliables: la première audition de "La mémoire et la mer" et le "Psaume 151"...De loin le récital dont
j'ai le meilleur souvenir.
Puis l'opéra de Lille en 71, avec les fameux incidents de jets
de tire-fonds,les flics autour du théâtre etc...J'en ai déjà
parlé dans un commentaire de je ne sais plus quelle note.
Je n'y reviens pas.
Début 73,par un froid de canard, récital au Colisée de Roubaix, avec Charlebois 'que je découvre à cette occasion,
et que j'écoute encore ...du moins ses anciens disques...
Belleret évoque ce concert dans une salle de 3500 places.Il
n'a jamais dû mettre les pieds dans la salle, un vieux ciné
tout en longueur avec un balcon très étroit, 800 places à tout
casser..ciné rasé depuis.
février 74: concert à la MJC Douai, où je réside désormais,
Une révélation: "L'espoir" , qui est une de mes chansons
préférées.Il arpente la longue estrade qui est devant la scène, quittant souvent son piano, chantant parfois a capella,
quand il n'a pas la bande son.
puis à nouveau un trou.
Je ne le verrai plus chanter que deux fois, en 82 à Douai, sous chapiteau, il rode son récital 84....et enfin "Léo Ferré chante les poètes" à Douai en 86.
J'aurais pu le voir plus souvent, mais je n'avais pas l'esprit
"fan"....Mes disques, les livres me suffisaient.Je n'ai jamais
cherché à le rencontrer ou à le contacter.C'est une démarche
qui m'est étrangère...Je suis passé une fois à Castellina en 82, m'étant égaré entre Florence et Sienne, mais je ne me suis pas arrêté.
Mon "Ferré" qui me suis depuis l'âge de 14 ans, je me le suis
fabriqué tout seul;
( J'ai quand même lorsque Ferré est venu inaugurer la salle
d'Aulnoye, ayant cours au même moment libéré en catimini
deux de mes étudiants fans de Ferré...Une délégation en quelque sorte...)
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 20 novembre 2008
Merci à tous ceux qui viennent jouer dans la cour. Amenez vos billes et faites gaffe au pion.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 20 novembre 2008
J'ai dis que j'avais découvert Léo en 1970 à Bobino. Mais n'était-ce pas 1971? J'en suis moins sur maintenant. Je ne pense pas avoir de programme de ce soir là. Il faudra que je fasse des recherches.
Je me souviens juste que Popaul était là et que la première chanson était "Sur la scène".
Mais Léo utilisait-il des bandes enregistrées à cette époque ou bien Popaul faisait-il toutes les chansons?
Écrit par : Marc | vendredi, 21 novembre 2008
Cette question a déjà été envisagée ici, dans je ne sais plus quelle discussion. Il est apparu que, en 1967 déjà, Popaul laissait quelquefois la place à l'utilisation de bandes enregistrées.
Le spectacle de Bobino a eu lieu en 1970. Je n'ai pas les dates exactes près de moi. La couverture du programme peut être vue Passage Léo Ferré (lien dans la colonne de gauche), en page "Demandez le programme !"
Sur la scène a longtemps été la chanson d'ouverture. Elle était, il faut bien dire, tout indiquée pour cela. Et elle "chauffait" la salle d'un seul coup.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 21 novembre 2008
Bobino 69 : c'est à ce spectacle que j'ai découvert Léo Ferré. Et ce sont mes parents qui m'y avaient invité. Merci Maman !
Mais ce n'était pas à Bobino, c'était au théâtre Montansier à Versailles.
Et depuis un long moment je me pose cette question : était-ce avant Bobino proprement dit (Léo a souvent répété à ses spectacles à Versailles ou en Belgique avant ses rentrées parisiennes) ou bien après Bobino ?
Je n'ai aucun souvenir de la date. (Quelqu'un peut-il m'aider à la retrouver ?)
Par contre je me souviens bien du public survolté (à Versailles !) et du choc que j'ai reçu ce soir-là !
Daniel DALLA GUARDA
PS : Bobino 1970 : du Mercredi 11 nov. au Mercredi 16 déc. sauf erreur
Daniel DALLA GUARDA
Écrit par : DALLAGUARDA | vendredi, 21 novembre 2008
Oui, il y avait eu Bobino 69, d'où est tiré le double disque. Et puis l'année suivante, de nouveau Bobino, et c'est donc à ce moment que je l'ai découvert.
