mardi, 03 février 2009
À propos d’un texte antimilitariste
Parmi les textes antimilitaristes de Léo Ferré, on évoque souvent Regardez-les écrit en collaboration avec Francis Claude, ou bien Pacific Blues (écrit lors de la guerre d’Indochine, enregistré et détruit lors de la guerre d’Algérie, publié lors de la guerre du Vietnam).
Rarement À celui de 14 à celui de 39, qui a pourtant cette particularité d’être un poème antimilitariste plutôt doux. Pacific Blues était doux lui aussi, mais il s’agissait du rêve d’un soldat décédé. Ici, on est dans le concret comme on l’était dans Regardez-les, mais tout en douceur : « Vingt ans déjà petit la mer toujours revient / De plus loin que là-bas les oiseaux blancs dévorent / Ce qu’il reste de suc à l’azur quotidien ». La mélancolie est omniprésente. Il y a toutefois ce départ « soumis défait boutonné de métal », où le Ferré que l’on sait pointe de nouveau le bout de l’oreille : le mot « soumis », le mot « défait », sonnent comme toujours dans sa voix. L’association des deux mots fait partie de l’imaginaire de l’auteur. Il faut à ce propos se rappeler Ludwig : « Cette plage que tu voulais défaite et soumise à ton imaginaire chorégraphie d’enfant seul et triste ». Chez Ferré, qui est défait est soumis, et inversement. On n’est « fait » – et bien fait, sans doute – que dans la liberté. On peut relever aussi cette expression : « boutonné de métal ». Généralement, pour dire la guerre et l’uniforme, on parle de « casqué, botté » et, bien entendu, d’« armé ». Léo Ferré, c’est étonnant, s’attarde aux boutons et cela ajoute à l’intimisme du texte, me semble-t-il. Les casques, les fusils, l’équipement, c’est au dehors, c’est en avant, c’est destiné à la bataille, c’est extérieur. Les boutons, cela ne va guère plus loin que la poitrine, cela reste intime parce qu’attaché au vêtement, près de soi, contre la peau. Cette peau que le soldat va, selon l’expression, se « faire trouer ». Or, on parle aussi de « boutonnière » pour une plaie, une blessure. Le sens est sous-jacent. Même si l’on reste au premier degré, des boutons de métal, c’est froid… et l’on pense enfin à la chanson Boutons dorés, qu’interprétait autrefois Barbara, ce qui renvoie à la solitude du soldat « orphelin ». La mélancolie à présent revient, avec cette présence permanente de la mère chez Ferré : « Ta maman au poignet battant le pouls du diable ». Il reste la jeunesse enfuie, elle aussi souvent chantée : « Tu as dit au revoir (…) / Aux copains au ciné aux filles charitables ».
Vient ensuite le constat amer de ce que la lucidité impose à l’homme trop vite mûri, qui n’en finit pas d’arracher ses racines d’enfance pour partir dans la vie : « Tu sais que l’homme pousse et qu’il faut le couper / Quand il est encore vert dans le lit des délices ». Je ne sais pas quand, exactement, fut écrite cette poésie, mais l’allusion aux plombs paraît la dater d’avant l’invention du fusible : « Comme on coupe les plombs de l’électricité / De peur que dans la nuit vos Soleils n’y complicent ». À moins, bien entendu, qu’il ne s’agisse d’une expression conservée, comme il en va souvent pour toutes les générations lorsque des techniques anciennes et bien connues sont remplacées par d’autres. Longtemps, on a désigné la touche « Entrée » des claviers d’ordinateurs sous le nom de « Retour chariot », ce qui ne voulait plus rien dire dans l’absolu, mais « parlait » encore à beaucoup (encore s’agissait-il du « Retour chariot » des machines électriques puis électroniques ; les machines mécaniques, elles, ne comportaient pas cette touche). Au passage, on savoure le néologisme « complicent », troisième personne du pluriel du verbe complicer, conjugué à l’indicatif présent. C’est aussi remarquable que « Vers l’horizon qui pain d’épice », du verbe pain d’épicer, naturellement.
La dédicace du poème est faite « À celui de 14 à celui de 39 / Et puis de l’an 40 / À celui du Chili à ceux de l’Algérie / Aux Juifs déracinés qui fuient la Palestine / À ces Palestiniens comme un arbre coupé », bref, à « ceux » de tous les conflits que l’auteur a pu connaître ou dont il a été le contemporain, à l’exclusion de l’Indochine et du Vietnam, mais la litanie, hélas, eût été longue. On remarque, évidemment, le vers « Aux Juifs déracinés qui fuient la Palestine », provenant directement de Visa pour l’Amérique où on le trouvait au singulier. Là, se produit l’habituelle association d’idées ferréenne : le mot « Palestine » glisse au vers suivant et le fait enchaîner sur les Palestiniens. Ce cas est fréquent lorsque Ferré construit des textes énumératifs.
La clausule tient du couperet : « La loi te donnera des morts et du café ». Avec ce parallèle culotté entre morts et café, Léo Ferré donne un des raccourcis dont il est coutumier. Il met sur le même plan, à travers une viande froide et une boisson chaude – si j’ose dire, ce qu’apporte la guerre : le moyen (la nourriture donnée aux soldats) et le résultat (des morts). Il n’est pas inutile d’y insister, quitte à risquer la paraphrase, car on a vraiment le sentiment d’un échange que propose la société. Au soldat qui abandonne ses camarades et le bon temps passé avec eux au cinéma, à celui qui quitte les « filles charitables », c’est-à-dire qui acceptent de se « montrer gentilles », comme on disait, elle donne en revanche, et sans compter, des morts. La loi est charitable, elle aussi : elle ajoute une boisson réconfortante. Pour le même prix.
11:33 Publié dans Jalons | Lien permanent | Commentaires (29)
Commentaires
Anecdote récente quoique très éloignée du sujet, dimanche 1er février sur France 2 lors de l'émission de Guillaume Durand "l'objet du scandale" sur la Légion d'honneur. Un invité signale que Léo Ferré a refusé la médaille qu'il qualifiait d'"objet de la honte". Sur le plateau, Didier Barbelivien, qui vient d'être nommé Chevalier de la LH par le Président de la République, intervient en tant qu'ami intime de Léo Ferré et explique que son refus était lié à un problème avec François Mitterrand. Toujours selon D. Barbelivien, Léo Ferré aurait accepté la décoration si elle avait été proposée par quelqu'un d'autre, car il y aurait eu une histoire très personnelle entre les deux hommes du temps où ils étaient tous les deux à l'Ecole Normale quand ils étaient âgés de 19 ou 20 ans" (sic). Léo Ferré et François Mitterrand normaliens c'est nouveau et qui plus est brouillés c'est un scoop... peut-être à cause de Catherine Langeais ?
Écrit par : J. Miquel | mardi, 03 février 2009
J'avais entendu parler de ça, oui. Qu'attendre de Barbelivien qui est un imbécile ? Il fait partie des gens qui racontent rigoureusement n'importe quoi. Encore un de ceux qui ont soi-disant bien connu Léo Ferré et "révèlent" des choses aussi importantes -- et complètement fausses -- que celle-là.
On parle d'autre chose ?
Écrit par : Jacques Layani | mardi, 03 février 2009
On parle d'autre chose, d'accord mais il convenait d'apporter les précisions que vous avez données.
Écrit par : LMV | mercredi, 04 février 2009
D'accord, passons à autre chose mais il convenait d'apporter les précisions que vous avez données.
Écrit par : LMV | mercredi, 04 février 2009
J'ai remarqué que l'on parlait assez peu de "Miss gueguerre" qui est aussi une chanson antimiltariste, mais un peu desservie
par son côté "chansonnier"...que n'ont pas "Pacific Blues" ou
"Regardez-les"...On peut aussi ranger "Mon général" dans les chansons antimilitariste..
Par contre , n'oublions pas le poème "Paris"..( L'Europe s'ennuyait..), qui est le contraire d'une chanson antimilitariste,dont une partie a été enregistrée dès 48 à la radio, et qui évoque les attentats contre les nazis et la résistance
armée....Léo Ferré antimilitariste certes ,mais qui trouve certaines formes de violence justes et légitimes.
Écrit par : Francis Delval | mercredi, 04 février 2009
Dans Paris (L'Europe s'ennuyait), bien sûr, c'est autre chose. C'est la Résistance : "Des héros passaient en veston / L'esprit français faisait la guerre ", ou bien "La capitale de la France / Réinventait la liberté", ou encore "Ceux qui changeaient à République / Avaient les sangs tout retournés / Y a des mots qui font d'la musique / Et qui dérangent l'alphabet". Etc.