Écrit par : Marc | vendredi, 21 novembre 2008
Pour ma part, la première « rencontre » avec Léo Ferré remonte à 1963. En visite chez un de mes cousins dont l’érudition en imposait à toute la famille, je remarquais posé sur un guéridon l’album de Léo Ferré ‘62 dont la photo de J.-P. Sudre ne pouvait laisser indifférent. Mon cousin me dit alors : « C’est Léo Ferré, le plus grand poète de notre époque » ! ». Je crois bien que c’était la première fois que j’en entendais parler. Quelques mois plus tard, me promenant à Toulouse avec ma mère, je me rendis compte que les passants regardaient un homme, arrêté au coin des rues La Pérouse et d’Alsace-Lorraine où il semblait attendre quelqu’un. (Cet endroit fait face à l’entrée principale d’un grand magasin). Ma mère me demanda si je savais qui c’était ? « Je crois que c’est Léo Ferré, lui dis-je, un poète... ». J’étais persuadé que c’était bien lui, quoique trouvant sa présence là assez insolite. J’ignorais alors qu’il habitait dans le Lot et que Toulouse était pour lui la grande ville la plus proche.
Ce n’est que deux ans plus tard que je le vis pour la première fois sur scène. Mais là je connaissais un peu ses chansons.
Écrit par : J. Miquel | vendredi, 21 novembre 2008
Daniel, je n'ai pas la date de Versailles, malheureusement. Bobino, je confirme : du mercredi 11 novembre au mercredi 16 décembre 1970, tous les soirs (sauf le lundi) à 21 h et le dimanche à 15 h. C'est son dernier Bobino.
Jacques, merci pour le poète au grand magasin. Marrant.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 21 novembre 2008
Je me rends compte qu'à part Ferré, je n'ai vu que peu de chanteurs.Ou chanteuses.Il y eut C.Sauvage, déjà dit.
A part eux, une fois Brassens en 70 avec J.Bertin et B.Lapointe.
Je serais bien incapable de dire ce que Brassens chanta ce soir de 1970.Par contre, je me rappelle bien de B.lapointe.
Vu F.Leclerc , avec C.vaucaire en première partie .Leclerc, une
présence physique étonnante, avec sa chaise et sa guitare, et Cora Vaucaire zappant encore en 73 le "droit au cul" de Rutebeuf (la phrase est ambigüe, tant pis), Gilles Vigneault en 74
qui appelait le balcon le "jubé" et qui fit chanter toute la salle avec lui.
Deux fois Gilles Servat, dans des meetings à la mutualité.
Mais les deux souvenirs les plus marquants furent Charlebois en 73..Grand récital, un habit queue-de-pie en jean!...Un répertoire superbe, et j'ai découvert un excellent
pianiste....La grande époque du "grand bob".
Et puis Nougaro en 80, sous chapiteau,magnifique concert,
mais le Nougaro d'après m'a moins accroché.
Trois regrets:n'avoir jamais vu chanter colette Magny, ni Mouloudji, ni Giani Esposito , mort trop jeune...
Cela fait peu....pour la "variété"....
Heureusement , dans la période 80-90, nous avons eu à
Douai un directeur de MJC qui aimait le jazz .Et là ce fut le bonheur: Steve Lacy tous les deux ans, trois fois l'Art ensemble de Chicago, Archie Schepp,Art Blakey, Mike Weestbrook,Dollar Brand, Michel Portal,Humair, galliano, F.jeanneau,Lester Bowie et son brass band,Texier,Romano,
Boulou Ferré et Escoudé,et je n'oublie pas la grande Carla Bley et son piano....Le directeur a changé, le jazz a déserté
la ville, et la java ne l'a pas remplacé...Nous avons eu droit à
Carolyn Carlson...à tour de bras.....
J'ai oublié rayon chanteur Michel Hermon qui fut un merveilleux Mackie-the -knife dans "L'opéra de quat'sous".
Bien sûr avec Ferré, ce fut un autre rapport, toujours à
distance...Faut-il entrer dans l'intimité des artistes?..On vit
Ferré se promener en 69 dans le quartier des filles à Lille, et
alors?....
Écrit par : Francis Delval | vendredi, 21 novembre 2008
Pour Francis : J'ai eu la chance de voir G. Brassens à Sète en 1973 (ou 72 ?). Les Sétois faisaient la queue toute la nuit pour avoir des places à la 1ère présentation. Nous sommes arrivés tôt un matin et avons obtenu nos places en à peine une heure pour la 2ème représentation (en après-midi).
L'ambiance étatit très très chaleureuse, des bravos à n'en plus finir à chaque chanson... Vous imaginez...