Le propos n'était pas de faire une liste des chansons antimilitaristes, uniquement d'évoquer un texte rarement cité et qui me paraît intéressant. C'est vrai que la note le paraphrase un peu.
Luis-Miguel, je ne comprends pas bien, excusez-moi, ce que vous voulez dire. Parlez-vous à Jacques Miquel ou à moi-même ?
Écrit par : Jacques Layani | mercredi, 04 février 2009
Je vous parle à tous les deux. J'ai vu cette émission et ressenti un certain écoeurement lors de la réponse de Didier Barbelivien. Le rectificatif de Jacques Miquel et votre commentaire Jacques, s'imposaient.
Écrit par : lmv | jeudi, 05 février 2009
Cette histoire de légion d'honneur me semble assez loufoque, bien que le terme ne soit pas adéquat.Qui connaît un peu Ferré
sait bien qu'il n'aurait jamais accepté..Par contre , j'ai le vague souvenir d'avoir lu -mais où?- que Jack Lang lui aurait proposé de devenir " commandeur des arts et lettres" , en échange d'un soutien à Mitterrand.Ferré a évidemment refusé.Jacques doit se souvenir mieux que moi de cet épisode..lui qui sait presque tout sur Ferré...
En soi , cela n'a pas grande importance, mais on voit comment une info ou un ragot peuvent être déformés avec le temps..
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 05 février 2009
Ah, très bien, je n'avais pas bien compris, excusez-moi.
Cela dit, vous savez, il y a certainement bien plus de gens qui ont vu l'émission que de personnes ayant lu ce blog...
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Mon commentaire précédent répondait à LMV et s'est croisé avec celui de Francis.
Francis :
Léo Ferré s'est vu proposer le Grand prix de la chanson française par Maurice Fleuret, alors directeur de la musique et de la danse au ministère de la Culture. Il l'a envoyé promener.
Il s'est vu proposer par Lang les Arts et lettres, avec promotion directe à un grade élevé. Refus poli : "J'ai toujours été seul, je reste seul", en substance.
Il s'est vu proposer un orchestre par Roger Hanin, beau-frère de Mitterrand, en échange de sa signature pour le comité de soutien. Je ne sais plus si c'était en 1981 ou en 1988 (peut-être les deux ?) Refus immédiat.
Personne ne lui a jamais proposé la Légion d'honneur. L'expression "ce ruban malheureux et rouge comme la honte dont vous ne vous êtes jamais décidés à empourprer votre visage" est, chacun le sait sauf Barbelivien, contenue dans Il n'y a plus rien. Elle n'est liée à aucun fait précis et traduit uniquement le dégoût que lui inspirait le principe des décorations et des honneurs.
On a beaucoup reproché de choses à Léo Ferré mais personne ne lui a jamais opposé une compromission de ce genre : honneurs, appartenance à un parti, à un mouvement, inféodation... C'était impossible : il n'a jamais cédé sur ce point.
Pour finir, Mitterrand et Ferré étaient condisciples non à Normale, mais à Sciences Po (plus précisément à l'Ecole libre des sciences politiques, appellation d'alors), ce qui est différent pour tout le monde sauf pour Barbelivien. Ils ne se sont d'ailleurs jamais rencontrés, d'autant moins que Léo Ferré n'était pas très assidu.
On parle d'autre chose ?
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
J'ai bien peur, M. le professeur que nous n'ayions pas de commentaire sérieux à la clef.
Mais pour revenir à La décoration, n'y a-t-il pas, comme pour la Cacadémie une demande à formuler ?
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 05 février 2009
Oui, il faut (enfin, je crois) que l'intéressé fasse une demande, ce qui est quand même du plus haut comique. Mais je crois aussi qu'il est d'usage que des amis la fassent pour lui. Je n'en sais pas davantage.
Pour les décorations d'ordre professionnel, il n'en va pas de même. Je crois que les palmes académiques n'ont pas à être sollicitées par l'intéressé. C'est l'établissement où il se trouve qui les demande pour lui, lorsqu'il remplit les conditions d'âge et d'ancienneté. Mais la proposition n'est pas automatique. Les conditions en question sont nécessaires mais pas suffisantes.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Merci. Cela rend la sortie de Barbelivien encore plus stupide.
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 05 février 2009
L'orchestre , c'était à l'Opéra -Bastille ...On lui avait proposé de le diriger pour le bicentenaire de la Révolution...Ferré a refusé , ne voulant rien devoir à l'état..( selon Belleret).
Pour revenir au poème objet de la note, on y trouve effectivement des inventions verbales, comme la transformation d'un substantif en verbe ,( complicer).
Ces inventions , ces néologismes , sont très nombreux chez Léo Ferré,et il y aurait matière à établir un lexique de ces néologismes, détournements de sens,ou de fonction grammaticale, de ce qui fait que la marque Ferré est tout à
fait identifiable.Un simple relevé exhaustif serait déjà un travail d'une grande ampleur....presque de quoi faire une publication.
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 05 février 2009
Le bicentenaire, c'est possible. Mais il y a eu avant le soutien (1981 ou 1988 ?) à la candidature de Mitterrand. Je confirme.
Les logiciels de traitement de texte ne sont pas conçus par Léo Ferré. Chaque fois que je tape un de ses néologismes, Word le souligne en rouge.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Les palmes académiques, les recteurs ou les inspecteurs du
primaire en ont un contingent à distribuer chaque année...On sollicite donc les enseignants méritants , c'est à dire bien-pensants...On ne me les a jamais proposées...pas dans la
ligne....je n'aurais jamais accepté....Jacques, je crains que vous aussi vous ne les ayez jamais...
On s'en fiche comme de l'an quarante...
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 05 février 2009
Naturellement. J'utilisais simplement l'exemple qui m'est le plus familier.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Dans le privé, ces consolations ne sont pas proposées. On récompense le travail -- pas partout, mais où j'étais -- par un cadeau d'entreprise après vingt ans de bons et loyaux services : une montre. Je n'ai pas pu y voir autre chose que de la dérision. Après autant de journées à pointer, si on n'est pas déjà à l'heure, on n'y sera jamais.
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 05 février 2009
Si, ça existe dans le privé. Pas dans le tertiaire, peut-être, mais tous les diplômes de meilleur ouvrier de France, de compagnon de machin ou de chose, les différents labels d'excellence, tout ça, c'est l'équivalent.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Ah oui, chez les gens qui ont un vrai métier :-)
Écrit par : Martine Layani | jeudi, 05 février 2009
Mouais... Pas les gratte-papier dans notre genre.
Il faudrait aujourd'hui parler plutôt de grifouille-clavier.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Encore un petit mot à propos du vocabulaire de Ferré:Savez-vous d'où vient le verbe "sdrailler", qui vient d'être souligné en rouge, et qu'on trouve dans le poème "Amria"?...La note d'Horville dans "la mauvaise graine " donne
comme synonyme "se promener", mais sans en indiquer la provenance.Ce ne doit pas être une "forgerie" de Ferré, peut-être un verbe d'un argot particulier, je ne l'ai jamais rencontré ailleurs....
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 05 février 2009
Non, c'est là que je l'ai vu, uniquement.
Argot ou expression locale ? Ne jamais perdre de vue les origines provençales (au sens large), italiennes et monégasques de l'auteur. Mais ce mot ne me dit rien.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
"Savez-vous d'où vient le verbe "sdrailler", qui vient d'être souligné en rouge, et qu'on trouve dans le poème "Amria"?": http://fr.wikipedia.org/wiki/Draille
"Au passage, on savoure le néologisme « complicent », troisième personne du pluriel du verbe complicer, conjugué à l’indicatif présent. C’est aussi remarquable que « Vers l’horizon qui pain d’épice », du verbe pain d’épicer, naturellement.": je ne sais pas dans quel sens vous utilisez le terme de "remarquable" mais, moi, je trouve ces néologismes, qui sont très nombreux, sous cette forme, dans PVP, moyennement heureux. Surtout s'ils ne sont pas vraiment motivés, je ne vois pas trop ce que ça apporte. Ce serait la subversion du langage?
"Comme on coupe les plombs de l’électricité/ De peur que dans la nuit vos Soleils n’y complicent"... bof, quoi.
Ça fait facilité ou même poésie d'amateur, qui croit qu'il va révolutionner le langage... Et je mettrais bien ce genre de choses au compte de ce qui a pu déplaire à Breton. Il me semble que les néologismes ultérieurs sont plus intéressants.