Et puis vers le milieu du tour de chant la FAMEUSE INTRODUCTION QUE TOUT LE MONDE ATTENDAIT ...
Tout le monde a reconnu 'Supplique pour être enterré sur la plage de Sète' !
J'ai rarement entendu des applaudissements aussi nourris. Que dis-je ? Un délire d'applaudissements...
Et Brassens avec un clin d'oeil complice à Groscolas entonne les premiers vers de ...........
'Les imbécilles heureux qui sont nés quelque part' !'
Un pur moment de bonheur....
Daniel Dalla Guarda
PS : Merci Jacques et tant pis si je reste avec cette question
Écrit par : DALLAGUARDA | vendredi, 21 novembre 2008
Avec la permission de Daniel, une petite correction : Pierre Nicolas, pas Groscolas.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 21 novembre 2008
Mon récital Brassens , je suis passé à côté,première partie trop
longue,en plus de Jacques Bertin et de Bobby Lapointe, il y avait
une chanteuse dont j'ai oublié le nom, et un comique de l'époque
,Martial Carré, pas drôle, qui s'est fait siffler copieusement.
Brassens a chanté une heure , environ,c'était dans une salle
de cinéma, bien remplie mais pas très grande..Ce n'était pas Sète....Cela dit, je connais encore par coeur toutes les chansons
de Brassens, même si je l'écoute rarement.C'est parce que je les connais bien que je suis incapable, près de 40 ans après de dire lesquelles étaient au programme.
Écrit par : Francis Delval | samedi, 22 novembre 2008
Petite colle du Dimanche...
Qui connaît la chanson dont voici le refrain:
Puis cette nuit tu es partie
Sans doute pour un autre lit
Tout est devenu morose
Evanouie la vie en rose
Et cette vieille chanson d'Ferré
Qu'on écoutait si serrés
S'est enrayée pour toujours
Bonsoir Hymne au désamour
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Hymne au désamour, chanson de Marie Dabade et Robert
Charlebois.
CD de Charlebois " Le chanteur masqué",1997
Écrit par : Francis Delval | dimanche, 23 novembre 2008
Puisque l'on parle un peu d'autres chanteurs à texte, à part Léo que j'ai vu des fois et des fois, je suis allé voir Brassens à Bobino surement en 1974, mais je ne suis pas sur. Je regrette d'avoir été trop jeune lorsque Brel a stoppé sa carrière, j'aurais amé le voir au moins une fois.
J'ai vu un paquet de fois Henri Tachan, que je vais encore voir de nos jours dès qu'il n'est pas très loin de chez moi.
Et puis l'excellent Michel Bühler que j'ai entendu ici dans les Hautes-Alpes il y a deux ans et que je vous conseille très vivement.
Écrit par : Marc | lundi, 24 novembre 2008
Avec la permission de Marc, une correction.
Brassens "rentre" à Bobino en 1972 et tourne ensuite (je le vois à Marseille -- ce sera la seconde fois -- en 1973). Puis, plus de rentrée à Bobino avant 1976 -- ma troisième fois. Donc, ce ne peut pas être en 1974.
Écrit par : Jacques Layani | lundi, 24 novembre 2008
Merci Jacques pour ces précisions.
Mais le temps a passé et je dois dire que j'ai un peu oublié.
Donc pour moi c'était 72 ou 76. Il faudra que je fasse des recherches.
Écrit par : Marc | lundi, 24 novembre 2008
Puisque chacun y va de son premier souvenir de Ferré sur scène, pour moi c'est aussi Bobino 70, et pour être plus précis le jour ou peut-être le lendemain de la sortie du fameux numéro d'Hara Kiri, Bal tragique à Colombey. Le journal passait de mains en mains dans la salle, et si je n'affabule pas a posteriori, Ferré quand il a chanté le Conditionnel de variété a fait allusion au journal. Je ne sais plus s'il était déjà interdit, ou si on sentait seulement qu'il allait l'être.
J'ai revu Ferré deux ou trois fois par la suite, mais il ne m'a pas redonné la même impression d'être pris dans le mouvement de l'Histoire, avec une grande hâche.
Il faut dire que découvrir Ferré et enterrer De Gaulle d'un même coup, c'était quelque chose à 15 ans.
Écrit par : ingirum | vendredi, 12 décembre 2008
Bienvenue à Ingirum, qui parle ici pour la première fois.
J'avais connu votre blog, à sa naissance. Je ne savais pas que vous lisiez celui-ci.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 12 décembre 2008
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