Mais on pourrait sans doute justifier ces formes selon une interprétation plus générale...
Écrit par : gluglups | jeudi, 05 février 2009
Merci pour le lien concernant draille. Je ne m'étais guère trompé sur les origines régionales du mot.
Remarquable, dans le sens premier : ça se remarque, un néologisme, forcément, surtout à la rime.
Mais contrairement à vous, j'aime bien. Pourquoi ? Il n'est évidemment pas question, ici, de subversion du langage. Plutôt -- et d'une façon très simple -- d'un des multiples registres de langue de l'auteur Ferré, le registre familier.
Je pense ici à ces mots familiaux, à ces tournures familières et familiales. Dans toutes les familles, on s'amuse à employer des mots que ne comprennent pas les gens "de l'extérieur". C'est entre soi. Entre les parents et les enfants, par exemple. Je crois que ça existe partout. Ces mots, ces tournures, on ne les écrit pas, habituellement ; ça ne sort pas de la maison. Léo Ferré le fait. Il ajoute à tous ses niveaux de langue celui du familier, de l'intime, du... complice.
Bien entendu, on peut ne pas apprécier.
Écrit par : Jacques Layani | jeudi, 05 février 2009
Le texte sur lequel Jacques a fait la note date des années 70, en gros.. faire de complice un verbe n'est pas une subversion
du langage , certes,mais c'est une forgerie qui est une belle trouvaille.
Quant au verbe " pain d'épicer",qu'on trouve déjà dans "les chants de la fureur",c'est moins heureux..
A dix-neuf heures GMT
Vers l'horizon qui pain d'épice
Mettre un sigle à la rime, j'aime bien...Il faut oser.point.
Le verbe "pain d'épicer"est limite..amusant
Même dans "la mémoire et la mer", il y a ici où là quelques faiblesses.
Écrit par : Francis Delval | jeudi, 05 février 2009
FD "faire de complice un verbe n'est pas une subversion
du langage , certes,mais c'est une forgerie qui est une belle trouvaille.
Quant au verbe " pain d'épicer",qu'on trouve déjà dans "les chants de la fureur",c'est moins heureux.."
Bizarre, j'aurais dit l'inverse, en raison du caractère concret du "verbe", de la métaphore obtenue dans le 2e cas...
"faire de complice un verbe n'est pas une subversion
du langage , certes, mais une forgerie qui est une belle trouvaille": honnêtement ça ne va quand même pas très loin et ce n'est pas trop dur à "trouver".
JL "Dans toutes les familles, on s'amuse à employer des mots que ne comprennent pas les gens "de l'extérieur". C'est entre soi.": il doit y avoir quelque chose comme cela effectivement. Je ne sais pas si vous auriez fait preuve de la même indulgence pour des trucs similaires chez Brel (je ne veux pas relancer le débat). Mais je mettrais cela quand même au compte d'une esthétique.
Écrit par : gluglups | jeudi, 05 février 2009
Brel le fait aussi : "Ils (...) s'écrevissent" (Les Timides), du verbe s'écrevisser. En d'autres endroits également, qui ne me reviennent pas en mémoire pour le moment.
Écrit par : Jacques Layani | vendredi, 06 février 2009
Créer des mots, forger des néologismes, est un enrichissement du langage;pas forcément une subversion de la langue.Il faut en finir avec le programme de la revue "Change":
" Changer la langue pour changer le monde"...Ils n'ont rien changé du tout , les Faye , jean Paris, ou mitsou Ronat.
Si subversion de langue il y a , il faut la chercher du côté des
grands poètes américains : T.S Eliot, mais surtout Cummings, Stevens, William Carlos Williams,Carver, Kerouac...et ne pas oublier Ezra Pound, malgré son idéologie détestable.
Leur mode d'écriture transforme profondément le sens
du dire poétique. On pourrait à la limite parler de "novlangue"...creuser dans la langue une langue étrangère que personne ne parle ....
Chez Ferré, qui utilise tout le dictionnaire et invente des mots quand il en a besoin , on ne peut parler de subversion.
Il enrichit la langue, il ne la déstructure pas, il n'écrit pas de poèmes "illisibles" qui doivent être décodés comme une langue
venue d'une autre planète...
Écrit par : Francis Delval | dimanche, 08 février 2009
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